Immersion chez les Nénètses pendant la fête du renne

Selon l’horaire de l’avion, envol depuis l’Europe pour Salekhard via Moscou. Au petit matin nous atteignons la ville de Salekhard, située au centre nord de la Russie. Accueil par notre guide local et transfert à notre hôtel. Une fois installés nous partons à la découverte de cette petite ville de Sibérie, chef-lieu de la péninsule du Yamal.

Située à l’est de la chaîne de l’Oural et fondée en 1595 par les Cosaques, Salekhard se dresse dans la baie de l’Ob, l’un des trois fleuves majeurs de la Sibérie avec la Léna et l’Ienisseï. Salekhard fut une étape importante dans la conquête russe de la Sibérie. Plus tard, elle servit de prison aux prisonniers politiques et autres indésirables aux yeux du pouvoir. Aujourd’hui, elle reste l’une des villes les plus importantes du Grand-Nord avec plus de 40 000 habitants. Elle est située sur le cercle polaire, exactement sur le 66e parallèle.

Nous découvrons notamment son musée ethnographique, son marché et son mammouth !

Aujourd’hui c’est jour de fête à Salekhard. Dès les premières lueurs du jour c’est l’effervescence dans la ville qui accueille chaque année les éleveurs de rennes du Yamal. Cette fête est organisée dans tous les villages du Yamal mais à des dates différentes. Traditionnellement, cette fête célèbre la fin de l’hiver, ou plutôt la fin de sa partie la plus dure marquée par la nuit polaire et le froid extrême.

À l’époque soviétique, avec la sédentarisation partielle des Nénètses et la scolarité obligatoire de 7 à 16 ans, la fête est petit à petit devenue un moment de retrouvailles et de partage en famille. C’est l’occasion de rendre visite aux membres de la famille qui habitent le village ou aux enfants qui sont en internat.

Pendant la journée, les éleveurs de rennes s’affrontent au cours de compétitions sportives dont le jet de lasso et la course de rennes sont les épreuves phares.

Cette journée de festivités est également l’occasion pour tous les éleveurs de rennes de la région d’arborer leurs plus beaux costumes et leurs plus beaux atours de fêtes.

La fête des éleveurs à Salekhard est reconnue notamment pour son défilé de costumes ethniques. C’est l’occasion de rencontrer différentes ethnies : Nénètses, Khantys, Komis ou Zyrianes.

Après une belle journée de fête, nous retrouvons les véhicules dans la matinée pour rejoindre le village de Yar-Salé. Pour cela il nous faudra rouler pendant près de 250 km sur une route hivernale.

Situé au nord de Salekhard, avec plusieurs autres petits villages établis le long du fleuve de l’Ob, Yar-Salé est accessible en été par bateau et en hiver par la route hivernale qui passe dans le lit de l’Ob, sur la glace du fleuve. Yar-Salé compte près de 3 000 âmes. C’est un point administratif et logistique de la péninsule du Yamal. Le village est notamment connu pour sa petite usine de transformation de viande de renne. L’occasion pour nous de goûter des produits uniques que l’on peut difficilement trouver ailleurs. Installation et découverte du village.

Si le temps le permet et que la route est bien entretenue, ce qui est souvent le cas avant la fête, nous atteignons le petit village en 6 heures environ, en 4x4 de type Jeep. La route est agrémentée de plusieurs arrêts.

Si les conditions de route sont mauvaises, nous empruntons un ou deux Trekols selon la taille du groupe. Les Trekols sont des 6x6 renforcés avec de gros pneux, appelés « big foot », ce qui leur permet de rouler sur la neige. S’ils restent moins confortables que les 4x4 ils sont plus sûrs sur ce type de route.

Dans la matinée, c’est le grand départ pour les camps de Nénètses à la rencontre d’un des derniers peuples nomades éleveurs de rennes. Comme la veille, selon la météo nous partons soit en Trekols, soit en motoneige.

Depuis des siècles, les Nénètses continuent de suivre les itinéraires de migration empruntés par leurs ancêtres. Aujourd’hui, ils sont encore plus de 12 000 âmes divisées en deux groupes majeurs. D’un côté les éleveurs privés, indépendants, qui ne s'occupent que de leurs propres troupeaux de rennes. De l’autre, les éleveurs qui travaillent pour des sociétés d’élevage de rennes que l’on appelle traditionnellement les sovkhoz (collectivités), système hérité de l'époque soviétique où la propriété privée était interdite. Tout comme le premier groupe, ce sont des familles d’éleveurs qui pratiquent la migration durant toute l’année, à la seule différence que dans les troupeaux qu'ils gardent, à peu près la moitié des rennes appartiennent à la société d’élevage pour laquelle ils travaillent.

Nous atteignons le camp et les familles de Nénètses qui vont nous faire partager leur quotidien pendant les 3 prochains jours. Installation dans les tchoums, l’habitat traditionnel Nénètses. L’entrée du tchoum est traditionnelement orientée vers le sud. C’est le côté réservé aux femmes. Par opposition, le côté nord est réservé aux hommes. À l’arrière, sur un traîneau, reposent les objets sacrés car les Nénètses sont un peuple animiste et croient aux bons comme aux mauvais esprits.

Pendant ces trois jours nous nous immergeons dans le quotidien de ce peuple nomade. Comme chez leurs voisins mongols, la vie en communauté est régie selon des codes bien établis. Les femmes sont responsables de l’habitat. Ce sont elles qui préparent les repas, entretiennent le feu et la réserve de bois, qui préparent les tchoums et qui les remontent lors des transhumances. Elles sont également responsables des enfants et de la confection des habits en peaux de renne pour toute la famille.

De leur côté, les hommes sont responsables des troupeaux. Ils se réunissent chaque matin pour définir les tâches de la journée et les actions à mener auprès des rennes.

De mars à mai, les Nénètses se déplacent régulièrement pour aller vers leurs pâturages d’été, plus au nord, à la recherche de lichen indispensable aux rennes.

Une journée type chez les Nénètses consiste surtout à s’occuper des troupeaux de rennes, piliers fondamentaux de leur survie. Au programme, il faut rassembler les rennes, les rabattre plus près du campement pour les empêcher de trop se disperser et de se mélanger avec d’autres troupeaux. C’est également à cette période que les éleveurs séparent les rennes mâles des rennes femelles qui vont mettre bas, car les mâles peuvent se montrer agressifs envers les nouveaux-nés.

Le jour de la transhumance, il faut de nouveau rabattre les troupeaux et attraper tous les rennes castrés qui sont utilisés pour tirer les traîneaux. Une fois regroupés dans un enclos improvisé dans le campement, les rennes sont attelés aux traîneaux. Il faut alors démonter les tchoums, tout emballer et bien ficeler sur les traîneaux. Puis, la caravane se forme. Généralement, la transhumance prend toute la journée ce qui nous permet d’assister à tout ce travail.

Nous suivrons également les tâches quotidiennes réservées plutôt aux femmes. Nous coupons du bois pour le chauffage des tchoums et pour la cuisine, nous allons chercher de la glace pour la transformer en eau potable, et prenons part à d’autres tâches ménagères.

Aujourd’hui nous vivons nos dernières heures avec nos hôtes avant de les remercier chaleureusement pour leur accueil. Nous reprenons nos véhicules pour rejoindre de nouveau Yar-Salé et assister à la fête des éleveurs de rennes. Nous retrouvons un peu de confort.

Nouveau jour de fête ! Nous revivons la ferveur que nous avons vécue une semaine plutôt à Salekhard. Si Salekhard est reconnue pour la qualité et la diversité des habits ethniques qui défilent tout au long de la journée, la fête à Yar-Salé est réputée pour sa course de rennes, l’une des plus célèbres de la région.

La journée est consacrée au retour, par la route hivernale, vers Salekhard.

Selon l’horaire de l’avion, transfert à l’aéroport et envol pour l’Europe via Moscou.