Lorsque votre famille ou vos amis demandent où vous partez cette fois faire un trek, il y a souvent un sourire approbateur. Ils sont habitués à vous voir évoluer dans des pays qu’ils peuvent visualiser sur une carte. Mais souvent, avec le Bhoutan, il en va tout autrement. Certains en ont déjà entendu parler, suite à la création du BNB (le Bonheur National Brut), mais cela s’arrête là. Impossible de le positionner sur l’atlas mondial. En Himalaya, certes, mais où ? Népal, Tibet et Inde… rien n’est très loin, mais il reste tout de même un certain flou. Vous précisez alors que c’est un petit pays grand comme la Suisse avec 750 000 habitants, coincé entre deux mastodontes : Chine (Tibet) et Inde. Laurent Boiveau a accompagné un groupe Tamera sur cet itinéraire mythique en octobre dernier. Entre hauts sommets himalayens et villages reculés, il revient sur ce fabuleux voyage à travers un pays qui a su garder ses traditions himalayennes bien vivantes.
Premier village, premières rencontres
Maintenant, direction le Bhoutan pour en faire sa découverte par le trek le plus mythique de tout l’arc himalayen : le Snowman trek.
Parce qu’il faut l’avouer, c’est tout de même un trek nimbé de mystère. Un trek où le taux de réussite est faible. Rejoindre le point final du trek n’est pas chose facile. Le principal responsable en est la météo. Un peu (beaucoup) de neige et il faut avoir à l'esprit que, très certainement, le voyage pourrait s’arrêter au dernier village, celui de Thangza.
Le premier col, celui de Sinche (5010 m) est un premier essai. Avec lui, nous évoluons au cœur des montagnes bhoutanaises. Il permet de rallier l’un des villages les plus connus de la région : Laya.
Les chapeaux en bambous que portent les femmes l’ont mis en avant dans de nombreux reportages depuis que le Snowman trek existe. Les villageois ont leur propre langue et leur propre coutume. C’est une plongée dans un nouvel univers.
En quittant ce village, nous abandonnons la région du Jhomolhari (7314 m) pour avancer en suivant de profondes vallées où les éleveurs de yacks sont encore à l’estive. Puis, passer quelques villages isolés : Woche, Shansha… pour enfin atteindre celui que je trouve le plus intéressant, Thangza. Ce village est la quintessence même de ce voyage.
Riches de multiples Gompas (monastères), avec ses champs cerclés de murets de pierre, et ses habitations typiques du lieu. Les habitants utilisent la roche environnante et vont chercher dans les premières forêts les troncs nécessaires à la charpente et à la toiture.
En cette fin d’automne, les femmes profitent des derniers jours ensoleillés pour prendre le temps de séparer les grains d’orge de la paille pour les griller puis les moudre. Durant de nombreuses heures, elles s’affairent à la production de cette future tsampa (farine) qui servira à leur alimentation de base durant l’hiver rigoureux qui sévit à des altitudes dépassant les 4000 m.
Leur vallée est fermée par une immense barrière de montagnes et de glace, l’isolant une grande partie de l’année. Seules des caravanes de mules et de chevaux apportent de quoi agrémenter la farine d’orge et tout ce que peut produire le yack.
Même aussi éloignés de la première piste, les archers continuent à entretenir le sport national pour perpétuer cette tradition. Les tournois entre villages permettent de maintenir une cohésion sociale là où l’espace aurait tendance à les séparer.
Retourner dans le sauvage
Il est temps de quitter ce dernier village. C’est à ce moment que le challenge débute. Un col dans la neige, cela nécessite de nombreux efforts, mais en se servant de certains repères, il est tout à fait possible de forcer le passage. Par contre, si vous devez enchaîner plusieurs jours dans ces conditions, c’est mission impossible.
Les mules ont besoin d’un sol stable pour se déplacer. Il est évident que de lancer une caravane dans des moraines complexes dans ces conditions, n’aura comme résultat que de se retrouver bloqués à un moment ou un autre. Il faudra alors revenir sur ses pas, le moral en berne et sans solution immédiate. À part, peut-être, celle de rentrer en hélicoptère. Ce qui est très loin de l’objectif premier.
Prier l’esprit de Tsangpa Gyare, à l’origine de la lignée Drukpa, ou plus naturellement Guru Rinpoché, pourquoi pas ? Mais le résultat n’est pas certain.
En cette année 2022, après quelques années d’absence suite au COVID, ce sont surtout sur les yacks que nous avons pu compter. Sentant l’hiver approcher à grands pas, les éleveurs ont eu l’heureuse idée de rejoindre le village de Thangza. Grâce à ce timing parfait, la caravane de yacks a tassé la neige et tracé notre cheminement dans un dédale de vallées et de lacs.
Les cols sont franchissables et la progression possible. Bien entendu, les journées deviennent plus longues, car il est malaisé de marcher dans la neige. Mais au moins, nous gardons à l’esprit que ce Snowman trek se terminera bien en temps et en heure au point prévu.
Le froid est intense et les nuits sont longues, très longues diront certains. Mais le plaisir de progresser et de se dire que l’on va y arriver permet de passer outre tous ces « petits » désagréments. Le sommet du Bhoutan, le Gangkar Punsum (le sommet le plus haut jamais grimpé par l’humain, 7 350 m), nous fait un petit clin d’œil dans une belle tempête de ciel bleu. Les lacs s’enchaînent, plus ou moins gelés, mais avec une couleur différente pour chacun. Les glaciers sont recouverts d’une mince couche de neige, tout est monochrome, du plus bel effet. Quelques canards font entendre de la voix, à se demander ce qu’ils attendent avant de migrer vers le sud.
Pour un Snowman trek réussi
Puis, les premiers bosquets apparaissent, suivis des premiers arbres, d’imposants cèdres, et l’on voit bien que la vie reprend ses droits. Nous sommes passés, rien ne peut nous empêcher maintenant de rejoindre Nikachu, notre point final.
Un dernier col (Tampe La) au-dessus d’un lac ombragé nous permet de rejoindre pour une pause bien méritée un replat herbeux face au lac d’Om Te tso. Un instant où l’on oublie les durs moments passés, où au soleil on prend le temps. Celui d’admirer et de se féliciter intérieurement d’avoir réussi son Snowman trek.
Un dernier lac où les drapeaux à prière volent dans le vent nous donne une idée de la ferveur religieuse de ces vallées perdues. Il faudrait revenir lors d’un pèlerinage.
Mais le bas de la vallée nous attire irrémédiablement, la forêt se fait de plus en plus dense, tout à fait normal pour un pays qui en est constitué à 60 %. Une fumée bleue, et la première maison apparaît sur le premier plat. Nous sommes au cœur d’une verdure qui a pris ses aises. C’en est presque à nous faire oublier toutes les difficultés que nous avons pu rencontrer ces derniers jours. Un regard vers les premiers sommets qui dominent dorénavant notre vallée, ils sont là pour se rappeler à notre bon souvenir.
Suivre une piste récemment ouverte pour rejoindre le premier village et retrouver gâteaux, sodas et bières (le whisky était de trop…), nous invite à nous dire que le Snowman trek est bel et bien terminé.
Il reste encore bien des aspects de ce pays à découvrir. De nombreux Dzong (dont celui de Punakha) sont présents sur la route qui nous ramènera à Paro, la ville de sortie du Bhoutan. Un dernier repas traditionnel où la volonté de manger local peut être violemment mise à mal par la puissance des piments locaux. Aucune importance, la cuisine bhoutanaise est d’une grande richesse qui prend toute sa valeur au retour du Snowman trek.
Participez au mythique Snowman trek.
Partir au Bhoutan avec Tamera
Basée dans le vieux Lyon, l'agence Tamera est spécialiste des voyages et treks au Bhoutan, au pied de l'Himalaya. Un pays qui propose des paysages de montagne d'une incroyable beauté, des splendeurs architecturales et une population d'une rare hospitalité, à laquelle s’ajoutent une culture traditionnelle préservée et de nombreuses fêtes. Nos experts vous aideront à identifier les programmes qui correspondent le mieux à vos envies, votre expérience et votre condition physique.
Nous proposons également des extensions de 4 à 7 jours pour les personnes qui voyagent en Inde ou Népal et veulent découvrir le Bhoutan.