Trekking dans les massifs karstiques du Haut Tonkin

Accueil à l'aéroport de Hanoi, transfert et installation à l'hôtel, situé dans la vieille ville. Temps libre pour découvrir à pied des ruelles de la vieille ville, nommées d'après les corporations de métiers qui y étaient exercés.

Nous prenons notre petit-déjeuner tôt puis partons en véhicule, par l’ancienne RC3 bis, à destination de Cao Bang, province majoritairement peuplée de Tày et Nung. Arrêt à Thai Nguyen pour la visite de son musée d’ethnologie (fermé le lundi). Après la ville de Thai Nguyen, la route sort progressivement du delta, les rizières se raréfient, les zones collinaires remplacent bientôt la basse plaine. Jusqu’à Bac Kan, la route remonte les vallées.

L’axe Thai Nguyen à Bac Kan est, durant la guerre d’Indochine, la limite est de la première Zone libre du Vietminh. Elle est délimitée, au nord de Hanoi, par le triangle reliant la ville de Thai Nguyen à celle de Tuyen Quang et au lac de Ba Be. Elle fut la zone de replie principal, au lendemain de la seconde guerre mondiale, du gouvernement Vietminh de la RDVN. Malgré une grosse opération d’encerclement menée en 1947 par le corps expéditionnaires (Opération Léa : parachutages sur Cho Moi, Cho Chu et Bac Kan…) le gros des effectifs Vietminh, ainsi que leurs principaux leaders (Ho Chi Minh, le Général Giap), échappèrent à la tenaille. La guerre asymétrique de guérilla commençait… Les principaux postes militaires de la RC3 bis, intenables, furent évacués en octobre 1948, deux ans avant la débâcle de Cao Bang, garantissant, à partir de cette date et jusqu’en 1954, la Zone libre Vietminh.

Après Bac Kan l’itinéraire passe par trois cols et redescend dans la plaine de Cao Bang. A partir de ces grands cols, le long de la route, aperçu, selon les saisons, des cultures de tabac, rares en haute région, et les foyers planteurs : reconnaissables aux fours de séchage émergeant des jardins.

En milieu d’après-midi, nous arrivons à la ville de Cao Bang et nous installons à l’hôtel. Puis possibilité de visiter le marché central de Cao Bang et de l’enceinte extérieure de l’ancienne forteresse du Corps expéditionnaire ; aujourd’hui camp militaire réservé.

Ce matin, nous continuons en véhicule vers le nord-ouest de la province de Cao Bang, le secteur de Pac Bo et le nord-est du massif de Mo Xat. En milieu de matinée, après avoir pris des affaires de rechange et nos affaires de toilette pour les 2 jours qui viennent (nos gros sacs restent dans le véhicule), nous démarrons notre marche de quarante-cinq minutes depuis la vallée de Ban Tom. Nous suivons un chemin montant au village de Lung Lai 1, en profitant d’une vue panoramique sur la vallée de Soc Giang et les montagnes de la frontière chinoise. Lung Lai 1 est un hameau dao de huit maisons construites sur pilotis ou de plein pied, avec une petite école ; le tout culminant à 560 mètres. De Lung Lai 1, ascension pendant une heure et demie d’un petit sentier montueux traversant forêt et champs de maïs et menant au hameau de Lung Lai 2 : cinq maisons dao se situant sur les flancs nord-est du Mo Xat. Déjeuner. Après le repas, reprise de la marche de deux heures le long d’une petite sente, tantôt en terre ou rocailleuse, traversant des petites vallées, des cultures et un pan de jungle pour arriver à un col de 1 200 mètres d’altitude : vue panoramique sur le Thong Nong, puissant massif calcaire à l’ouest du Mo Xat. Depuis le col, 1 h 00 de marche sur le chemin de crête descendant légèrement vers le village dao de Lung Co, le long de somptueux paysages de forêts et de pitons calcaires. Rencontre de la communauté et installation chez l’habitant.

Ce matin, nous quittons Lung Co pour descendre vers le village de Na Hau, en suivant un chemin rocheux difficile serpentant entre des pitons : traversée de petites vallées garnies de champs de maïs, manioc, légumes… Après approximativement une heure de marche, arrivée à Na Hau, village dao d’environ vingt maisons éparpillées sur un flanc de montagne profitant d’une vue imprenable sur la vallée de Luong Thong, parsemée de rizières enchâssées de pitons calcaires. De Na Hau, poursuite sur un sentier ascendant vers Ban Xum, village hmông situé dans une vallée entourée de pitons calcaires, à 1 000 mètres d’altitude. De Ban Xum marche sur un chemin rocheux traversant plusieurs petites vallées, passant d’étroits cols boisés, et des hameaux hmông perdus dans la forêt. Déjeuner d’un pique-nique. Après le repas, continuation de la marche vers Lung Vai, hameau hmông d’une dizaine de maisons situées dans le cœur du massif, dans une vallée cernée par la forêt primaire. Installation chez l’habitant dans des petites maisons en bois construites de plein pied.

Ce matin, nous commençons par 1 heure de marche de Lung Vai vers Lung Kinh, un autre village hmông situé à flanc de montagne ; puis 2 heures de marche de Lung Kinh en suivant un petit sentier longeant le flanc ouest du massif de Mo Xat : vue panoramique sur le Thong Nong. Traversée de quelques hameaux hmông et de quelques passages techniques avec rochers. Arrivée à Pha Veng, grand village hmông situé au sud du massif et poursuite le long des flancs sud-ouest du Mo Xat vers la vallée de Ma Quynh et le bourg de Thong Nong. Déjeuner dans un restaurant local. Après le repas, traversée de ce bourg et remontée par une petite route de montagne longeant les contreforts sud-est du massif du Thong Nong. Nous profitons de la présence du véhicule pour prendre des affaires propres pour les 2 jours qui viennent. Nos gros sacs restent toujours dans le véhicule. En milieu d’après-midi, marche d’une heure et demie sur une piste qui descend vers le village de Nam Ngu, établi dans une superbe vallée, aux flancs striés de rizières en terrasses. Vue panoramique sur le chaotique massif de Mo Xat, littéralement « mines de fer », avec au loin les lignes de crêtes frontalières de la Chine. Arrivée à Nam Ngu, hameau nung de sept maisonnées se situant dans une vallée orientale du massif de Thong Nong. Installation dans une maison sur pilotis et temps libre pour interagir avec les habitants. En fin de journée, promenade dans la vallée longée par la rivière torrentueuse Na.

Ayant choisi l’option plus engagée, nous démarrons notre marche en montant successivement vers le village dao de Lung Puc, et le village hmông de Coc Phat, qui se situe dans la région du même nom, dominée par un sommet sur lequel les Français avaient installé un poste et une piste d’atterrissage de montagne ; pris en 1949 par le Vietminh grâce à un siège de la place forte (ayant assoiffé la garnison). La sente trace au milieu des pitons calcaires tachetés de jungle verdoyante et d’un patchwork de cultures (maïs, légumineuses, rizières). Déjeuner à Coc Phat, puis reprise de l’excursion à travers la jungle et quelques hameaux hmông avant d’arriver en fin de journée à Va Tai, village dao-rouge d’une vingtaine de maisons, entouré par une dizaine de pitons calcaires, couverts de forêt secondaire. Découverte des lieux, rencontre des habitants et installation dans la maison d’accueil.

Nous démarrons notre randonnée vers Man Coc en traversant des poches de forêts verdoyantes et plusieurs petites vallées peuplées par des Hmông et Dao. Vue panoramique sur les massifs escarpés environnants. Arrivée à Man Coc, puis une heure et demie de transfert véhicule vers Khuoi Khon. Au bout d’une vingtaine de kilomètres, bifurcation sur une piste en direction du village de Khuoi Khon. Cette piste de cinq kilomètres se fait normalement en véhicule, et occasionnellement en moto taxi et/ou à pied lorsque la route est impraticable pour cause de pluie.

Arrivée au village lolo-noir et installation chez l’habitant, dans une maison sur pilotis érigée sur les hauteurs, offrant une vue plongeante sur la vallée et ses rizières en terrasse. Rencontre avec les villageois et visite accompagnée des foyers. Nous prenons des affaires propres pour les 3 jours qui viennent.

Les Lo Lo appartiennent au groupe tibéto-birman des Yi et sont originaires de Chine du Sud. Brimés dans la Chine du XVIII^e siècle, quelques clans migrèrent vers le nord Vietnam où ils sont désormais 4 200. Une des plus petites minorités ethniques du pays, minorité dans la minorité, les Lo Lo sont divisés en deux sous-groupes, les Lo Lo-blanc, et les Lo Lo-noir. Ces derniers, au nombre d’environ 1 860, sont établis dans les massifs dominant le district de Bao Lac, dans le nord-ouest de la province de Cao Bang. Le village choisi est établi dans un fond de vallée, sous un petit massif et se compose de soixante-dix familles, soit environ trois cent personnes.

Ce matin, nous partons tôt en direction de Meo Vac. La route serpente alors pendant une trentaine de kilomètres en suivant le fleuve Gâm. Elle le quitte, après l’avoir traversé, pour remonter la vallée de son premier gros affluent, la rivière Nhiêm. Jusqu’au pont qui enjambe cette dernière, les populations tày, anciennement implantées, sont très majoritaires. Leurs grandes maisons sur pilotis aux tuiles traditionnelles sont installées dans des hameaux séculaires. A partir de la rive gauche de la rivière Nhiêm, le long de la route carrossable est parsemée d’habitation de plein pied, plus récentes mais rustiques, demeures des Hmông, dont la culture vivrière de base est le maïs. A partir de la commune de Niem Son, reconnaissable à ses vallées rizicoles et ses populations tày, la route s’élance sur vingt kilomètres d’ascension. Les villages hmông laissent place alors aux rizicultures en terrasses travaillées par les Dao-rouge, Nung, et Giay dont les femmes sont reconnaissables à leur pantalon indigo-noir et leur chemisier bleu ciel. Le passage du col de To Du, à proximité de l’un des plus hauts sommets du géoparc (1 900 m), marque l’entrée dans les paysages caractéristiques du « Haut Plateau Karstique de Dong Van ».

Situé à l’extrême nord du Vietnam, le haut plateau karstique de Dong Van, l’un des plus grandioses paysages montagneux du pays, est le premier site géologique vietnamien classé Geoparc par l’UNESCO (2010). Il s’étend sur les quatre districts du nord-est de la province, d’ouest en est : Quan Ba, Yen Minh, Dong Van et Meo Vac. Il se caractérise dans la région de Dong Van par une succession de pitons calcaires arides et dénudés. Il est peuplé très majoritairement de Hmông blanc : population montagnarde qui affronte de rudes conditions d’existences du fait du manque d’eau et de terres cultivables. Le maïs remplace souvent le riz comme base de l’alimentation. Ici, l’habitat est rarement groupé : il se disperse dans de minuscules vallées ou s’accroche aux pitons rocheux, en bordure d’à pic vertigineux.

Descente abrupte de six kilomètres sur le bourg de Meo Vac, niché dans un cirque en bout de vallée, au pied du massif. Arrivée pour le déjeuner à Meo Vac et installation dans une auberge locale.

Après le repas, au bout d’une route asphaltée, départ d’une randonnée à destination du splendide site géologique classé des gorges de la rivière Nho Que. Montée à mi-pente d’une large vallée jusqu’au col qui surplombe la rivière Nho Que. Après celui-ci, sur la droite, dans un petit vallon, découverte d’une bambouseraie fournissant le matériau de base des hottes végétales que les Hmông portent sur leur dos. Après avoir surplombé un premier village hmông, la piste chemine sur le haut de la vallée du Nho Que, vers l’amont, parallèlement aux crêtes de la frontière chinoise qui pointent à l’horizon, à deux vallées de distance. La rivière constitue la limite des paysages du plateau karstique. Panorama sur le versant opposé : un patchwork de cultures sur pente et d’habitations à flanc de parois. Plus loin, possibilité de visiter, en bordure de piste, le village hmông « Crottin de chèvres ». À proximité du promontoire du Pa Vi, la piste, aménagée pour une tentative d’extraction minière, se prolonge par un sentier. Il débouche sur la plus haute vallée du Sud-Est asiatique. Vue imprenable sur ce paysage géologique grandiose, puis descente en direction du véhicule sur un chemin étroit sinuant dans les cultures de maïs plantées sur des pentes vertigineuses. Retour à l’auberge en fin d’après-midi.

Ce matin tôt, nous prenons notre véhicule pour le village de Yen Minh. Sur le trajet, arrêt au marché authentique de Lung Phin. Déambulation dans ce lieu de commerce qui est divisé en plusieurs espaces : denrées alimentaires, étoffes et vêtements « traditionnels », et animaux (volailles, cochons, voire boeufs) amenés tout au long du marché par les habitants des environs, créant une ambiance particulièrement animée. Arrivée à Yen Minh et début de la randonnée en passant par le village de Lao Va Chai, situé sur les contreforts du massif de Can Ty. Marche sur un chemin plat à travers une campagne constituée de hameaux hmông et dao entourés de rizières en terrasse. Arrivée au village hmông de Sung La puis amorce d’une montée de 2 heures vers un col culminant à 1 670 mètres. De là, notre regard domine les massifs du Geoparc de Dong Van et la vallée de Yen Minh. En fin d’après-midi, arrivée à Sung Wua, un village hmông et installation chez l’habitant.

Ce matin, nous marchons le long d’une voie traversant une série de cols, de petites vallées, des cirques et des poches de jungle, bien glissantes pendant les jours de pluie. Déjeuner pique-nique sur le trajet. Marche sur un sentier parsemée de cailloux rocheux longeant une ligne de crête et traversée de plantations de maïs, de manioc et de chanvre. Arrivée à Lung Hau, un village hmông de vingt-cinq familles, dominant toute une série de massifs calcaires. Puis 1 heure de descente et continuation à flanc de montagne jusqu’à Sa Zing, hameau hmông blanc perché à 1 150 mètres d’altitude et dominant les contreforts occidentaux du massif du Du Ga. Continuation le long d’un chemin plat rocheux en direction de l’ouest vers Seo Lung. Puis, montée pendant environ 1 h 30 sur une piste empierrée avant d’atteindre enfin Seo Lung ; village hmông-blanc qui offre un panorama unique sur le plateau de Dong Van et sur le Phu Ta Ca. Installation chez l’habitant et interaction avec la famille.

Le Phu Ta Ca est un massif grandiose qui s’élève à 2 276 mètres dans le nord du Vietnam, second point culminant de la province de Ha Giang. Connu pour abriter une des dernières forêts primaires de montagne des confins du pays, cette formation granitique est constituée de sous-sommets abrupts irréguliers, creusés de dolines, de grottes et de rivières méandreuses. Terre des Hmông Blanc, ce sanctuaire sylvestre est recouvert d’une jungle dense riche d’une faune bigarrée et d’une flore inestimable mêlant essences de bois précieux, et cardamome en abondance au fond des sous-bois.

Ce matin, nous descendons une piste empierrée afin d'accéder à la route TL181. Puis bref transfert au village de Nam Luong. De là, début d'une randonnée d'environ 5 heures sur une nouvelle piste caillouteuse bordée par les spectaculaires gorges de Song Mien, entourées de hautes murailles garnies de végétations tropicales, en direction d'un premier village hmông-fleur.

Les maisons hmông traditionnelles sont en terre battue, bâties à même le sol. À l’entrée, des gris-gris (ou talisman) pour chasser les mauvais esprits.  l’intérieur, elles comportent généralement trois travées : une pièce centrale et deux appentis ou alcôves ; sans oublier un ou deux foyers, la meule en pierre et un grenier surchargé en maïs séché, un peu de riz, des hottes en rotin et divers objets (charrues, tamis…). La plupart des Hmông sont chamanistes, pratique qui lie entre elles un certain nombre de croyances qui sont schématiquement les suivantes : l'être humain a plusieurs âmes, susceptibles de quitter son corps et de voyager dans des mondes différents, provoquant ainsi la maladie ou la mort… Le chaman a le pouvoir de communiquer avec ces esprits vagabonds.

Arrivée en fin d'après-midi à un second village hmông-fleur. Pick-up véhicule et transfert vers la ville d'Ha Giang. Installation à l'hôtel en fin de journée.

Ce matin, nous quittons la province d’Ha Giang en direction de Hanoi. Nous quittons un paysage de massifs collinaires striés de vallées fluviales, et de forêts garnissant les sommets les plus hauts ou escarpés, pour retourner progressivement vers la platitude du delta du fleuve Rouge, et son quadrillage de rizières à perte de vue. Arrivée à Hanoi en fin d’après-midi et installation à l’hôtel. Nuit à l’hôtel.

Visite le matin du Temple de la littérature ou du musée ethnographique de Hanoi. Puis temps libre avant le transfert vers l'aéroport international pour les vols de retour vers l’Europe.