Traversée du tassili du Hoggar d'ouest en est

 Accueil à l'aéroport de Tamanrasset et transfert.

Petit-déjeuner chez notre correspondant. Départ en véhicule 4x4, nous entrons aux portes des tassilis du Hoggar par l'ancien fleuve préhistorique le Tin Tarabine, pour arriver et installer notre bivouac dans un décor tout aussi étrange qu’Youf Haharlale. Premier bivouac à l'ombre lunaire des tours de grès.

Marche d'exploration dans Youf Haharlale. Une exploration extraordinaire, à pied, dans ce décor de dunes, de pitons rocheux, messages néolithiques et d'écriture Tifinagh. Nous progressons à travers d'étranges cités minérales. Ciselé de gorges et d'arches sublimes, isolé du reste de la planète, le massif tassilien a été tailladé par l'érosion qui, au fil des millénaires, a composé un des plus beaux paysages qu'il soit possible d'admirer au Sahara : des aiguilles vertigineuses s'organisent en cathédrales, des arches monumentales se plantent au milieu des vallées, des canyons aux parois atteignant parfois plus de cinquante mètres de haut se creusent dans la roche ocre et sableuse.

Dans ce chaos, les dunes, qui s'élancent à l'assaut d'extraordinaires forteresses, permettent d'accéder facilement aux plateaux sur lesquels nous trouvons des traces d'une occupation humaine préhistorique. Les grandes falaises regorgent de fresques vieilles de quatre à huit mille ans pour lesquelles les peintres ont employé des nodules d'ocre comme pigments. Dans certaines cavernes, au fil des périodes d'assèchement et de peuplement, on voit les portraits de bovidés domestiques succéder à ceux des bêtes sauvages (éléphants, girafes, rhinocéros) et précéder l'arrivée des chevaux et chameaux montés.

Par de nombreux défilés secrets, nous atteignons de grandes vallées cernées de sable où les arbres nous rappellent, qu'il n'y a pas longtemps encore, les animaux traversaient ici. Avec un peu de chance, nous pouvons apercevoir des damans (marmottes), des moula-moula (traquets noirs à tête blanche), des chacals. D'arches en campements, nous arrivons pour découvrir, lancé au milieu des sables, ce milieu tassilien qui est souvent entaillé d'une large gorge autour de laquelle de nombreuses peintures habillent les abris sous roches. Parfois, juste devant nous, un troupeau de vaches détale, comme si ces peintures s’étaient matérialisées.

Le vent, tantôt continu, silencieux, insidieux, ou presque discret, déplace les dunes grain par grain. Les dunes naissent d’un empilement de sable apporté par le vent contre un obstacle. Les grains de sable, de plus en plus lourds, roulent les uns sur les autres en poussant du bas vers le haut. Nous apprenons vite le sable. Il est là, comme l’air ambiant. Au cas où nous l’aurions oublié, nous le retrouvons encore, crissant sous les dents ou picotant les yeux. La nuit au bivouac, à l’intérieur d’une obscurité sans fin, notre esprit parcourt l’univers en un rien de temps, sans effort.

Nous explorons à pied les labyrinthes, canyons et cités minérales d'El Ghessour. Au bout d'un canyon, nous nous trouvons devant une guelta. Paysage unique, grandiose, à la limite du sacré. À certains moments, nous pouvons voir des chameaux qui viennent pour s’abreuver. Quand ils blatèrent, un bruit sourd, qui semble sortir des entrailles de la terre, résonne dans cet amphithéâtre naturel. Puis nous découvrons une succession de gueltas, quelques arbres, une végétation abondante, un petit cours d'eau. 

Nous évoluons dans un univers dunaire. La dune, aux multiples détours, se laisse pétrir, édifier, se défaire et dans un pas d’adhésion totale, se refaire plus loin. À chaque instant, la dune se déroule et se succède à elle-même sans relâche et sans ressemblance aucune. De tous les refuges sahariens, l’erg est celui qui a gardé longtemps son mystère. La richesse d’un tel spectacle nous fait croire à une mise en scène.  

Au-delà d'immenses plaines tassiliennes, les formes fantastiques de Tagrera nous apparaissent. Le soir, la lune illumine et nous invite à danser. 

Les dunes surgissent d'un coup. Les pics de grès, plantés dans le sable comme des cerbères, imposent leur volume sculptural. C’est un mirage de sable et de roches qui se cherchent et se repoussent. La découverte tassilienne est fascinante dans ces étranges cités. Un univers unique et étonnant, une image traditionnelle où le sable se mêle à la montagne.

Excitation de voir apparaître les mille et une couleurs de l’aube. Chaque minute a sa couleur, qui pour jamais disparaît. Ici, le silence est une langue, d’abord presque inintelligible à l’humain. Puis, petit à petit, on en saisit le rythme, la voix, la syntaxe, l’odeur, qui n’appartiennent à aucune langue humaine, mais qui nous relient directement, sans que l’on sache exactement à quoi. 

Dans la matinée, nous remontons, plein nord. Nos 4x4 atteignent les contreforts du Hoggar. Par la plaine de Ti Fougène, nous atteignons Tamanrasset en fin de journée. Douche bien méritée. Repas chez l'habitant. 

Journée consacrée à découvrir Tamanrasset. Cette capitale du Hoggar est située à 1 470 mètres d'altitude. Ville animée, colorée. Lorsque Charles de Foucauld arriva et y construisit sa maison, en 1905, Tamanrasset était un petit village d'une vingtaine de zeribas (huttes en roseaux). À cette époque-là, Abalessa (à l' ouest de Tam) était le plus grand centre de la région et comptait jusqu’à onze foggoras (drains souterrains). Depuis 1920, Tamanrasset n'a cessé de s'agrandir pour devenir une grande métropole. En 1972, fut organisée la première foire commerciale et culturelle de tous les pays du Sahel (Assihar). Dernière ville avant l'Afrique noire, « Tam » est une cité où le progrès économique cohabite désormais avec les usages traditionnels. Nous aurons la journée pour faire le tour des marchés et rendre visite aux artisans et forgerons qui nous proposeront de bonnes affaires ! Puis, selon l'horaire de l'avion, envol en fin de soirée. Transfert à l'aéroport.