Nous partons fin octobre 2024 pour explorer l'un des États les plus récents de l'Inde, le Jharkhand, constitué en novembre 2000 à partir des anciens districts méridionaux de l'État du Bihar. Largement méconnu, son nom signifie « terre des forêts ». Comme les états voisins d’Orissa et Chhattisgarh, le Jharkhand est habité par un grand nombre de peuples anciens, notamment les Santhal et les Munda. Nous partons à la rencontre de ces peuples dans les villages et lors de grands marchés hebdomadaires, nous prenons part à des festivités, notamment celle de Sohrai. Pendant cette célébration, les femmes des villages décorent leurs maisons avec des peintures colorées représentant divers motifs et symboles liés à la nature, aux animaux et à leurs croyances, qui remontent au paléolithique et que l'on peut retrouver dans certaines grottes.
Retrouvez tous nos voyages en Inde.
Voyage au Jharkhand fin octobre 2024
Nous partons fin octobre 2024 pour un tout premier voyage au Jharkhand, accompagné par Jérôme Kotry, à la rencontre des peuples anciens qui y résident, notamment les Santhal, Munda, Ho et Oraon. Ils habitent dans cette région de plateaux vallonnés et couverts de forêts, et nous rencontrons ces peuples dans leurs villages et à l'occasion de grands marchés hebdomadaires. Nous avons sélectionné six marchés dans diverses régions du Jharkhand, comme nous le faisons depuis longtemps dans les États voisins d'Orissa et Chhattisgarh. Nous participons aussi à la grande fête annuelle de Sohrai, fête des récoltes comportant une importante dimension artistique avec ses peintures murales et éphémères réalisées par des femmes, représentant divers motifs et symboles liés à la nature, aux animaux et à leurs croyances, dont l’origine date du paléolithique, et que l'on retrouve dans des grottes.
En fin de voyage, nous rejoignons Varanasi, où nous participons à la grande fête annuelle de Dev Diwali, et une extension est ensuite possible vers la foire annuelle de Sonepur, dans la région de Patna, au Bihar, à la fois foire et fête religieuse avec bains dans le Gange.
Le Jharkhand, État ethnique de l'Inde orientale
Grand comme un peu moins que la Suisse, le Jharkhand est le dernier né parmi les États de l’Inde, créé le 15 novembre 2000, 15 jours après le Chhattisgarh. Cet État de Jharkhand est constitué à partir des anciens districts méridionaux de l'État du Bihar. Son nom signifie « terre des forêts » en sanskrit, et il est habité par un grand nombre de peuples anciens, comme c’est aussi le cas dans les États voisins d’Orissa et Chhattisgarh. Un des buts de la création de cet État était la mise en avant des populations tribales et leur développement, revendication exprimée depuis presque cent ans. Mais c’est aussi une région qui regorge de ressources minières, et développement a malheureusement souvent rimé avec déplacement des populations tribales pour exploiter ces richesses dormant sous leurs terres. Cela a conduit à des conflits entre les grandes entreprises et les populations locales, et au retrait de grands projets, ainsi qu’à une forte activité de groupes de rebelles naxalites, d’obédience maoïste, qui opèrent d’ailleurs aussi dans certaines régions de l’Orissa, du Chhattisgarh et du Bihar.
Près du tiers des habitants du Jharkhand appartiennent à des groupes ethniques indigènes et seulement 20 pour cent de la population vit dans les régions urbaines.
Le vaste plateau de Chota Nagpur occupe une bonne partie du territoire du Jharkhand, avec de grandes forêts luxuriantes ; il est bordé au nord par la plaine du Gange et au sud par celle du fleuve Mahanadi.
À la rencontre des peuples du Jharkhand
Le Jharkhand abrite trente-trois millions d’habitants, avec une importante concentration ethnique. Les différents peuples que l’on rencontre au Jharkhand sont en majeure partie des agriculteurs sédentaires, mais il reste encore quelques communautés de chasseurs-cueilleurs, tels que les Birhor (environ dix mille personnes) ou les Korwa, et d’agriculteurs itinérants. Tous les autres sont des agriculteurs sédentaires.
Les plus nombreux sont les Santhal et les Munda, de langues austroasiatiques, descendants des populations proto-australoïdes qui étaient les premiers habitants de l’Inde. Leur origine reste encore un sujet à controverse mais il est fort probable que ces peuples soient arrivés en Inde par le sud et le sud-est asiatique, à une période où l’Inde avait des ponts terrestres avec l’Australie il y a cinquante mille à cent mille ans, alors que l’Inde était coupée du nord de l’Asie.
Les Santhal, Munda, Ho et d’autres peuples du Jharkhand parlent donc des langues qui font partie des langues austroasiatiques, comme c’est le cas des langues môn-khmères en Birmanie et Asie indochinoise.
Les Santhal sont le groupe ethnique le plus important, avec environ six millions d’âmes, concentrés au Jharkhand, mais on en rencontre aussi quelques communautés dans les États indiens voisins, et même jusqu’au Bangladesh et au Népal. Leur insurrection, en 1855, fut l'une des plus importantes de l'époque de la colonisation britannique.
Femmes en sari traditionnel © Jharkhand tourism
Le sarna, croyance religieuse propre au Jharkhand
Le Jharkhand abrite de nombreux sanctuaires religieux différents. Gautama Bouddha y a vécu et enseigné, comme dans le Bihar plus au nord. Nous ne sommes pas très loin de Bodhgaya, lieu où il atteignit l’Ilumination.
Le jaïnisme est aussi présent avec le sanctuaire de Parasnath, que nous découvrons dans le cadre de notre programme « Le long du Gange, immersion dans la civilisation indienne ».
Le christianisme est bien présent, car comme un peu partout dans les régions ethniques, quantité de missionnaires se sont empressés de les convertir, et environ un quart d’entre eux furent convertis à l’époque du Raj britannique.
Cérémonie religieuse sarna © Jharkhand tourism
Mais il existe une croyance religieuse propre au Jharkhand : le sarna, qui compte environ cinq millions de fidèles, résidant dans les régions vallonnées et forestières du Jharkhand, avec quelques communautés dans les États voisins de Chhattisgarh, Orissa, Bihar et Bengale. Sarna signifie « bosquets sacrés » dans la langue des Munda. Cette religion sarna, est profondément enracinée dans le culte de la nature, et ses adeptes entretiennent un lien étroit avec les éléments naturels tels que les forêts, les rivières et les collines, qui sont considérées comme des entités sacrées. Les adeptes du sarna célèbrent divers rituels et festivals pour plaire aux divinités associées aux éléments naturels.
C'est une religion basée sur une tradition orale où les connaissances et les croyances sont transmises à travers des mythes, des histoires et des rituels, mais sans aucune écriture. À la périphérie de chaque village, le « bosquet sacré » est le lieu de nombreuses festivités en l’honneur des esprits. Les principaux rituels et festivals sont liés aux cycles de l’agriculture et de la vie de chacun (naissance, puberté, mariage, décès). Ces festivités sont l’occasion de consommer beaucoup de bière de riz. Les prêtres, coordinateurs de rituels et guérisseurs pratiquent aussi la divination.
Musique et danses lors d'une fête ethnique © Jharkhand tourism
La fête de Sohrai et son art pictural
Tout au long de l’année, les peuples du Jharkhand célèbrent de nombreuses fêtes : Mage, Phagu, Karam, Sarhul... et Sohrai.
La fête de Sohrai se déroule dans les jours qui suivent Diwali, la fête indienne des lumières. Le mot « soh » est utilisé pour conduire le bétail à l’aide d’un bâton court. Ainsi, le nom même de cette fête retrace peut-être l’histoire de la domestication des animaux et des débuts de l’agriculture au sein des communautés ethniques des peuples de langues apparentées au mundari, la langue des Munda.
À cette occasion, les femmes des peuples santhal, munda, kurmi, prajapati, ganju, oraon, malhar... peignent les murs de leurs maisons avec des scènes colorées pour fêter la moisson et vénérer les vaches. Ces peintures ancestrales existent en fait depuis des milliers d'années dans des grottes de la région. Certaines dateraient même de près de quinze mille ans.
Femme réalisant une peinture lors du festival Sorhai © Jharkhand tourism
Cette tradition matriarcale, transmise de mère en fille, de peindre les murs des maisons avec des couleurs naturelles, représentant des motifs d'animaux, de plantes et des scènes de la vie quotidienne est une des particularités de Sohrai. Ces peintures vibrantes sont exclusivement créées à partir de pigments naturels, mélangés à de la boue, les femmes utilisant leurs doigts, des brindilles et des pinceaux en bambou ou en herbe. Ces peintures sont censées apporter la prospérité et protéger à la fois la famille et les cultures. .
L'art de Sohrai est considéré comme l'une des formes de peinture murale les plus anciennes au monde, remontant à la période paléolithique, lorsque des motifs similaires ont été découverts dans des grottes. À l'époque contemporaine, cet art est reconnu comme une expression culturelle distinctive des communautés tribales du Jharkhand. Sohrai est donc aussi un moyen de préserver et de promouvoir une tradition artistique culturellement riche qui met en valeur la créativité et le savoir-faire des femmes tribales. C’est aussi un moment de rassemblements sociaux et d'activités culturelles durant lesquels les communautés tribales se livrent à des danses et des chants pour exprimer leur gratitude envers la nature et honorer leurs ancêtres.
Murs peints d'une maison lors du festival Sorhai © Jharkhand tourism
Partir en voyage en Inde avec Tamera
Tamera est le spécialiste de l'Inde, de ses peuples et de ses fêtes, dont la célèbre Kumbh Mela. Nous proposons une large gamme de voyages et treks en Inde en petits groupes et sur-mesure à la découverte des cités et des palais du Rajasthan, des Seven Sisters de l'Inde du nord-est Arunachal, Nagaland et Assam), de l'Inde centrale et orientale (Orissa, Chhattisgarh, Madhya Pradesh), mais également des régions du Gange, du Gujarat et du Rajasthan en Inde du nord, et du Tamil Nadu, du Kerala au cœur des backwaters et du Karnataka en Inde du sud, sans compter l'Himalaya indien (Ladakh, Zanskar, Sikkim et Uttaranchal).