Au pied du Kangchenjunga aux confins du Népal

Envol d’Europe pour Kathmandu. Généralement l’arrivée se fait dans la journée du Jour 2. Accueil par notre équipe locale et temps libre pour découvrir la ville. 

Vol d'une heure environ avec de superbes vues sur les massifs du Ganesh, du Langtang, du Jugal, du Rolwaling, du Khumbu (et l’Everest…), du Makalu et jusqu’au Kangchenjunga. Un véritable « mountain flight » ! Depuis l’aérodrome de Bhadrapur, nous poursuivons en jeep sur route puis pour nous rapprocher de la montagne. Etape à Ilam, la ville des collines, célèbre par ses plantations de thé. 

Nous poursuivons en véhicule en direction du massif du Kangchenjunga dont on peut apprécier la beauté depuis un col routier panoramique à mi-chemin. Puis, de creux en bosses, la route traverse Phidim et franchit la Kabeli khola pour remonter jusqu’à Taplejung. Encore quelques ahanements du moteur pour effacer les lacets serrés de la montée à Suketar où l’on se pose pour la nuit au pied de la piste de l’altiport qui n’est plus en service depuis 2016… 

Nous empruntons un itinéraire original qui passe par un sommet de 3 850 mètres sur lequel est édifié un temple à la gloire de Pathibhara, une déesse à qui on peut confier ses désirs. À voir le nombre de pèlerins qui emprunte le chemin qui y conduit, on peut penser que le taux de réussite ne doit pas être négligeable… L’approche depuis Suketar jusqu’au village de lodges situé à mi-pente s’effectue pour moitié sur la piste mais l’après-midi nous emprunterons le chemin tout en escaliers de pierres qui s’élève sur le fil de la crête. 

Dès le départ, et toujours sur des marches d’escaliers, nous montons en larges lacets en forêt de feuillus et de rhododendrons. Nous sommes entourés de dizaines de pèlerins, de tout âge, de toute condition, à la forme physique, dirons-nous, pas forcément optimale… On s’amuse beaucoup, on s’entraide tout au long du parcours. Bien que nous nous élevions dans une forêt de pins on dispose de pas mal de points de vue aux emplacements de repos. C’est vraiment très bien aménagé. Il n’est pas rare d’y croiser quelques spécimens de panda roux dont la conformation est proche d’un raton laveur marron clair et contrairement au blanc et noir assez vivace, d’où la difficulté de le croiser… À l’approche du sommet, les arbres disparaissent et l’on découvre un panorama sur la partie est de l’Himalaya englobant les montagnes du Kangchenjunga jusqu’au Cho Oyu, excusez du peu ! Au sommet, sur le carreau du temple, c’est une animation permanente colorée, les pèlerins s’étant parés de leurs plus beaux habits pour venir solliciter la déesse. Et ce fascinant paysage à 360°. Mais il faut bientôt quitter cet endroit pour descendre par un « sentier » de bergers rejoindre la vallée au fond de laquelle on devine la Tamor khola couler. Cet itinéraire a été découvert en 2017 lors d’un précédent voyage dans la région et propose une belle alternative au passage usuel des groupes par la vallée en démarrant de Taplejung. Nous louvoyons sur la crête, d’abord à découvert, puis en forêt de rhododendrons pour finir dans les bambous. Belle mise en route pour ce trek qui va traverser nombre de forêts tropicales… On pourrait aisément se croire sur l’Île de la Réunion. Après une première partie de descente tranquille, la pente devient plus rude et la trace un peu moins bien viabilisée. Et surtout, il n’y a pas d’eau ni d’emplacement plan pour établir le camp. Il faudra descendre jusqu’à une bergerie posée sur un petit plateau et proche d’une source pour que l’on puisse établir le camp.

Nous poursuivons la dégringolade entamée hier pour rejoindre le charmant village d’Oitangu immergé dans la végétation tropicale aux fleurs superbes sur un sentier heureusement beaucoup moins chaotique. Au-delà du village, le sentier zigzague en forêt humide en nous conduisant vers Tapletok où nous traversons la Tamor khola sur une passerelle métallique. Nous évoluons au milieu des plantations de cardamome avant de prendre un peu de hauteur et traverser quelques hameaux en suivant un sentier pavé. Lelep, notre village-étape n’est plus très loin alors que l’on laisse partir sur la droite l’itinéraire direct pour Ghunsa, un village que nous rejoindrons plus tard après être passé par un village isolé à quelques encablures de la frontière tibétaine, Olangchun Gola.

Petite journée de randonnée du fait qu’il n’y a de camp possible le lendemain alors que l’on sera immergé en forêt humide. Nous en profitons pour récupérer physiquement de la descente de Pathibhara et traversons une belle campagne népalaise avec ses cultures en terrasse. Le « village » d’Ila danda nous accueille pour la nuit, enfin « village » c’est vite dit…

Le « plat népalais » dans toute sa beauté ! Nous n’arrêtons pas de monter et descendre alors que le sentier se faufile la plupart du temps en forêt mais aussi dans les coupes de bambous. Pas grand-chose à voir lors de cette journée d’immersion dans le feuillus… Nous établissons le camp dans une grande kharka à l’aplomb de la passerelle métallique que nous emprunterons demain pour nous rendre à Olangchun Gola. En attendant, nous pouvons déguster à satiété quelques fruits glanés sur les pêchers sauvages présents en lisière de la forêt à proximité des cahutes en bambou.

Courte journée pour rejoindre le village peuplé de tibétains. Nous traversons deux fois la Tamor khola avant de s’élever dans la pinède qui a été balayée par de nombreux effondrements. Il y a quelques années le village a été coupé en deux par l’effondrement de la partie occidentale de la moraine sableuse sur lequel il était construit. Difficile de ne pas avoir remarqué que dans le coin il n’y a pas grand-chose qui tient... Après-midi de repos consacré à la visite du village et de la gompa accrochée à la montagne recélant une superbe salle de prières. Côté pratique : vous avez omis de prendre un vêtement chaud ? Ne vous en faites pas, les villageois sauront vous proposer des textiles chinois qu’ils ont échangé contre du bois. On n’est vraiment pas loin de la frontière tibétaine et les chinois ont même construit une piste ces dernières années. Commerce, commerce…

Ce matin, redescente sur le chemin d’hier pour emprunter juste avant la passerelle sur la Tamor khola le sentier de gauche qui permet de pénétrer dans la vallée de la Yangma khola. Nous suivons la rive droite jusqu’à 3 450 mètres où l’on passe rive gauche afin d’entrer dans la vallée de la Thasa khola. A la limite de la verdure et du minéral, nous nous arrêtons à la kharka de Langjong.

Nous avons 1 000 mètres de grimpette pour franchir le Nango La, première incursion au-delà des 4 500 mètres. Du col, nous retrouvons furtivement le sommet à la forme caractéristique du Jannu qui émerge d’un paysage de montagnes qui pour la plupart d’entre elles composent la crête frontière avec l’Inde. Descente jusqu’à une kharka un peu plus minérale que celle de la veille pour y établir le camp.

Poursuite de la descente le long de la Yangma Samba khola pour atteindre la confluence avec la Ghunsa khola en amont de Phale. Nous descendons en forêt pour aller visiter ce village de réfugiés tibétains et sa gompa (si le lama est disponible avec les clefs…). Après le lunch, on remonte la vallée vers le nord pour rejoindre Ghunsa, notre village étape de ce soir, sans omettre de faire le détour par la gompa du village à la forme originale, perchée qu’elle est dans la forêt en rive droite de la rivière. Nous pénétrons dans la « ville » du coin. C’est à partir d’ici que nous allons faire l’aller-retour vers le camp de base nord du Kangchenjunga en 4 jours. Les affaires non indispensables peuvent rester ici, cela allégera d’autant la charge des porteurs…

Journée d'acclimatation à Ghunsa

Fermez les yeux et reportez-vous à l’année 1962. C'est ici, après avoir franchi les mêmes cols, que Lionel Terray et les autres membres de l'expédition française, se sont rassemblés, après un interminable trek au départ de Darjeeling pour découvrir une voie d'ascension sur le trône du Jannu (7 710 m). Expédition d'une audace inouïe, elle marqua un tournant dans la conquête de l'Himalaya par les difficultés vaincues. Nuit près du village tibétain de Khambachen.

On marche plein nord, le long de la Tamur puis sur la moraine du glacier du Kangchenjunga. Avant d'arriver à Lhonak, un chemin part sur la gauche jusqu'au col interdit de Chabuk qui mène aux hauts plateaux tibétains. Panorama grandiose, toute la journée sur le Jannu, le Khabur, le Phole, le Nango Ma….

C'est une des plus belles journées de notre trek. Après la face sud, voici que se dévoile, dans toute son immensité, la face nord du Kangchenjunga. Il faut monter un peu au-dessus de Pangpema, camp de base du Kangchenjunga, pour avoir une vision panoramique. Glaciers et sommets peu connus surgissent de toute part. On est au bout du bout du Népal.  Derrière ces sommets, le Tibet et le Sikkim se déploient. Retour dans l’après-midi au camp de Lhonak.

Désormais, nous allons suivre la Ghunsa Khola jusqu'à ce qu'elle se jette dans la Tamur Kosi, grande rivière de l'Est népalais. 

Les deux jours qui viennent permettent de franchir la chaîne de montagnes du Selele en passant 3 ou 4 cols afin de rejoindre Tseram. Aujourd’hui il s’agit de remonter sur le fil d’une crête principalement en forêt pour rejoindre le camp de Mani Bhuk. Le sentier propose par la suite une traversée à découvert et à flanc jusqu’à franchir le Selele La duquel nous pourrons apprécier un superbe panorama en direction de l’ouest. 

Journée enchaînement de cols : trois sont au programme ! D’abord le Sinion La (4 650 m) et sa vue imprenable sur le Jannu, puis le Mirgin La (4 660 m) pour apprécier un large panorama sur la partie orientale de l’Himalaya népalais (du Chamlang au Makalu) et pour finir un col sans nom duquel on retrouve le Kangchenjunga vu sous un autre angle et où l’on découvre la crête frontière indo-népalaise composée des Kabru, Rathong et Kokthang. La descente s’initie par une traversée de gros blocs effondrés pour rejoindre un couple de lacs dans lesquels se mirent les montagnes. Il ne reste plus qu’à descendre (fortement) en zigzags serrés pour retrouver à mi - pente la forêt et rejoindre Tseram, un « village » de lodges posé sur une moraine sableuse à presque 4 000 mètres. 

Après la bambée de la veille, une journée « cool » nous attend. Nous descendons le long de la Sambuwa khola entre forêts et prairies. À Tortong, quelques lodges permettent à l’équipe cuisine de préparer le lunch. Après-midi libre.

Nous poursuivons le chemin sur l’autre rive de la rivière en « plat népalais » et en forêt primaire. Puis c’est la grimpette jusqu’au Lamite Bhanjyang sur un sentier sableux et pentu en bordure d’un vallon aride qui a connu il y a une trentaine d’années un éboulement que l’on imagine grandiose. Après avoir franchi une butte, nous redescendons sur le col géologique.  Une fois le col franchi, dans le sens de la longueur, nous remontons en forêt de rhododendrons. Le Jannu, seul à dépasser de la cime des arbres, nous régale de sa présence. Puis longue descente d’abord sur une crête assez dégagée puis sur un sentier confidentiel immergé dans la forêt primaire qui descend dans la vallée de l’Omje khola. 

Nous rejoignons directement Mamankhe par un sentier balcon qui traverse quelques hameaux aux maisons simples la plupart du temps construites en bambou et agrémentées de fleurs tropicales. C’est que l’on commence à descendre et que la chaleur, même à l’approche de la saison hivernale, est encore bien harassante. Après le lunch, nous traverserons le plateau agraire de Pauwa avant de finir la journée par une montée en zigzags dans la forêt afin de se poser au camp de Phomphe danda.

Belle journée de marche en « plat népalais » à travers forêts, hameaux et terrasses plantées de millet. Aucune difficulté technique. Au belvédère de Phun Pung, nous quittons la vallée de la Kabeli khola pour nous diriger plein ouest afin de rejoindre Sinchewa Bhanjyang, un gros village gurung avec le massif du Kangchenjunga à l’horizon.

C’est notre dernière journée de trek, et toujours à travers la campagne. Une piste dessert tous les villages mais nous emprunterons les sentiers inter-villages pour rejoindre Lali kharka avant de nous mesurer à la dernière grosse grimpette en forêt pour franchir le col de Deorali à 2 600 mètres. Puis ce sera la descente tranquille jusqu’à Suketar où nous dormirons en lodge.

À l’aube, nous ne tardons pas à partir car la route est longue jusqu’aux plaines du Teraï.

Transfert pour rallier l’aéroport de Bhadrapur et retrouver après 1 heure de vol, comme à l’aller, un véritable « mountain flight », la capitale Kathmandu aux alentours de midi. Après-midi et soirée libres.

Journée libre (peut servir de journée tampon si retard dans le jour par jour du trek).

Journée libre à Kathmandu et transfert dans l’après-midi ou en soirée pour l’aéroport international.