Accompagnés par notre ami tibétain Jimpa, nous sommes partis en novembre 2016 effectuer une superbe boucle à travers les hauts plateaux tibétains, pour approcher les sources de plusieurs grands fleuves asiatiques, dont Mékong, Yangtsé et Fleuve Jaune, aux confins entre Amdo, Tibet central et chaîne des Kunlun, grâce à de récentes ouvertures de pistes et routes.
Nous avons exploré ce vaste territoire tibétain, actuellement situé dans la province de Qinghai, sorte de « Toit du monde » et château d’eau d’une partie de l'Asie, sur les traces des grandes expéditions des temps passés, nous permettant ainsi de mettre sur pied trois voyages différents.
Rencontre avec une faune abondante
Ces vastes espaces sont arpentés par de nombreuses hardes de gazelles, antilopes tibétaines et kyangs (ânes sauvages), très souvent en groupes assez réduits de 5 à 15 individus. Nous avons croisé aussi des loups, notamment une meute de 10 à 15 loups près des sources du Mékong, des renards isolés, ainsi que des yaks sauvages seuls ou en paires, que l’on différencie bien de leurs congénères domestiques par leur comportement. Ils tracent leur route sans se soucier de nous, alors que les yaks domestiques ont tendance à nous fuir.
En cette période de novembre il y avait des restes de neige au-dessus de 5000 mètres, poussant les animaux sauvages à descendre au-dessous pour se nourrir. Mais les troupeaux de yaks et dzos (croisement entre yak et vache) étaient encore nombreux entre 4000 et 4500 mètres. Des petits pika, sortes de rongeurs, et différents types de rapaces viennent compléter le tableau.
Des paysages variés à couper le souffle
Au fil de cette expédition, nous avons traversé des paysages vraiment très variés, allant de hauts plateaux steppiques quasi-plats s’étendant à perte de vue, à de vastes chaines de montagnes, des sommets parfois acérés, des blocs ravinés et roches de couleur et des gorges, avec de nombreux lacs, des multitudes de rivières et ruisseaux en partie gelés, et même avec des dunes de sable parfois isolées et assez hautes, parfois en cordons.
On avait l’impression tantôt d’arpenter des hauts plateaux andins ou la Patagonie, tantôt des régions désertiques de Mongolie ou d'Asie Centrale, la vallée pakistanaise de la Hunza ou des régions d’Islande, entre autres. Et avec bien sûr les fleuves Yangtsé, Mékong et Fleuve Jaune et leurs affluents qui modèlent le paysage, avec même en fin de voyage des gorges, et un peu d’arbres, genévriers et arbustes dans la région de Nangchen.
De ci de là, des drapeaux de prière flottent au vent en étoile à partir d’un mât, telles des pieuvres colorées mugissantes.
Mise en place du parcours « Aux sources des grands fleuves Yangtsé, Mékong et Fleuve Jaune » pour la saison 2017
De cette reconnaissance de novembre 2016 découle bien sûr un voyage allant vers les sources de ces trois grands fleuves, mais nous avons rajouté trois jours au voyage afin de mieux prendre le temps de découvrir et passer plus de temps dans quelques régions magnifiques.
Nous partons de Xining vers les sources du Fleuve Jaune, puis à travers les hauts plateaux vers celles du Yangtsé dans les monts Tanggula, pour finir par celles du Mékong et la région de Nangchen. Retour en avion depuis Jyekundo (Yushu en chinois).
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Il n’y a normalement pas besoin de permis d’accès au Tibet central pour effectuer ce voyage, puisqu'il se déroule intégralement dans la province de Qinghai. Mais dans les faits il nous faut obtenir un permis simple, juste d'accès à Lhassa, pour accéder aux sources du Yangtsé, car le point de contrôle d’accès au Tibet Central est situé environ 60 kms avant la frontière réelle entre Qinghai et Xizang (Tibet central), située au Tanggula pass.
Un nouveau programme de trek dans la région de Nangchen
Ce voyage nous a permis aussi, en fin de parcours, de faire du repérage pour mettre en place un nouvel itinéraire de randonnées dans la région tibétaine isolée de Nangchen, autrefois capitale d’un puissant royaume khampa célèbre pour la robustesse de ses chevaux.
Nangchen, petite ville située au bord du Haut Mékong au nord de Chamdo, est maintenant accessible en 4 à 5 heures de route depuis Jyekundo (Yushu en chinois) où un aéroport a été construit, ce qui raccourcit considérablement le temps d’accès à Nangchen.
Cela nous permet de proposer un tout nouveau parcours inédit de 16 jours avec 8 jours de marche, à la découverte de plusieurs des quelques 200 monastères qu’abrite cette région. L’un d’eux est perché sur une arête. Mélange de forêts, gorges, montagnes et hauts plateaux près des sources du Mékong.
Un bel itinéraire à découvrir.
Projet de reconnaissance dans le « couloir des grands fleuves » en novembre 2017
A la fin de ce voyage, l’idée nous est venu de faire une nouvelle reconnaissance dans des régions plus en aval sur le Yangtsé et le Mékong, au point de contact entre monde tibétain et celui des ethnies tibéto-birmanes, dans une région que nous avons surnommée le « couloir des grands fleuves ». Trois grands fleuves asiatiques (Yangtsé, Mékong et Salouen) traversent cette région en parallèle, parfois à seulement 60 kms de distance à vol d’oiseau entre le premier et le troisième, et avec au milieu des chaines de montagne, dont la montagne sacrée tibétaine Kawa Karpo. Et un quatrième fleuve, l'Irrawaddy, prend sa source non loin de là.
Au départ de Lijiang, nous prévoyons d’arpenter ces régions, afin d’en découvrir les quelques nouvelles pépites encore peu connues, avec approche aussi de la khora intérieure du Kawa Karpo, rencontre des populations tibétaines et des ethnies Lisu, Nu et Pumi, et découverte des gorges de ces fleuves où notamment des églises catholiques furent édifiées par les missionnaires, surtout français et suisses, qui étaient partis évangéliser le Tibet et se sont trouvés coincés dans les gorges de ces puissants fleuves.
Nous emprunterons une toute nouvelle route, en cours de finition, qui nous permettra d’aller bien plus directement des gorges du Mékong vers celles du Salouen (Nujiang en chinois), entre Yunling et Gongshan. Nous irons aussi à la rencontre de l’ethnie Dulong, dont les femmes âgées ont encore parfois le visage tatoué, mais aussi vers la frontière avec la Birmanie le long du fleuve Irrawaddy (Dulongjiang en chinois) et le plus haut possible dans les Hengduan Shan vers les sources de ce fleuve qui descend ensuite irriguer les plaines birmanes.
Nous tenterons également de prendre la route qui remonte après Gongshan vers Putok et la région de Chamdo, mais comme c’est sur le sol du Tibet Central il y aura alors bien sûr un permis tibétain à demander, mais nous pourrons nous appuyer sur l’aide de Jimpa, notre partenaire tibétain du Qinghai. Si toutefois cet accès n'était in fine pas autorisé nous mettrons en place un plan B, peut-être en retournant vers la région de Nangchen en remontant le cours du Yangtsé.
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Retrouvez la présentation de ce voyage vers les sources de trois grands fleuves asiatiques dans notre blog du 1er juillet 2016
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Dans ce blog nous avions évoqué les grandes expéditions des 19ème et 20ème siècles qui ont arpenté ces hauts plateaux « battus par les vents », avec des objectifs scientifiques (géographie, identifier les sources des grands fleuves, géologie, ethnographie,…) mais aussi des intérêts commerciaux et politiques, missionnaires et touristiques (vers la fin).
Nous avions évoqué aussi le projet de création, sous l’impulsion d’une ONG tibétaine, de la « réserve naturelle des sources des trois rivières », Sanjiangyuan en chinois, qui deviendrait la plus grande réserve de Chine avec plus de 300 000 km2, et la plus élevée du monde avec une altitude moyenne de plus de 4000 mètres.