Le Jharkhand est un petit État méconnu de l’Inde orientale, coincé entre le Bihar, le Bengale, l’Orissa et le Chhattisgarh. Cet État est très peu visité, car longtemps associé à la guérilla naxalite, qui est encore active dans quelques régions du Jharkhand, mais aussi des États voisins. Nous sommes allés en voyage de reconnaissance au Jharkhand en novembre 2024 et, suite à ce voyage, avons mis sur pied un programme d’une quinzaine de jours, avec des dates de départ centrées autour d’une ou plusieurs fêtes. Nous proposons aussi le Jharkhand en extension à plusieurs de nos voyages, que ce soit en Orissa, le long du Gange ou ailleurs, mais cela peut également entrer dans la composition d’un voyage sur mesure.
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Le Jharkhand, État ethnique de l’Inde orientale
Pas plus grand que la Suisse, et coincé entre Bihar, Bengale, Orissa et Chhattisgarh, le Jharkhand est constitué des anciens districts méridionaux de l'État du Bihar, dont ils se sont détachés en l’an 2000. Son nom signifie « terre des forêts » en sanskrit, et il est habité par un grand nombre de peuples anciens, comme c’est aussi le cas en Orissa et Chhattisgarh. Un des buts de la création de cet État était la mise en avant des populations tribales et leur développement, revendication exprimée depuis plus de cent ans. Comme c’est une région qui regorge de ressources minières, développement a malheureusement souvent rimé avec déplacement des populations tribales pour exploiter ces richesses. Cela a conduit à des conflits, parfois au retrait de grands projets, ainsi qu’à une forte activité de groupes rebelles naxalites, d’obédience maoïste, qui opèrent d’ailleurs aussi dans certaines régions de l’Orissa, du Chhattisgarh et du Bihar. C’est un État complètement oublié, pour l’instant, par les voyageurs étrangers.
Carte du Jharkhand avec les états limitrophes
Peuples du Jharkhand
Les différents peuples que l’on rencontre au Jharkhand sont en majeure partie des agriculteurs sédentaires. Les plus nombreux sont les Santhal et les Munda, de langues austroasiatiques.
Les Santhal sont le groupe ethnique le plus important, avec environ six millions d’âmes, concentrés au Jharkhand, mais on en rencontre aussi quelques communautés dans les États indiens voisins, et même jusqu’au Bangladesh et au Népal. Leur insurrection, en 1855, fut l'une des plus importantes de l'époque de la colonisation britannique. Ce qui explique ce côté farouche du Jharkhand à la domination, qu’elle soit coloniale ou plus récente avec les grandes entreprises et les expropriations. Ils sont connus pour leurs longues peintures sur rouleau, que des conteurs emmenaient de village en village pour raconter des histoires, telle une bande dessinée.
La langue des Munda, classée comme austroasiatique comme le khmer, le môn et le vietnamien, comporte aussi quelques ressemblances avec l’indonésien. Le munda est en réalité un groupe de vingt-et-une langues. Ils ont la peau très foncée malgré leur origine indochinoise, en raison du métissage avec des populations autochtones plus anciennes de type négroïde et avec les Vedda, peuple de type pygmée dont on retrouve encore quelques membres dans les forêts du Sri Lanka de nos jours.
Les Oraon et les Ho sont deux autres peuples importants du Jharkhand. Ho signifie « humain » dans leur langue, qui est apparentée au mundari. Plus de 90 % des Ho pratiquent le sarnaisme, croyance religieuse propre au Jharkhand. Sarna signifie « bosquet sacré » dans la langue des Munda. À la périphérie de chaque village, le « bosquet sacré » est le lieu de nombreuses festivités en l’honneur des esprits. Cette religion Sarna est profondément enracinée dans le culte de la nature, et ses adeptes entretiennent un lien étroit avec les éléments naturels tels que les forêts, les rivières et les collines, qui sont considérées comme des entités sacrées. Les Oraon, appelés aussi Kurukh, sont de type dravidien, comme des peuples situés plus au sud. Seulement 30 % pratiquent le sarnaisme, les autres étant devenus hindous ou chrétiens.
Danse au son des grands tambours dans un village des Santhal
©Jérôme Kotry
Retour de la reconnaissance de novembre 2024
La première chose qui nous a étonnés au Jharkhand est que ce n’est pas si montagneux que cela. Les régions les plus montagneuses sont celles où opèrent encore les Naxalites, donc toujours non accessibles. Nous n’avons d’ailleurs pas pu faire l’intégralité du programme prévu initialement, d’autant plus que notre programme a été perturbé par des élections locales. Le relief est en fait une succession de plateaux vallonnés, où la présence des mines et des complexes industriels est très frappante, surtout dans la partie nord et est. Il y a notamment d’énormes mines de charbon.
Et pourtant, dès que l’on quitte les grands axes nous découvrons de beaux villages restés traditionnels, certains avec ces magnifiques peintures murales mises à l’honneur au moment de la fête de Sorhai. Nous avons beaucoup apprécié ces peintures murales, réalisées par les femmes, dans la région d’Hazaribagh mais aussi ailleurs, notamment dans un beau village des Santhal. À Hazaribagh, nous avons rencontré monsieur Bulu Imam, qui a découvert les peintures paléolithiques d'Isko, protégées par un énorme bloc de grès. C’est un défenseur fervent des peintures sorhai et il a établi un petit musée très intéressant.
Une femme réalise une peinture sorhai sur le mur de sa main ©Jérôme Kotry
L'on croise aussi de nombreux haat, marchés ethniques locaux intéressants, comme ceux que l’on peut voir en Orissa et au Chhattisgarh. Il n’y a pas de peuple aussi marquant que les Bonda et les Gadhaba d’Orissa, mais l’accueil de la population est bon enfant et bienveillant. Les sourires sont plus présents sur les visages, et cela provient certainement du fait qu’il n’y a quasiment aucun touriste. Nous avons eu de magnifiques accueils dans les villages, avec beaucoup de danses et de chants, et notamment avec d’énormes tambours mobiles dans un village des Santhal. Véritablement magique ! Lors de ce voyage, nous avons aussi rencontré des danseurs pratiquant le Chhau, danse inscrite désormais au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, et qui se pratique au Jharkhand, au Bengale et au nord de l’Orissa. Elle s’inspire d’épisodes d’épopées, dont le Mahabharata et le Ramayana, et du folklore local. Les danseurs sont masqués. Cette danse chhau tirerait son origine de formes de danses autochtones et de pratiques guerrières, et est intimement liée aux fêtes régionales, en particulier la fête du printemps.
Danse Chhau, classée au patrimoine immatériel par l'Unesco ©Jérôme Kotry
Les fêtes et célébrations
C’est au moment de fêtes et célébrations qu’il est plus intéressant de découvrir le Jharkhand. Il y en a tout au long de l’année, mais nous avons sélectionné pour le moment les fêtes suivantes : Sorhai, Chhath Puja, Sarhul et Bhadli Mela.
Sorhai
Sorhai c’est une fête des récoltes comportant une importante dimension artistique avec ces peintures murales et éphémères réalisées par des femmes, représentant divers motifs et symboles liés à la nature, aux animaux et à leurs croyances, dont l’origine date du paléolithique, et que l'on retrouve dans des grottes. Elle se déroule dans les jours qui suivent Diwali, la fête indienne des lumières, donc sur fin octobre ou début novembre selon le calendrier lunaire. À cette occasion, les femmes peignent les murs de leurs maisons avec des couleurs naturelles, représentant des motifs d'animaux, de plantes et des scènes de la vie quotidienne. Les couleurs proviennent de pigments naturels mélangés à de la boue. Ces peintures sont censées apporter la prospérité et protéger à la fois la famille et les cultures. C’est une tradition matriarcale transmise de mère en fille. Sohrai est aussi un moyen de préserver et de promouvoir une tradition artistique culturellement riche qui met en valeur la créativité et le savoir-faire des femmes tribales. C’est aussi un moment de rassemblements sociaux et d'activités culturelles. Les communautés tribales se livrent à des danses et des chants pour exprimer leur gratitude envers la nature et honorer leurs ancêtres.
Santhali Sorhai
Les Santhal célèbrent Sorhai à un autre moment de l’année. En 2025 c’était entre le 10 et le 15 janvier. Nous ferons un départ à cette occasion en janvier 2026, car les Santhal sont le peuple le plus emblématique du Jharkhand, et il y a dans la région de Bistupur un magnifique village des Santhal où il sera possible de participer à cette fête.
Peintures murales dans un village des Santhal ©Jérôme Kotry
Chhath Puja
Chhath Puja est célébrée dans la plupart des régions du Jharkhand, du Bihar, de l'Uttar Pradesh et dans certaines parties du Népal. La fête débute le sixième jour du mois de Kartika. Elle dure quatre jours et est consacrée à l'adoration de Surya, le dieu Soleil pour obtenir sa bénédiction et prier pour que la famille reste en bonne santé et prospère. Cette fête culmine avec des milliers de gens qui se retrouvent en famille sur des bancs de sable de rivières sacrées au coucher du soleil, puis à nouveau le lendemain matin au lever du soleil. Ils offrent des prières à Surya, déposent des bougies sur des feuilles tressées au fil de l’eau, envoient dans le ciel des ballons de papier avec une bougie dessous, se plongent dans les eaux sacrées, etc. Dans chaque famille, une femme est désignée maître de cérémonie et doit jeûner sur deux jours. Nous participons à cette Chhath Puja dans le même départ que la fête de Sorhai.
Célébration de la Chhath puja dédiée à Surya, le dieu soleil ©Jérôme Kotry
Sarhul
Toutes les communautés tribales du Jharkhand célèbrent cette fête pour accueillir la saison du printemps, à partir du troisième jour du mois de Chaitra. C’est en quelque sorte le symbole du commencement de l’année, un peu comme le nouvel an bouddhiste Theravada célébré chaque année à la mi-avril en Thaïlande et en Birmanie, au Sri Lanka, au Laos et au Cambodge. La fête de Sarhul se déroule sur deux jours. C’est un moment où la religion Sarna est à l’œuvre, autour du « bosquet sacré ». Les villageois offrent des prières et des sacrifices à la nature, demandant des bénédictions pour une bonne récolte. C’est aussi le plus grand défilé tribal du Jharkhand. En 2025, cette fête aura lieu les 1er et 2 avril.
Bhadli Mela
La foire de Bhadli se déroule autour d’un ancien temple dédié à la déesse Kali et à Shiva près de Hazaribag, le jour du Makar Sankranti, c’est-à-dire entre le 14 et le 15 janvier de chaque année. Toutes les tribus de la région se rendent à la foire. On pourra combiner cette fête avec la fête Sorhai des Santhal.
Sur un marché au Jharkhand ©Jérôme Kotry
Notre nouveau voyage au Jharkhand
Même si le programme sera un peu différent pour chaque date de départ comportant des fêtes, selon leur lieu et les dates, le principe reste le même. Nous arrivons d’abord en avion à Ranchi, la capitale du Jharkhand. Nous découvrons ensuite les régions de Bistupur et Chaibasa, à l’est, puis celles de Simdega, Gumla et Netarhat au sud et plus à l’ouest. Après un passage par la région de Betla, nous arpentons enfin la région d’Hazaribagh, avec ses peintures murales sorhai et les peintures rocheuses d’Isko. Nous terminons le voyage à Ranchi, mais offrons la possibilité d'une extension vers Bodhgaya, avec visite en chemin du pèlerinage jaïn de Parasnath, puis vers Varanasi avec découverte en chemin de la ville de Sasaram et son mausolée moghol au milieu d’un lac. Nous visitons de nombreux villages et participons à environ 5 à 8 marchés hebdomadaires. Le nombre de marchés et les lieux dépendront des fêtes que l’on découvre et leurs dates.
Marché hebdomadaire au Jharkhand ©Jérôme Kotry
Extension Jharkhand
Nous proposerons le Jharkhand en extension à plusieurs de nos programmes. L’extension la plus naturelle est à la suite du programme en Orissa et Chhattisgarh où, après les visites dans la région de Bhoramdeo, au lieu de revenir vers Raipur, nous partons vers Bilaspur, d’où nous prenons le train vers Rourkela, qui est encore au Chhattisgarh, mais à seulement 80 kilomètres de la région de Simdega. Nous découvrons donc d’abord la région de Simdega, puis celles de Chaibasa et Bistupur, avant de rejoindre Ranchi et Hazaribagh. Nous ferons de même pour une arrivée en avion à Ranchi, où nous irons vers la région de Simdega pour débuter l’extension. Il y aura bien sûr la visite de villages et la participation à des marchés hebdomadaires, dont les lieux seront fonction des dates précises du séjour au Jharkhand.
Femme Oraon confectionnant des assiettes à base de feuilles ©Jérôme Kotry
Voyage sur mesure incorporant le Jharkhand
Nous avons établi les programmes avec des fêtes, ainsi que l’extension, à partir d’une sélection de villages, de marchés et de régions que nous avons faite. Mais il y a bien d’autres possibilités et combinaisons, et nous pouvons organiser des voyages sur mesure, que vous soyez un petit groupe d’amis ou une famille, ou seulement deux participants. Nous pouvons aussi intégrer un petit module Jharkhand au sein d’un programme sur mesure incorporant d’autres éléments, comme en Orissa, au Chhattisgarh, au Bengale, au Bihar, et même au Madhya Pradesh avec les parcs nationaux de Kanha et Bandhavgarh et leurs tigres.
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