26 décembre 2022 - Himalaya et Inde, Pakistan, Trekking
Paysage du sud Pakistan

Le Pakistan, jeune république islamique depuis 1947, ne peut réduire son identité à cette seule partie de son histoire. Lieu de rencontre depuis des millénaires, il fut le théâtre de multiples ravages engendrés par des civilisations et empires aux croyances et religions diverses, mais il était aussi un territoire propice à la paix et prospérité pour un bon nombre de peuples vivant en harmonie. Destructions et reconstructions. Enfin, n'oublions pas qu’avant de devenir une république, la région, autrefois intégrante de « l’empire des Indes », partage une grande partie de sa culture avec l’Inde voisine. Pourtant, sa richesse culturelle est peu mise en valeur, une erreur ! Après avoir mené divers treks et séjours au nord du pays, nous avons proposé un premier voyage, À la découverte des civilisations du sud Pakistan, permettant de découvrir découvrir le sud du pays, accompagné par Barbara Delière, notre experte. De retour, elle décrit un Pakistan différent, atypique et merveilleux, qui promet de ravir les amoureux des grands espaces, de la culture perse et moghole, et tous ceux qui veulent renouer avec « un passé » encore bien présent.

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Lahore, le début de notre voyage au Pakistan

© Barbara Delière
© Barbara Delière

Un premier voyage, comme un appel pour retrouver un monde oublié. Avec notre groupe, nous allons à la découverte de ce sud, peu connu et plus réglementé que le nord (quelques escortes policières sont nécessaires), et cheminons le long du fleuve Indus sur les traces des plus anciennes civilisations du monde et des peuples.

Notre groupe
© Barbara Delière

Nous commençons par un petit « détour au nord » à Peshawar, pour aborder la civilisation du Gandhara, autre région (et art) majeure qui constitue l’identité du pays. Puis direction Lahore, toute proche de la frontière indienne, et riche des monuments qui la composent. Elle est aussi la porte d’entrée vers cet univers plus rural et varié que constituent les provinces du Penjab et du Sindh. Elles furent, quelques mois plus tôt, en proie à des pluies diluviennes qui ont ravagé villages et champs agricoles, laissant une grande part de la population sans abris ni récoltes. Fort heureusement, avec l’aide locale et internationale, de Lahore jusque Karachi, la vie reprend ses droits, et la population nous accueille avec toujours autant de chaleur et de curiosité, pour notre plus grand bonheur.
 

L’art du Gandhara, déjà un autre monde

mosquée Mahabat © Barbara Delière

La capitale, Islamabad, est confortable, mais n’a pas la vigueur et le charme des villes comme Peshawar, une des plus anciennes du pays, et de l’Asie centrale dans son ensemble. Ses vieilles ruelles dévoilent la superbe mosquée Mahabat Khan et de multiples demeures, délaissées, mais qui ne passent pas inaperçues.

mosquée Mahabat © Barbara Delière

C’est ici que nous débutons le voyage, dans l’ancienne région du Gandhara, pour apprécier les magnifiques statues et pièces uniques sur la vie du Bouddha, en partie issues des fouilles du site de Takht-e-Bahi, que nous visiterons par la suite. Certainement la plus belle collection « d’art gréco-bouddhique » au monde, un incontournable avec Taxila, une des flamboyantes capitales, lieu d’enseignement et de pèlerinage il y a plus de 2000 ans, mais aussi axe commercial connu de tous les voyageurs en chemin, des royaumes indo-grecs (entre les actuels Afghanistan, Pakistan et Inde du Nord) à la Chine impériale.

 

Lahore, capitale culturelle grâce à l’Empire moghol

femme pakistanaises devant une mosquée
© Barbara Delière

Pour notre exploration du sud, les températures en cette fin de novembre sont confortables, le ciel peut être voilé à l’approche des grosses agglomérations, mais, en fin de journée, les couchers de soleil qui s’éternisent sur les horizons immenses sont chaque fois exceptionnels.

Nous sommes au Penjab, province la plus peuplée et riche du pays, et une fois à Lahore, capitale polluée, impossible de ne pas remarquer le ciel gris et brumeux. Sans le vouloir, cet effet nébuleux amplifie le charme des monuments sur place, authentique marque des empires moghols, qui deviennent alors intemporels. Nous voilà devant de rares et somptueuses mosquées aux arts et décorations diverses, en grande partie construites pendant le règne de Shah Jahan (créateur du Taj Mahal), comme la mosquée Wazir Khan dans la vieille ville, la mosquée Badshahi Khan, une icône, véritable joyau à admirer sur les hauteurs du fort qui l’accole, lorsque le soleil rougit le soir venu…

Coucher de soleil sur la ville© Barbara Delière

Enfin, autour de Lahore, nous admirons le superbe tombeau de Jahangir et les jardins de Shalimar, aux influences persanes dont la quiétude contraste avec l’agitation permanente du centre-ville, avant de renouer un temps avec l’Inde lors de la cérémonie des drapeaux à Wagah, seul poste-frontière terrestre entre les deux pays. Ici, chaque soir, la foule survoltée, se prend d’élans patriotiques glorifiant sa nation, et ses gardes, héros d’un soir. Un spectacle à ne pas manquer ! 

Garde au Pakistan© Barbara Delière

 

Du Penjab au Sindh, la civilisation de l’Indus, reflet d’une humanité sereine

artisanat pakistanais© Barbara Delière

L’Histoire est partout, elle respire sur les pierres en grès qui s’effritent et qui ne peuvent rien face au pouvoir du temps, du vent et de l’eau. Comme une grande partie des œuvres culturelles du monde, au Pakistan, les tombeaux, ruines et mosquées sont en grande partie reconnue au patrimoine mondial de l’Unesco depuis une trentaine d’années.

Rien, comparé aux millénaires des sites archéologiques de la civilisation de l’Indus, révélés il y a juste 100 ans ! Depuis, elle laisse autant de mystères que de preuves de son ingéniosité. Riches de son agriculture et de son art, les deux capitales majeures, Harappa au Penjab et Mohenjo-Daro, dans le Sindh, faisaient commerce avec la Mésopotamie, frappant la preuve de leur marchandise d’un sceau sophistiqué, gravé d’une licorne ou d’un zébu, symboles fascinants de leur habileté à l’artisanat.

visite de sites archéologiques© Barbara Delière

Les habitants précurseurs en matière de génie civil et d’organisation sociale plaçaient les enfants et le bien-être de la communauté en priorité de vie, et si on peut encore déambuler dans Mohenjo-Daro, la ville offrant un réseau de ruelles digne des sociétés modernes, il ne reste rien d’Harappa, dont les briques du site antique auraient été prises par des ouvriers de l’époque, trouvant le « stock » sous leurs yeux pratique pour construire les premiers bâtiments des futurs lignes de chemin de fer... Il en reste un musée, riche d’une collection essentielle à la compréhension de l’artisanat et mode de vie.

artisanat au pakistan© Barbara Delière

Retenons surtout que la grandeur de cette civilisation, (la population totale aurait été de 5 millions), et son étendue, (1 500 km le long de la rivière, mais aussi de l’Afghanistan au Népal), remettrait aujourd’hui en cause les « premières » attribuées au Proche-Orient ancien….

 

Du bleu azur au bleu profond

mosquée© Barbara Delière

Le trajet entre la cité harappéenne au Penjab et Mohenjo-Daro au Sindh, est aussi l’occasion de se plonger au cœur de la culture soufie, la version « mystique » de l’islam introduite au Pakistan il y a 1000 ans et dont l’esprit réside encore ici, comme à Multan, à travers la grande mosquée d’Eidgah et le mausolée de Rukh-e-Anan juste spectaculaire !

Ce qui frappe dès lors et jusqu’à la fin de notre voyage dans le Sindh, c’est la dévotion à laquelle se prêtent ceux qui viennent prier ici (et de manière envoutante à Sehwan Sherif dans le très vénéré sanctuaire de Lal Shahbaz Qalandar), mais aussi la manière aiguisée dont est travaillé le marbre blanc ainsi que la beauté du graphisme s’ajoutant aux faïences de bleu et ses variations qui rappellent l’Iran et l’Ouzbekistan. La couleur bleue est partout, jusque dans les poteries, fierté de la ville, elle façonne considérablement le sud rappelant toute les richesses des pouvoirs qui ont régné ici.

poteries dans la ville© Barbara Delière

En exemple, Uch Serif, un incontournable malgré la destruction partielle du site suite à des inondations au 18e siècle. La présence des 3 tombeaux, au milieu de « nulle part », donne encore plus d’éclat aux façades désolées. Enfin, à Thatta, la mosquée de Shah Jahan, aux formes géométriques élaborées, est un joyau d’architecture qui subjugue tout voyageur fasciné par l’Asie centrale.

homme jouant du tambour© Barbara Delière


Le sud du Pakistan comme un retour dans le temps

Fort de Derawar© Barbara Delière

L’étendue des espaces que nous traversons est une chance pour passer d’un univers à l’autre, entrecoupé de murailles et forts majestueux, comme celui de Derawar, impressionnant par ses gravures et la mosquée avoisinante en marbre, puis vers Rani Kot, où les paysages plus montagneux et minéraux, nous font passer dans un « autre monde ». Les habits des femmes sont colorés, la joie des enfants rayonne, et la vie rurale prend toute sa valeur. Nous nous adaptons aux rencontres et à ce que nous croisons : visite d’une récolte de sucre de canne, salutations et admirations devant les tracteurs et charrettes débordantes de paille de blé et de riz...

Ici, les bergers et les champs sont légion, et si l’éducation fait faillite pour les enfants au-delà du primaire, on ressent une liberté et une ouverture d’esprit qui, poussée par la curiosité des rencontres et la tolérance prônée par le soufisme, donne accès à des moments rares et uniques. Nous côtoyons l’Histoire, et pas seulement sur les œuvres immortalisées des grands empires, mais aussi à travers le regard du vivant et de cette population pakistanaise, tout aussi complexe et intéressante.

Pakistanais devant paysage© Barbara Delière


Conclusion

Il y a tellement de monuments, paysages et populations à voir et rencontrer que je ne doutais pas que ce programme dans le sud serait adapté au mot « découverte », clou du voyage. Mais je dois avouer que cette progression constante dans un temps et un espace qui ne cessent d’évoluer sous nos yeux est une véritable merveille.

Et si les empires de passage n’ont pas réussi à s’établir totalement ici, l’art, lui, a su se mettre au service de la mémoire et de la beauté, pour créer un univers et un patchwork qui ne ressemblent à nul autre. Venir ici, c’est rappeler le lien qui unit tous les pays qui aujourd’hui entourent le Pakistan. Ce dernier étant le cœur qui a su mettre en avant, un temps, tous les empires et civilisations de l’Asie, sans ne jamais cesser de battre…

Merveilles du pakistan© Barbara Delière

 

Partir au Pakistan avec Tamera

Tamera est le spécialiste du trek au Pakistan, un des endroits les plus beaux et les plus sauvages de la planète. Basée dans le vieux Lyon, Tamera propose une sélection rare et hors des sentiers battus de voyages et treks au Pakistan. Nos experts vous aideront à identifier les treks qui correspondent le mieux à vos envies, votre expérience et votre condition physique.

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