Bruno Paulet est depuis de nombreuses années un ami de Tamera. Deux ou trois fois par décennie, il emmène des participants triés sur le volet dans ces régions d'Asie centrale dont il est un des meilleurs connaisseurs. Au cours de sa conférence donnée à Lyon le mardi 11 février dernier au centre Saint-Marc, Bruno nous a d'abord montré en images deux de ses voyages entre le Xinjiang (Chine) et le Tibet, puis le Pamir tadjik pour enfin finir par son ascension du sommet des Kunlun qui n'était pas loin d'être une première mondiale.
Découvrez en vidéo HD le panorama des photos lors cette conférence.
Nous revenons sur la dernière partie de la conférence de Bruno, l'approche puis l'ascension du Kunlun Goddess Kunlun : la plus méconnues des grandes chaînes de montagnes. Malgré ses trois mille kilomètres de longueur, et son existence attestée dans la mythologie chinoise, la chaîne des Kunlun reste largement inexplorée. Bordée au nord par le grand désert du Taklamakan et au sud par le plateau tibétain du Changthang, elle offre pourtant de nombreux 6000 et culmine à plus de 7 000 m. Les voies d’accès sont rares et obtenir un permis relève de la gageure.
Pour l’approche, mieux vaut choisir légèreté et discrétion. Bruno Paulet s’en est fait une spécialité, seul ou avec des compagnons choisis : exploration des contreforts que constitue le massif de l’Altyn Tagh, traversée de la chaîne principale par le col historique mais aujourd’hui abandonné de Sanju (5 360 m) ou l'approche du col de Keriya. Parmi ces expéditions, il effectue l'ascension au Kunlun Goddess (35°19 N, 80°55 E), sommet de la chaîne, dont l’historique des ascensions est plus que flou. Il y a probablement eu une équipe japonaise dans les années 80, puis rien. Raison de plus pour aller voir ! Une reconnaissance téméraire en 2005 avec Jacques Raymond qui partage le goût des blancs de la carte, puis une tentative en avril & mai 2006 où les rejoint Christian Trommsdroff, guide réputé de Chamonix. Dans un LandCruiser surchargé, ils traversent tout le Tibet depuis Lhasa : route vers le Changthang puis 200 kilomètres hors piste sont nécessaires pour établir un camp de base au pied du glacier à 5300 m. Une reconnaissance / portage dans le mauvais temps permet d’identifier un passage en bordure de glacier donnant accès à un grand champ de neige conduisant aux pentes sommitales de difficulté estimée AD.
Le 6 mai 2006, Christian Trommsdorff et Bruno Paulet atteignent en style alpin le sommet à 6 980 m. Ils constatent que le sommet principal est au bout d’une longue arête sur laquelle ils ne peuvent s’engager car le mauvais temps menace. La suite de l’histoire reste à écrire, en profitant de l'attrait naissant des chinois pour l'alpinisme, tout en négociant les méandres des régulations changeantes de l'Empire du Milieu.
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