Le Tibet indien : Du Spiti au Ladakh par la route

Départ d'Europe en direction de l'Inde, en général en vol de nuit.

Arrivée tôt le matin après une nuit dans l’avion. Nous sommes accueillis par notre guide local dès notre arrivée à Delhi. Journée libre à Delhi pour découvrir la capitale indienne toujours très animée. 

Transfert pour la gare où nous prenons le train direction Chandigarh, capitale de l’État du Penjab et de l’Haryana. Suite à la partition de l’Inde en 1947, Lahore, alors capitale du district, s’est retrouvée au Pakistan. Le premier ministre indien de l’époque, Jawaharlal Nehru, confie la planification de Chandigarh, pour remplacer Lahore, à l’architecte français Le Corbusier avec la mission de créer « une cité symbolisant la liberté ». L’architecture de la ville est un mélange de bâtiments en béton armé et de jardins, d’après un plan divisé en « secteurs ». Elle a été totalement conçue sur plans avant de sortir de terre. C’est ensuite par la route que nous partons pour Shimla. Accrochée sur les flancs des collines boisées, Shimla (ou anciennement Simla) est la ville principale de l’Himachal Pradesh, sur les premiers contreforts de l’Himalaya. Pour échapper à l’atmosphère étouffante des plaines, les élites britanniques venaient ici profiter de l’air plus frais que l’on trouve à 2 200 mètres d’altitude. Nous effectuons un petit tour de ville où se mêlent quelques bâtiments de style Tudor à une ville un peu plus moderne.

C’est à travers les collines couvertes de chênes, de rhododendrons et de pins que nous partons en direction de Narkanda avant de redescendre un peu vers Sarahan. Le cadre montagnard alentour est superbe, avec une première vue sur les sommets enneigés, dont le Mahadev Peak culminant à 5 155 mètres. Nous allons visiter le beau temple Bimah Kali, abritant un rare mélange de bouddhisme et d’hindouisme et à l’architecture extérieure qui ferait penser à un petit château fort.

Toujours en direction des hauts sommets, nous continuons notre route pour la belle vallée de Sangla. Nous entrons dans le district de Kinnaur, les collines boisées ont fait place aux cimes enneigées. Sangla est un village accroché aux flancs montagneux avec, en arrière-plan, le pic Kinnaur Kailash qui culmine à 6 600 mètres. Au-dessus du village, nous allons visiter le temple de Kamru, une splendide tour en bois particulièrement ouvragée. Nous allons ensuite nous installer dans un camp fixe.

Nous prenons la route pour le col Chitkul à 3 436 mètres, avec un décor de plus en plus himalayen autour de nous. Les arrêts sont nombreux pour profiter pleinement du paysage, pour revoir Sangla au pied des pics de plus de 6 000 mètres. Du col, part une route en direction du Garwhal. Nous poursuivons vers Kalpa via Repcong Peo et Powari. Le village se situe à 2 670 mètres et nous allons visiter le vieux monastère bouddhiste.

En longeant la rivière Sutlej, qui prend sa source non loin du mont Kailash sur le plateau tibétain, nous continuons notre route en laissant les sommets de la vallée de Pin à l’ouest. La route serpente et après le village de Yangthang, le paysage devient nettement plus aride. Nous arrivons à Tabo qui abrite l’un des plus vieux monastères du Spiti, datant de 996 ! Abrité par des murs en briques ocre, l’ensemble compte 9 temples et 23 chörtens. La faible pluviométrie de la région a certainement aidé à la conservation des édifices, mais les pluies de mousson, qui atteignent parfois la région de nos jours, pourraient changer la donne. Il était autrefois en lien direct avec le royaume de Guge, aujourd’hui situé au Tibet, dont le roi Yeshe-O aurait ordonné la construction. Mais c’est Rinchen Zangpo, un traducteur tibétain, qui suivit les travaux de ce monastère aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. À l’origine appartenant à l’école Kadampa, c’est de nos jours un monastère Gelugpa de la célèbre école des « bonnets jaunes », celle de l’actuel dalaï-lama, qui possède une superbe collection de thangkas (peintures sacrées sur tissu), mais aussi des fresques, des statues, des manuscrits…

Une étape plutôt courte aujourd’hui avec environ deux heures de route seulement pour rallier Tabo à Kaza. Mais en route, nous visitons le superbe monastère de Dhankar, situé sur un éperon rocheux, au pied de grandes falaises et dominant la vallée de Pin et celle du Spiti. D’ailleurs, Dhankar signifie littéralement « le lieu en hauteur ». Le vieux monastère ne tient à la paroi que par la foi des moines semble-t-il, même si des travaux de restauration sont en cours. Traditionnellement, les monastères sont presque toujours adossés à une montagne, ouverts face à une vallée ou une rivière et, quand ils sont proches d’un village, ils sont situés au-dessus, quitte à se retrouver « incrustés » dans la falaise comme ici à Dhankar. Arrivés à Kaza, nous visitons à nouveau le monastère, du X^e siècle. Il est apparenté à celui de Thöling au Tibet. Les peintures murales font penser à celles d’Ajanta.

Ce matin, nous allons visiter le monastère de Kye, qui appartient à l’école Gelukpa du bouddhisme tibétain, et compte 40 moines. Ce monastère en forme de pyramide est perché sur un promontoire rocheux qui domine la vallée de la rivière Spiti. Son bâtiment principal, le Dhunkhang, abrite de belles peintures murales, statues, et thangkas, qui décrivent la vie de Padmasambhava, le grand maître indien à l’origine de « l’école des anciens », les Nygmapas, dans la lignée des « bonnets rouges ». Puis nous allons voir le plus haut village du Spiti : Kiber, implanté au milieu des champs d’orge. Si nous en avons l’occasion, nous prendrons le temps d’échanger avec les habitants ou peut-être même d’aller boire un thé dans l’une des habitations.

Nous poursuivons via le col Kunzum à 4 551 mètres. Les paysages de montagnes sont grandioses, tout est démesuré ici. Cette route tracée à des fins militaires n’a été ouverte au public que récemment. Même si la végétation est réduite à quelques herbacées, une importante faune sauvage se cache dans les replis du terrain. Mais la concurrence est grande avec les troupeaux de yacks, de moutons et de chèvres conduits par des nomades. Nous laissons sur notre gauche la route qui part vers Manali et la vallée de Kulu et arrivons dans le district du Lahaul, dont Keylong est la ville principale. Retour au milieu de la végétation verdoyante.

Nous partons à l’assaut du second grand col, le Baracha La, qui culmine à 4 850 mètres. Bien souvent, l’ouverture du col se fait alors que la neige est encore présente et c’est au milieu des congères que nous nous hissons vers le sommet. La route monte en lacets à travers les pâturages et, une fois au col, nous débouchons sur un grand plateau avec quelques sommets alentour qui atteignent 5 500 mètres. Nous retournons dans le monde minéral et continuons en direction du Ladakh. Sarchu ressemble à un campement avec de grandes tentes et des bungalows. Ce n’est pas vraiment un village, mais une étape « classique » pour les voyageurs qui parcourent l’Himalaya indien en véhicule.

Retour dans le monde désertique des hauts plateaux. La végétation est rase. Nous arrivons vers le lac Tso Kar, aux eaux légèrement salées, situé sur le plateau du Rupshu, d’une superficie de 22 kilomètres carrés. Autrefois les Tibétains des hauts plateaux récoltaient le sel et venaient l’échanger contre des céréales. Les caravanes de yacks chargés de « l’or blanc » et de laine (dont le célèbre pashmina) traversaient ces immenses plateaux pour rejoindre les plaines plus fertiles et commercer. Sur l’une des rives, on trouve un petit marécage qui fait le bonheur des oiseaux. Ici, les différents lieux sont soumis à quelques formalités. Rien de bien contraignant, mais les autorités indiennes veulent toujours connaitre les flux de visiteurs dans les zones frontalières : le Tibet (et donc la Chine) est à quelques kilomètres. Nous poursuivons vers le splendide lac Tso Moriri surplombé par une belle rangée de sommets à plus de 6 000 mètres. Nous sommes désormais sur le plateau du Changthang où il n’est pas rare de croiser des kyangs, les ânes sauvages. L’antilope et le loup, présents eux aussi, sont un peu plus difficiles à voir. Nous profitons du superbe coucher de soleil depuis notre camp.

Le lac Tsomoriri, d’un bleu profond est situé à 4 500 mètres d’altitude, dans un milieu aride. Les sommets enneigés alentour, tels que le Mentok, le Chamser et le Lungser Kangri dépassent les 6 000 mètres. Ce lac, de 26 kilomètres de long et 5 kilomètres de large, est un véritable sanctuaire pour la faune des hauts plateaux : marmottes, kyangs, loups, antilopes ainsi que les moutons bleus. Korzok est le seul village au bord du lac, où vivent quelques éleveurs de yacks et de chèvres et de moutons. Nous prenons la route en direction de l'ouest, et visitons Hémis, le plus grand monastère du Ladakh, construit il y a 350 ans par le grand lama Staktsang Raspa. Ce monastère, qui appartient à l'ordre Drukpa du bouddhisme tibétain, est connu pour sa collection de thangkas (peintures bouddhistes tibétaines sur toiles), ses objets rituels, ses peintures murales et ses belles statues. En nous approchant de Leh, nous découvrons Thiksey, monastère bien situé sur une colline rocheuse, qui fut construit par l’un des disciples de Tsongkhapa, le fondateur de l'ordre Gelukpa, appelé aussi les « bonnets jaunes » du bouddhisme tibétain. Ce gompa accueille une importante collection d'ouvrages tibétains et d'œuvres d'art, ainsi qu'une grande statue récente de Maitreya, le Bouddha du futur. Enfin, nous allons découvrir le village de Shey,  et son palais construit au IX^e siècle qui fut la résidence de Lachen Palgyigon (le tout premier roi du Ladakh). Shey a été capitale du Ladakh jusqu'au XV^e siècle. Les vestiges du vieux château sont toujours le témoignage de la fondation du royaume du Ladakh. Il abrite depuis 1633 une statue de Bouddha, haute de trois étages. Nous arrivons ensuite à Leh.

Journée libre à Leh qui nous permet de visiter les quartiers animés, les petits marchés, le palais royal. L’ambiance dans la ville haute est extrêmement agréable, après toutes ces journées de route, une petite pause sera bienvenue. Cette journée peut servir de « jour tampon » en cas de problème sur la route.

Nous partons le long de l’Indus avec un arrêt à Basgo, ancienne forteresse ladakhi, qui fut l’une des capitales du Ladakh entre le XIV^e et le XV^e siècles. Si l’ensemble n’est pas restauré et paraît plutôt en ruine, il s’en dégage tout de même une certaine puissance. Dans le passé, la forteresse tint tête à la grande armée tibéto-mongole. Nous continuons toujours le long de l'Indus pendant plusieurs dizaines de kilomètres jusqu’au monastère d’Alchi réputé pour ses peintures du XI^e siècle de grande beauté. Parmi les cinq temples qui constituent l’ensemble monastique, chacun offre une splendeur particulière avec des peintures kashmiri-tibétaines ; une perle esthétique fragilisée par le temps qui passe... Nous entamons une longue montée spectaculaire vers le monastère de Lamayuru, perché sur un rocher qui surplombe une vallée magique par ses différents reliefs. La partie ancienne du monastère fut construite au XI^e siècle. On peut toujours visiter quelques pièces de Singay Lhakhang qui témoignent de la richesse culturelle de cette époque.

Visite du superbe monastère Kagyu de Lamayuru, de la lignée Dikung de l’ordre des Kagyupa, situé sur un bel éperon rocheux. Le célèbre maître indien Naropa serait venu y méditer au X^e siècle. Nous passons le col Sir Sir à 4 832 mètres qui se trouve sur le parcours de la grande traversée du Zanskar et rejoignons le beau village de Photoksar, niché au bord d’un petit plateau cultivé. Nous passons ensuite un second col, le Singge La à 5 009 mètres qui permet de basculer vers le Zanskar et poursuivons vers Lingshed, célèbre pour son monastère Gelugpa, la lignée « des bonnets jaunes », à flanc de versant. Le nom de ce village évoquerait la présence d’un gibier abondant et cette réputation est sans doute à l’origine d’une occupation des lieux qui remonte à plus de mille ans.

Si nous avons le courage de nous lever tôt, nous pouvons assister à la puja du matin dans la salle de prières du monastère. C’est toujours un moment sympathique à partager avec les moines. Ensuite, nous déambulons tranquillement dans le village où nous découvrons la vie quotidienne des habitants d’un lieu isolé au milieu des montagnes. Nous repartons vers Photoksar que nous prenons le temps de visiter. Nous poursuivons vers Chilling où nous passons la nuit chez l'habitant, un moment fort de partage avec la population accueillante de ces montagnes.

Après un petit-déjeuner typique et avoir salué nos hôtes, nous visitons le village qui a été pendant longtemps le point de départ et d’arrivée des caravanes de la rivière gelée. Pour les Zanskaris, Chilling est le premier village après des jours de marche dans les gorges de la Zanskar. Visite du village, connu pour ses artisans qui travaillent le cuivre, l’argent et le bronze. Ces articles traditionnels, tels les pots à chang (bière tibétaine) ou à thé, sont ensuite vendus dans tout le Ladakh. Puis, nous prenons la route pour Leh en passant à Nimo, à la confluence du Zanskar et de l'Indus où les deux couleurs des fleuves se mélangent. 

Réveil matinal pour prendre le vol pour Delhi. Nous retrouvons la chaleur de la capitale indienne. Temps libre.

Nouvelle journée libre dans la capitale indienne où les points d'intérêts ne manquent pas. Les vols pour l'Europe décollent en général en soirée, transfert à l'aéroport en embarquement.

Après un vol de nuit nous arrivons en Europe.