Le trek de vos rêves va enfin devenir réalité, dans quelques jours, c’est le départ ! Sauf qu’avant il faut faire son sac et parfois le casse-tête commence : si au moins il existait un pays avec une amplitude de 5 °C max, mais non ! Chaud en journée et froid la nuit, du monde tropical à celui de la haute montagne, de la visite de villes au trek technique, que prendre ? Où se situe l’indispensable ? Qui portera mon énorme sac ? N’ai-je rien oublié ? Voyager léger, OK, mais où opérer les choix ? Embarquer la couverture de l’avion pour ne pas se charger d’un duvet ? Traverser les névés en tongs ou visiter les villes tropicales en grosses « pompes de montagne » ? Réussir à compresser une salle de bain pour qu’elle rentre dans une trousse, c’est bien gentil, mais est-ce possible ? L’idée d’avoir l’essentiel et surtout l’indispensable, tout en étant compact et léger, la quadrature du cercle en quelque sorte ! Espérons que la revue de détail qui suit vous aidera un peu, nous l’avons confiée à François, accompagnateur en montagne depuis 35 ans avec plus de 25 années d’encadrement de trekking en Himalaya, Asie centrale, Proche-Orient et Sahara.
D’emblée on éliminera la valise, si rigide et si difficile à caler sur le dos d’un porteur ou à sangler sur un animal, on préférera le sac de voyage souple. Ça roule moins bien dans le hall de l’aéroport, mais ça participe déjà un peu à l’échauffement du trek.
Premier élément crucial : les chaussures
Qui dit trek, dit marche – et pour une grande majorité d’entre nous c’est bien sur nos pieds que nous nous déplaçons – d’où l’importance de bien choisir ses chaussures. Il y a quelques décennies, on ne se posait pas de question, rando rimait avec chaussures en cuir, que l’on graissait, que l’on ressemelait, que l’on mettait du temps « à casser » (faire à son pied), mais que l’on pouvait utiliser longtemps, très longtemps. Aujourd’hui, les chaussures sont multiples mais spécifiques, légères, chères et avec une durée de vie relativement courte, mais retenons surtout l’aspect légèreté. Passons rapidement en revue la gamme des godillots possibles.
Chaussures de randonnée © Gregory Rohart
- « Pompes de rando » – Vous voulez garder les pieds au sec, protéger vos chevilles ? Optez pour un matériau vivant, le cuir. Inconvénient, c’est lourd, c’est chaud et c’est souvent assez rigide. Vous trouverez désormais le même genre de chaussures, mais en version Goretex. C’est beaucoup plus léger, la respirabilité et l’étanchéité sont rarement à la hauteur de ce qui est annoncé (ou alors quand elles sont neuves à la rigueur), mais le poids reste en général un facteur déterminant. Prix entre 80 et 180 €. Petit conseil : partez avec des chaussures rodées, « faites à votre pied ».
- Chaussures de trail – C’est la basket tout terrain. Légère et avec une bonne accroche en général, il est préférable de ne pas être trop sujet aux entorses de la cheville et ne pas avoir à marcher dans la neige. Ce type de chaussure fait de plus en plus d’adeptes sur les chemins du monde entier grâce au confort d’une tige basse et au faible poids qui, forcément, diminue un peu la fatigue. Prix entre 80 et 180 € aussi avec parfois une chaussure totalement désintégrée en à peine 2 saisons !
- Sandales – Si certains en utilisent dans les treks alpins à l’instar des Népalais, c’est surtout dans les déserts de sable qu’elles prennent toute leur place. Ce foutu sable qui rentre en permanence dans les chaussures – même avec des mini-guêtres dédiées – oblige à de constants arrêts pour « vider ». La sandale n’élimine pas totalement le phénomène, mais espace agréablement les séances de « vidage ». Aujourd’hui, certains modèles sont dotés d’une bonne semelle crantée et d’une protection des orteils par un caoutchouc, ce qui évite l’aiguille d’acacia plantée sous l’ongle ou le coup de pied dans un caillou coupant par exemple. Prix entre 35 et 100 €. Petit conseil : des crevasses peuvent apparaître au talon à cause de l’air trop sec !
- Méduses, crocs, tongs – Rares sont les Occidentaux qui randonnent en tongs (mais y’en a quand même) ou en crocs. Ces « chaussures » sont plutôt un bon compromis entre un tout petit poids et la possibilité « d’aérer les arpions » après la journée de marche. Les crocs (avec une lanière à l’arrière) peuvent aussi servir à traverser les rivières, comme les « méduses » (dont c’est le rôle essentiel mais non négligeable) en trek. Prix entre 10 et 30 €.
- Haute montagne et milieux extrêmes – Dans cette catégorie, deux éléments principaux sont à prendre en compte : l’isolation du froid et la possibilité de fixer des crampons. Pour le froid, attention à la conduction (froid par contact) donc à l’isolation apportée par la semelle ou la surbotte si la chaussure est souvent « dans » la neige. Pour les « expés » en haute altitude, il existe des chaussures d’alpinisme avec surbotte isolante intégrée (cramponables, donc assez rigides) appelées « chaussures d’expé ». Prix entre 380 et 900 €, un véritable investissement ! Pour le grand froid, les « bottes canadiennes » avec un chausson fourré dans une botte en caoutchouc et cuir sont les plus adaptées si l’on n’a pas besoin de fixer des crampons. Le budget est beaucoup plus raisonnable que les « chaussures d’expé », entre 100 et 200 €.
- Bottes en caoutchouc – Pas très agréables à porter, mais d’une grande efficacité dans la boue, car sur le plan de l’étanchéité on peut difficilement faire mieux. On les utilise dans les forêts tropicales boueuses essentiellement.
Trek dans la vallée du Zanskar, Inde © David Ducoin
Deuxième élément crucial : le sac à dos
Totalement indissociable du trek, presque au même titre que les chaussures, le sac est un élément à choisir avec soin. Nous n’aborderons pas ici les sacs qui permettent des périples en autonomie complète et s’adressent à des personnes aux capacités physiques hors normes. En effet, il n’est pas donné à tout le monde de transporter 20 kilos, voire plus, sur de longues distances et pendant de longues heures. Nous allons évoquer ici le sac dit « à la journée » et qui, en fonction des personnes et des conditions, varie entre 20 et 45 litres, puisque les dimensions sont toujours évoquées en volume et non pas en poids transportable.
© Gregory Rohart
La capacité – Votre sac est donc qualifié par un volume. Cela dit, on voit parfois des 40 litres qui ne paraissent pas plus grands que des 20 ! Qu’importe, il faut juste pouvoir y loger, a minima un ou 2 litres d’eau, une ou 2 vestes, une frontale, une mini pharmacie et, en fonction des individus et des milieux traversés, un bonnet et des gants, un peu de nourriture, une corde, une cape de pluie, une couverture de survie, une boussole, un GPS, un sifflet, une fusée de détresse, un appareil photo, des jumelles… On a déjà vu des individus qui portaient aussi plusieurs rouleaux de papier WC, sel et poivre pour le pique-nique (un autre élément qu’il faut parfois porter soi-même), des pochettes pour ramasser des cailloux ou des végétaux, des livres pour identifier les roches ou les fleurs, ou un roman pour la pause de midi, un carnet, un nécessaire pour aquarelle… une petite fiole de « remontant »… On pourrait prolonger la liste indéfiniment. Globalement, un sac de 35 litres devrait permettre de parer à de nombreuses situations.
D’une façon générale, on fera surtout attention aux éléments suivants :
Tout d'abord, considérez la qualité du portage. Elle tient essentiellement à l’ergonomie des bretelles, le rembourrage de ces dernières, la ceinture et l’aération du dos. Mais d’abord et avant tout, le poids du sac lui-même qui varie du simple au double, voire même au triple. Notons que le système du filet dans le dos, qui offre une bonne aération, a aussi tendance à éloigner le poids loin du corps (ce qui fait « levier »), mais il faut reconnaître que certains sacs possédant un filet sont, de nos jours, d’une qualité de portage étonnante. Prenez bien votre temps quand vous choisissez dans le magasin et n’hésitez-pas à fourrer une ou 2 encyclopédies à l’intérieur, car un sac vide est presque toujours confortable.
Ensuite, puisque le diable se cache toujours dans les détails, veillez bien à la présence de certains accessoires comme une ceinture, et des rappels de charge – à ne pas confondre avec les reposes mains – et à ce qu'ils soient réglables tout comme la longueur de dos, et les bretelles.
Et dans les accessoires dits secondaires, on peut apprécier : les repose main (qui permettent de garder les mains en hauteur et rééquilibrer momentanément le poids vers l’avant), la pochette sur la ceinture, la poche sous le rabat munie d’un petit mousqueton plastique pour y attacher votre porte clés, la sangle thoracique qui permet de bien maintenir les bretelles et dont l’attache est un sifflet (un truc en moins à penser puisqu’il est intégré au sac), le raincover (qu’on peut se procurer indépendamment du sac), les sangles externes qui permettent d’attacher du matériel à l’extérieur, les poches latérales en filet, l’ouverture par le fond, une poche interne zippée, les sangles sous le sac pour y amarrer une tente, la pochette sur les bretelles pour le téléphone ou le GPS… Certains modèles proposent quasiment la liste complète, à vous de déterminer vos priorités.
Trek vers El Mirador dans le Petén , Guatemala © David Ducoin
Le reste de l’équipement
Pour les habits, le plus simple et le plus efficace reste le principe du multicouches. Par exemple, un t-shirt en fibres naturelles + une petite veste fine (en microfibre) + une polaire + une doudoune fine + une goretex sont un ensemble qui permet de parer à de nombreuses situations, à condition que la doudoune et la goretex soient assez grandes pour ne pas « comprimer » le reste. Comme toujours, c’est l’air entre les différentes couches qui reste le meilleur isolant !
Pour le reste, voici quelques remarques :
- La laine même mouillée reste plus chaude que les autres matières (quand elles sont mouillées aussi). Chaussettes et sous-vêtements en Mérinos sont très efficaces.
- Les t-shirts en coton sont souvent plus agréables à porter que le synthétique, mais sèchent bien plus lentement, ils sont aussi plus lourds. On nous annonce depuis de nombreuses années des fibres synthétiques qui ne « puent » pas, je ne les ai pas encore croisées !
- Côté pantalon, les multipoches style « treillis militaire » présentent l’avantage d’avoir ses papiers et son argent « sur la cuisse » donc sous surveillance et fermés par un zip + rabat à pression ce qui minimise les risques de vol. La pochette « banane » peut être efficace si on ne l’accroche pas à la porte des toilettes et qu’on ne l’oublie pas en partant (c’est du vécu !). Et les pantalons dont le bas se dégrafe pour en faire un bermuda sont bien pratiques
- Cape de pluie ou non ? Elle présente l’avantage de bien protéger de l’eau et par son ampleur d’offrir tout de même une certaine aération. Les inconvénients majeurs sont qu'il peut tout de même finir par faire chaud là-dessous et rapidement devenir un sauna, et surtout, que l'on marche dessus dans les montées !
- Les bâtons ? (Ou non ?) « L’homme a mis des siècles à se redresser pour devenir un bipède et, en à peine 2 décennies, les bâtons de rando l’ont ramené à l’état de quadrupède ! ». C’était le discours que je tenais plus jeune… mais il faut bien reconnaître que ça peut franchement aider ces tiges d’alu ou de carbone, surtout si on a mal aux genoux ou pour traverser les rivières ou délester les membres inférieurs de quelques pourcentages d’énergie. Un conseil tout de même : ne mettez pas les dragonnes !!! Si votre bâton se coince entre 2 blocs dans une descente, le risque de luxation de l’épaule est très élevé et ça fait diablement mal ! Il vaut mieux lâcher son bâton. J’ai une petite préférence pour ceux qui se plient en Z et se rangent facilement dans le sac.
Ascension du Llullaillaco, Argentine © Jean-Marc Porte
Les duvets
Les températures « de confort » ou « extrêmes » ne sont qu’indicatives. Considérez cet achat comme un investissement. Je m’explique. Un bon duvet, bien conçu (avec des plumes prélevées sur des animaux morts plutôt qu'avec du duvet arraché en permanence sur un animal vivant) et bien entretenu, vous servira très longtemps. Remplumage et lavage sont proposés par certaines marques (françaises par exemple). Ensuite, le sommeil étant très réparateur en trek, il vaut mieux un duvet un peu plus chaud quitte à l’ouvrir, qu’une feuille de papier à cigarettes dans laquelle on claque des dents. Dans les massifs montagneux, si vous hésitez entre deux, prenez le plus chaud !
Une nuit sans dormir en trek = Une journée où l’on part déjà fatigué !
Trek dans les monts Zagros, Iran © François Pillon
Les accessoires, voici les principaux
Lampe frontale – De nos jours, légères et performantes, avec des leds qui sont de véritables projecteurs, il ne reste qu’un problème, les piles ! Heureusement, elles peuvent être remplacées par une petite batterie rechargeable dont la forme est adaptée pour se glisser dans le logement des piles. Sur un long trek il faut quand même pouvoir la recharger.
Chargeur solaire – Pour le téléphone, une batterie d’appareil photo ou une batterie de frontale. Dans ce domaine la progression du matériel est constante, mais une powerbank (ou batterie de stockage) peut s’avérer utile quand l’ensoleillement est irrégulier.
Lunettes – Enveloppantes et avec un bon indice de protection pour les milieux enneigés, elles sont indispensables en montagne et dans les pays à très forte luminosité. Notez qu’une ophtalmie peut apparaître même par temps peu ensoleillé.
Gourde – C’est un accessoire que l’on peut facilement remplacer par une bouteille plastique si on l’a oubliée. Il en existe avec une paille-filtre pour purifier l’eau, mais le système fonctionne moyennement par températures négatives.
Petit nécessaire à couture, scotch américain et un petit morceau de cordelette vous aideront dans bien des situations
Cordon dunaire en Mauritanie © Louis-Marie Blanchard
Trousse de toilette et pharmacie
Trousse de toilette – Plus elle est petite, mieux c’est. Le savon biodégradable est aujourd’hui incontournable, déjà qu’on accuse souvent le tourisme d’être polluant, n’en rajoutons pas ! Laissez tomber les gros gels douche, c’est du poids pour rien, et ça risque de se renverser dans le sac (encore du vécu !). Côté shampoing, on en trouve aussi sous forme solide comme un savon. Un petit gant de toilette et un savon, c’est suffisant en trek ; pour le dentifrice, idem, si vous partez de France avec un tube à moitié vide ça suffira aussi.
Maintenant, il existe aussi les lingettes. C’est lourd et polluant, mais dans certains cas c’est bien pratique. Si vous avez réussi à les apporter, vous pouvez sans doute les rapporter en France, d’autant qu’en les faisant sécher dans le filet du sac, elles deviennent moins lourdes et seront bien souvent mieux « retraitées après usage » dans nos pays occidentaux.
Pharmacie : en dehors des traitements personnels, vous trouverez toujours une liste, il y en a dans toutes les fiches techniques. Il faut a minima de quoi :
- désinfecter et protéger une plaie
- faire un bandage
- pallier les maux de tête et autres douleurs
- enrayer une diarrhée
- un traitement antibiotique
- une crème pour calmer des démangeaisons
- un collyre antiseptique
Mais en fonction des craintes de chacun ou de votre passif, il faut bien sûr adapter.
Vers le camp de base du Kangchenjunga, Népal © David Ducoin
Conclusion
N’oubliez pas que l’on ne peut pas emporter la moitié de son appartement en trek. Pensez aux porteurs ! Ce n’est pas parce que « l’on a droit à X kilos » qu’il faut absolument atteindre X. Partons du principe que « moins le milieu est extrême, plus on peut se débrouiller avec 3 fois rien ». Il est très souvent possible de faire de petites lessives et le sac-à-dos fait parfaitement office d’étendage.
En même temps, ne pas oublier que l’indispensable est un art difficile que l’on n’est pas sûr de maîtriser, même avec plusieurs décennies d’expérience.
Partez l’esprit et le bagage légers ! On peut parfaitement faire un splendide trek même avec un habit légèrement taché !
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