À l’approche du printemps et du redémarrage de la saison de nos treks et expéditions au Népal, l’équipe de rédaction de Secret Planet vous propose des articles thématiques sur ce pays himalayen dont la richesse de ses peuples, de ses paysages et de ses itinéraires a peu d’égal. Dans l’article à suivre, nous revenons sur les treks permettant d’approcher l’Everest, le toit du monde avec ses 8 848 mètres.
La montagne la plus haute du monde est l’Everest pour les occidentaux, Chomolungma pour les tibétains et Sagarmatha pour les népalais. « Everest » est en fait le nom du chef d'expédition britannique qui a réalisé la cartographie de cette région de l'Himalaya au milieu du XIXème siècle. Au départ, ce beau bloc de granit avait été référencé comme le « Peak XV ».
Les deux camps de base de l’Everest
De part et d'autre de la montagne, il existe deux camps de base, un au nord, du coté tibétain et un au sud, du coté népalais. Comme notre dossier traite du Népal, c’est donc à ce second que nous allons nous intéresser.
C’est au nord, côté tibétain, au-dessus du monastère de Rongbuk, que passent aujourd'hui la majorité des candidats à l'ascension. Il est notoirement admis que l'itinéraire est techniquement « facile » et simplifie l'intendance puisque le site est accessible par la route depuis Lhassa.
Au sud, côté népalais, c'est toute autre chose. Depuis la fin de la piste, que ce soit à Jiri ou Salleri, atteindre le camp de base va prendre au moins une dizaine de jours dans la longue remontée des vallées de la Dudh kosi et de l'Imja khola. Il est nécessaire de prévoir un coûteux transport du matériel d'expédition par porteurs, à dos de yacks ou par hélicoptère, pour les plus aisés. « Du temps de perdu... » estiment certains alpinistes, intéressés par la seule réussite du sommet. Quoi qu'il en soit, à Gorakshep, le camp de base technologique (3G+, WiFi) du camp de base « officiel » situé à une journée de marche supplémentaire au pied de la redoutable Ice Fall (une chute de séracs de près de 1 500 m de haut et dans laquelle une équipe de sherpas œuvre chaque jour pour créer un itinéraire le plus sécuritaire possible sur ce fleuve glacé très mouvant), on pénètre dans un espace minéral de toute beauté.
Pour le trekkeur, venir passer une nuit à Gorakshep lui permet de faire l'ascension d'une butte terreuse de 5 623 m située dans le prolongement de l'arête sud-est du Pumori, le Kala Pattar (le caillou noir), et ainsi prendre du recul pour embrasser du regard cet exceptionnel cirque glaciaire ceint de nombreux pics dépassant les 7 000 m et contempler à satiété le sommet de 3 des 8 000 m de la planète : Sagarmatha bien sûr mais aussi les deux pics du Lhotse.
Treks à l’Everest vers le camp de base népalais
Mais pour en arriver là, il existe plusieurs déclinaisons d'itinéraires qui ont toutes la particularité de permettre une acclimatation à l'altitude quasiment parfaite du fait du profil en « plat népalais » du chemin (le fait d'enchaîner les montées et descentes en altitude est connu pour être le vecteur d'un bon acclimatement...). Le choix n'est pas aisé. Les voici brièvement résumées ci-dessous, histoire d'aider à la prise de décision.
Aller-retour « simple » en une dizaine de jours depuis l'altiport Hillary de Lukla accessible en 35 minutes depuis Kathmandu. Une journée au-dessus de 5 000 m et on redescend... Rien de difficile mais attention au MAM (mal des montagnes) qui peut sévir dès le pied posé sur le tarmac de Lukla. Le gros avantage de ce trek est qu'il peut servir d'initiation à des personnes effectuant leur premier trek d'altitude au Népal : le tracé étant en aller retour, les villages étant correctement pourvus en centres médicaux bien au fait des symptômes du mal d'altitude, il est donc possible de s'arrêter, voire de redescendre, au cas où cela ne se passerait pas de manière optimale.
Exploration des 4 vallées glaciaires (Thame, Gokyo, Chukhung et Gorakshep) qui s'inscrivent autour du géant himalayen mais passant de l'une à l'autre par les sentiers inter-villages tracés à flanc. Une encore meilleure acclimatation en ne dépassant les 5 000 m que l'espace d'une journée. Il faut compter une quinzaine de jours de trek.
Traversée des trois hauts cols de l'Everest (Kongma La, Chola La et Renjo La) qui agrémente le parcours de panoramas de premier choix sur les vallées et les montagnes du Khumbu. Là, on ne « plaisante » plus puisqu'il va falloir endurer de se trouver à plus de 5 000 m d'altitude (ou presque...) une semaine durant, entre Chukhung et Thame. Compter une quinzaine de jours également...
Trekking au camp de base de l’Everest par les portes d’entrée est et ouest
En complément de ces trois possibilités, et en sortant du seul domaine du trekking sur sentiers, on peut aussi atteindre le camp de base de l'Everest en venant de l'ouest, via le Rolwaling, depuis Charikot, en franchissant le col très alpin du Tesi Lapsa. En arrivant de l'est, de la vallée de l'Hunku khola, on peut vouloir se mesurer à l’Amphu Lapsa, encore plus difficile à traverser que le Tesi Lapsa car il demande de posséder de bonnes notions de technique alpine du fait de son orientation nord-sud prédisposant à l'accumulation de glace sur ses pentes rocheuses très relevées. Par contre, les panoramas offerts sont plus que grandioses… Pour ces deux options d'itinéraires, il faut compter entre 2 et 3 semaines.
Trekking intégral vers le camp de base de Sagarmatha dans les pas des géants
Et, pour finir, revenons au domaine du trekking : au lieu de se faire déposer à Lukla, pourquoi donc ne pas marcher, en préalable à la remontée des vallées glaciaires qui conduisent au camp de base, sur les sentiers qui traversent la partie campagnarde du Solukhumbu, au départ de Phaplu et même de Jiri, là où se termine le goudron. Il faut alors suivre pendant 3 à 8 jours (selon l'option de départ) la route historique de l'Everest suivie par l'expédition de 1953 au cours de laquelle les compères Tensing Sherpa et Edmund Hillary atteignirent le sommet le plus haut de la planète.