26 juin 2013 - Inde, Peuples et fêtes, Himalaya et Inde, Tibet

Au Nord-est de l'Inde se trouvent 7 Etats : Arunachal, Nagaland, Assam, Meghalaya, Manipur, Tripura et Mizoram, coincés entre Tibet, Birmanie et Bangladesh. Ils abritent une superbe mosaïque de peuples, le plus souvent de langues tibéto-birmanes, tels que Naga, Apatani, Nishi, Adi, Mishmi, Monpa, Mizo, Meitei, Kuki, Garo, Khasi, Nocte, etc...., auxquels s'ajoutent les peuples des Chittagong Hills, au Bangladesh.


Peuples de l'Arunachal Pradesh

L’Arunachal Pradesh, c'est à dire littéralement le "pays des montagnes de l'aube", est la région en Inde la plus à l'Est et qui reçoit ainsi les premiers rayons de soleil, d'où son nom. C'est la province la moins peuplée de toute l'Inde, tout au Nord-est du pays, aux confins du Tibet et de la Birmanie, dans une région qui n’est rattachée à l’Inde que depuis bien peu de temps, et qui a très longtemps été à l'écart des grandes civilisations, car constituée de montagnes couvertes de jungles et difficiles d'accès, habitées par des tribus particulièrement guerrières et farouches, telles que les Abor, les Nishi ou les Mishmi.
Les peuples de l’Arunachal ont conservé des coutumes particulières, notamment les femmes Apatani qui décorent leurs narines de cercle en rotin, ou les hommes Nishi et Hill Miri (Miri des collines) qui portent encore parfois sur la tête une espèce de casque en rotin orné d’un bec de calao géant.

Les Adi
Les Adi sont en fait les populations que les explorateurs et colons anglais appelaient "Abor " au 19ème et au début du 20ème siècle, terme signifiant "sauvage" dans un dialecte des plaines de l’Assam. Les Adi, tous clans confondus, comptent environ 160 000 habitants, c'est-à-dire environ 15% de la population de l’Arunachal.
Ils vivent dans les montagnes bordant le Brahmapoutre et ses affluents, entre le Tibet et les plaines de l’Assam. Ils ont longtemps empêché les explorateurs, les missionnaires et les colons anglais de pénétrer dans ces régions reculées jusqu’en 1913.
Les Adi sont répartis en différents sous-groupes. Les Adi Gallong, dans la région d'Along, sont les plus riches et les plus influents au sein des communautés Adi. Cela se voit dans l’architecture massive, cossue et très bien conçue de leurs maisons. Il y a aussi les Adi Minyong et les Adi Padam.
Pour accéder aux villages situés de l'autre côté du Brahmapoutre, il faut parfois traversée de longues passerelles de 70 à 120 mètres de long, faite traditionnellement de bambou et de rotin, mais souvent renforcée maintenant par des câbles d’acier.
Nous proposons un départ fin Août permettant d'assister au festival de Solung, fête célébrée chez les Adi Minyong, dans les villages que nous traversons lors de notre randonnée de Komsing vers la région de Pasighat.

Les Apatani
L'ethnie Apatani habite essentiellement sur le plateau de Ziro, à 1560 mètres d’altitude.
Les femmes de cette ethnie ont pour coutume d’orner leurs narines avec des disques de rotin peints en noir, ainsi que quelques tatouages.
Les Apatani pratiquent encore aujourd’hui la divination et le chamanisme. Ils étaient bien plus pacifiques que leurs voisins Nishi et Miri. Ils vivent de manière très concentrée, au contraire de tous les autres groupes ethniques. Les ruelles sont parfois assez étroites et les maisons sont serrées les unes aux autres, séparées par des palissades de bambou. Il n’y a que 5 villages, tous situés sur ce même plateau, regroupant toute la communauté Apatani, qui compte environ 22 000 habitants.
Notre départ du 16 Mars permet d'assister au Myoko, une fête intéressante des Apatani

 

 

Les Nishi
Les Nishi sont environ 116 000 habitants, c'est-à-dire presque 11% de la population de tout l’Arunachal. C’est le deuxième groupe ethnique de tout l'Arunachal Pradesh après l’ensemble des clans Adi. Leur habitat est bien plus dispersé que celui des Apatani. Ils habitent un vaste territoire, entre loe pays des Apatani et la partie Ouest de la province, centré autour d'Itanagar, la capitale de l'Arunachal.
Les Nishi sont polygames et vivaient autrefois dans de longues maisons pouvant atteindre 60 mètres de long abritant tout le clan familial. De nos jours, les habitations sont plus petites, mais il reste encore quelques maisons plus longues. Lors des fêtes, les hommes Nishi portent une sorte de casque de rotin tressé sur la tête, orné d’un grand bec de calao géant. Ces calaos, appelés calao rhinocéros, sont en voie de disparition et les Nishi commencent à remplacer les becs naturels par des becs réalisés en fibre de verre et résine.
Fin Février, les Nishi célèbrent leur festival de Nyokum, que l'on peut vous faire découvrir.

 

 

Les Mishmi
Les Mishmi sont un autre important groupe ethnique de l’Arunachal, qui occupe toute la partie orientale, aux frontières avec la Birmanie et le Tibet, séparés en plusieurs sous-groupes comme les Adi. On retrouve leurs cousins ethniques du côté chinois sous le nom de Dulong, aux confins du Yunnan et du Tibet, et sous le nom de Taron du côté birman.
Eux aussi ont stoppé tous les intrépides voyageurs souhaitant se rendre au Tibet, notamment des pères français assassinés en 1854.
Des fêtes ont lieu début Février, que nous pouvons vous faire découvrir.

 

 

Les Monpa
Les Monpa, tout comme les Sherdukpen, habitent la partie Nord-ouest de l'Arunachal, aux confins du Tibet et du Bhoutan, et suivent le Bouddhisme tibétain. "Mon" signifie en tibétain "région de basse altitude" et "Pa" veut dire "habitant". Il est vrai que l’altitude est moins élevée que sur le plateau tibétain, et la végétation est omniprésente, comme au Sikkim et au Bhoutan. Les Monpa représentent 40 000 habitants en Arunachal.
Dans leur région se trouve le célèbre monastère de Tawang, édifié en 1680 par l’école bouddhique tibétaine des Gelugpa (« bonnets jaunes »), qui occupe une position dominante, telle une forteresse, car à l’époque il fallait se protéger contre les attaques des moines des écoles rivales : Drukpa du Bhoutan voisin, mais aussi Nyingmapa et Karmapa. C’est là que le 14ème Dalai Lama s’est enfui du Tibet en Mars 1959, et a pris résidence quelque temps dans ce monastère avant d’aller vers Dharamsala.
Un grand festival monastique a lieu au monastère de Tawang en Janvier chaque année, le Torgya festival.


Peuples du Nagaland

La province du Nagaland est essentiellement habitée par le peuple Naga, réparti en une vingtaine de sous-groupes, mais les Naga habitent aussi dans les provinces voisines d'Assam et Manipur, mais aussi en Birmanie, où leur habitat est plus dispersé, mais sur une vaste région isolée du reste de la Birmanie.
Le Nagaland est plus petit mais plus peuplé que l’Arunachal Pradesh, car c’est plus une région davantage de hautes collines que de contreforts himalayens. Mais les différents clans Naga ont un passé tout aussi guerrier que Mishmi et Adi (Abor). Les Anglais ont rencontré les Naga pour la première fois en 1832, mais il leur fallu attendre 1879 pour les maîtriser, plutôt difficilement. La tradition de « chasse aux têtes » s'est perpétuée dans ces régions très longtemps, car les Naga pensaient ne pouvoir résister aux épidémies et aux caprices d’une nature hostile qu’en renforçant leur énergie vitale. Ils le faisaient en coupant les têtes de leurs ennemis, car pour eux l’âme est un fertilisant qui réside dans la tête. Les crânes des ennemis de chaque clan trônaient à l’entrée des maisons ou des villages.
Mais dès la fin du 19ème siècle des pasteurs ont commencé à évangéliser les Naga, qui sont de nos jours en grande majorité chrétiens.

Parmi les clans Naga, les Naga Konyak sont souvent considérés comme les plus farouches. Ils obéissent au système des "angh", qui sont les chefs héréditaires, ce qui leur a permis de conserver plus de traditions et coutumes. Certains hommes Konyak ont le visage tatoué. Ils habitent la partie Nord du Nagaland, dans la région de Mon, où nous pouvons visiter des "morung" intéressants. Les morung étaient des sortes de dortoirs pour jeunes ainsi que des lieux de réunions de chaque quartier.
Parmi les villages que l'on découvre, celui de Longwa occupe une position privilégiée. Situé sur une crête, il est traversé par la frontière officielle entre Inde et Birmanie. Le angh, chef héréditaire du village, a justement sa maison à cheval sur les deux pays. C'est l'un des villages les plus beaux et les mieux conservés de toutes les Naga Hills. On peut même faire facilement une petite virée, non officielle, du côté birman, vers les maisons situées en contrebas de la crête. Les soldats birmans ne sont pas présents à la frontière……. ! Rencontre des Naga sur les sentiers et près du village : chasseurs, femmes ramenant du bois dans des hottes ou de l’eau dans des tubes de bambou, cultivateurs, etc.
Notre départ de fin Mars permet de vous faire assister au festival Aoeling des Naga Konyak.

Parmi les autres clans Naga, les plus importants sont les Angami, qui habitent dans la région de Kohima, la capitale du Nagaland, les Khamniungan près de la frontière birmane et en Birmanie, les Sema à la forte réputation guerrière, les Ao qui ont été les premiers à être christianisés, les Chakhesang, les Chang, ......

 

 

Un grand rassemblement est organisé chaque année sur la première semaine de Décembre par les autorités du Nagaland, il s'agit du Hornbill festival. Chaque clan Naga a ses propres fêtes, comme le Aoeling des Naga Konyak, mais le Hornbill est lui organisé par les autorités provinciales du Nagaland. Mais il a l'avantage de rassembler tous les différents clans Naga en un même lieu, dans un village bâti à environ 20 kilomètres de Kohima, au-dessus de la route qui mène vers le Manipur. Ce village abrite tous les types de maisons traditionnelles des différents clans Naga de tout le Nagaland : Angami, Chakhesang, Ao, Lotha, Khamniungan, Konyak, Sema, Zeliang, Sangtam, Phom, Yimchunger, Chang, etc….
Même si ces festivités ont été initialement organisées à l’initiative des autorités touristiques du Nagaland, c’est surtout destiné à entretenir la culture traditionnelle des Naga, notamment des clans qui commencent à la perdre un peu, et c’est une superbe occasion d’avoir un concentré de festivités, chants et danses, de tous ces clans Naga, en seul et même lieu, tout cela dans une ambiance très bon enfant.

 

     


Autres Etats du Nord-est de l'Inde

En dehors de l'Arunachal Pradesh et du Nagaland, il y a 5 autres Etats au Nord-est de l'Inde : Assam, Meghalaya, Manipur, Mizoram et Tripura.

L'Assam est la province la plus peuplée du Nord-est de l'Inde, car la plus grande et la moins montagneuse, centrée autour du fleuve Brahmapoutre et ses affluents. C'est aussi la province la plus connue grâce à la culture du thé, développée au 19ème siècle par les Anglais.
Le peuple Assamais est issu d’un mélange de populations Shan, originaires de Birmanie, et de Bengali. Les Shan, peuple de langue de type Thai, prirent possession de l’ensemble du territoire de l’Assam aux 12ème et 13ème siècles et y forgèrent un royaume totalement indépendant jusqu’au début du 19ème siècle, appelé royaume Ahom, avec Sibsagar comme capitale.
L'Assam abrite de nombreux autres peuples dispersés, tels que les Bodo, Kuki, Mishing, Kachari, etc....

Le Meghalaya, est situé au Sud de l'Assam occidental et au Nord du Bangladesh. C'est une région de collines abritant plusieurs ethnies montagnardes, dont les Khasi, derniers représentants en Inde du groupe ethno-linguistique Môn-Khmer.
Il y a aussi l'ethnie Garo et quelques festivals intéressants à découvrir.

Le Manipur est situé au Sud du Nagaland et à l'Est de la Birmanie. C'est un Etat indien très particulier car il semble être géré directement par les autorités militaires, qui ont plein pouvoir. Il y a une trentaines d'ethnies différentes, dont des Naga, des Kuki et des Mizo, qui se battent tous contre les autorités et l'armée indiennes, mais aussi les uns contre les autres pour contrôler des territoires.
Nous y sommes passés avec succès en Novembre 2006, à l'occasion de la Grande Caravane Asiatique 2006, qui allait de Samarkand vers les temples d'Angkor. Nous avions alors traversé le Manipur pour entrer en Birmanie dans la région de Tamu et Kalewa. Mais organiser un voyage dans cet Etat est très aléatoire, car piuvant être annulé au tout dernier moment selon l'évolution des évènements conflictuels.
L'ethnie principale est les Meitei, centrés autour d'Imphal, la capitale du Manipur, qui sont de confession hindouiste vaishnavite (dédiée à Vishnou).

Le Mizoram est habité par l'ethnie Mizo, qui sont en fait des cousins ethniques des Chin de Birmanie. C'est l'un des principaux sous-groupes de l'ethnie Chin. Les Mizo sont en grande majorité chrétiens. Cet Etat est situé au Sud du Manipur, à l'Ouest de la Birmanie, et au Nord-est du Bangladesh.

Le Tripura est le plus petit des Etats du Nord-est de l'Inde, coincé entre Bangladesh, à l'Ouest et au Sud), et Mizoram, à l'Est. On y rencontre différents peuples, dont les Tripura, dont les femmes portent de grosses boucles d'oreille tubulaires, que l'on retrouve aussi dans les Chittagong Hills du Bangladesh.


Les Chittagong Hills du Bangladesh

Les Chittagong Hills est une région de collines accidentée, située entre l’Etat indien de Mizoram, la Birmanie et le golfe du Bengale, abritant de nombreux peuples de différentes confessions religieuses, bouddhistes, chrétiens et animistes. Le caractère accidenté rend toute culture difficile. Pour tirer le meilleur parti des pentes escarpées de leur territoire, les différentes tribus pratiquent l'agriculture sur brûlis, cultivant de petites parcelles durant un cycle annuel avant de se déplacer vers de nouvelles parcelles, laissant les anciennes en jachère. Cette pratique est localement appelée Jhum, d'où le nom collectif de Jumma donné par les Bangladeshis à tous les peuples de ces collines, malgré leur grande diversité.
Il y a 11 ethnies principales dans les Chittagong Hills, les plus nombreux étant les Chakma et les Marma. Elles sont toutes ethniquement, culturellement et linguistiquement distinctes du reste de la population du Bangladesh, en majorité de langues tibéto-birmanes.

Il y a notamment les Mru, que l’on retrouve des deux côtés de la frontière. Ils vivent à l'écart des autres peuples des Chittagong Hills, sur les sommets, généralement dans des maisons construites sur pilotis, tout près de la frontière birmane. Le seul moyen d'approcher cette ethnie, plus nombreuse du côté birman, est ici, au Bangladesh, car du côté birman les régions habitées par les Mru ne sont pas du tout accessibles aux étrangers, et vraisemblablement pour encore un bon moment.
Tout en rencontrant les autres peuples, c’est chez les Mru que nous partons en immersion, et chez qui nous pouvons assister aux célébrations du Siachat, grande fête des Mru, ou à leurs préparatifs.

 

 

 

Durant les cinquante dernières années, les Jumma, qui étaient pratiquement les seuls habitants des Chittagong Hills, ont dû cohabiter avec l’arrivée de plus en plus de colons, à qui l’on attribue les meilleures terres. Ils ont parfois été chassés dans les régions les plus reculées et ont longtemps été confrontés à une violente répression de l'armée bangladeshie.

 

Nos parcours au coeur de ces régions :