Le 20 juillet 2019, cinq participants s’élançaient dans la Grande traversée du Népal, peut-être le trek le plus long au monde. Cet itinéraire, proposé par Secret Planet, a été mis en place par David Ducoin – notre spécialiste Himalaya, après trois ans de travail. Il a reçu le prix du « trek de l’année » décerné en 2018 par Grand Reportage et Trek Magazine. En 2022, un second groupe s’est engagé dans cette épopée. Après ces deux éditions, force est de constater que nous avons acquis une certaine maîtrise du terrain. Il s'appuie sur notre expertise de treks au Népal avec une offre de près de 50 programmes. À l’heure où nous nous sommes engagés dans la réduction annuelle de nos émissions carbone, notamment par la mise en œuvre de voyages toujours plus immersifs et au long cours, nous continuons de développer cette « expérience d’une vie » avec toute sa complexité logistique de mise en œuvre. Nous avons interrogé David Ducoin, initiateur de ce projet fou. Voyagez dans les coulisses de la Grande traversée du Népal !
Retrouvez ici tous nos treks au Népal.
Entretien avec David Ducoin
Comment est née cette grande traversée chez Secret Planet ?
Je connaissais quelques personnes qui avaient effectué cette traversée comme Laurent Boiveau et Robin Bousted, mais je n’aurais jamais osé la proposer si plusieurs personnes ne nous avaient pas demandé de l’organiser. C’est donc à la demande de futurs participants que nous avons mis en place La Grande traversée du Népal, 1 500 km à pied sur le toit du monde. Nous avons beaucoup travaillé pour élaborer la totalité et le découpage en 10 étapes. Laurent Boiveau nous a bien aidés, nous avons également fait appel à Pierre Martin pour certaines étapes.
Nous avons décidé de faire la « haute route », c’est-à-dire de passer par les hauts cols, ce qui implique une logistique lourde et des permis spéciaux sur certaines étapes. La « haute route » donne aussi un enjeu de météo et de saisonnalité pour passer les cols qui peuvent aller jusqu’à 6 000 mètres dans de bonnes conditions. Nous avons donc choisi un départ en août à l’ouest, à Simikot, pour arriver en décembre à l’est, dans la région du Kangchenjunga.
La vallée de la Tarap au Dolpo © David Ducoin
Combien de fois l'avez-vous organisée ?
Nous avons commencé à travailler sur l’itinéraire en 2016. Nous l’avons réalisé pour la première fois en 2019 avec une équipe de 5 participants, dont 3 ont fait la totalité des étapes en 146 jours. Puis, nous devions réitérer le départ en 2020, mais la pandémie est arrivée. En 2021, nous avons hésité à la faire partir, car la situation sanitaire était encore trop instable. C’est donc en 2022 que nous avons effectué la deuxième édition de ce parcours d’envergure. Nous avions 6 personnes qui ont réalisé 5 étapes ou plus, dont 3 qui ont effectué la totalité en 133 jours.
À ce jour, l’édition de 2023 est encore incertaine, mais nous avons des demandes sérieuses pour 2024. Il nous faut calculer la date de départ et de retour de chaque étape afin que les participants arrivent bien acclimatés pour rejoindre notre « caravane », et que toutes les étapes coïncident entre elles. Si une étape change de durée, toutes les dates des 10 étapes sont à revoir.
Retrouvez ici le témoignage des participants de La Grande traversée du Népal 2019 !
Les groupes de 2019 et 2022
Quels sont les enjeux d’itinéraires ?
Le premier enjeu est la saisonnalité et le sens de la traversée. Ceux qui réalisent la traversée en trail, donc en moins de 100 jours, le font dans le sens est-ouest, avec un départ le plus souvent au printemps. Ceux qui le font en mode trek, donc en plus de 100 jours, ont davantage intérêt à programmer un départ en août pour une arrivée en décembre, dans le sens ouest-est. Tout cela n’est pas figé, la météo et l’état des chemins ou des routes évolue. Il n’est pas exclu que nous tentions un départ au printemps.
Puis il y a le choix de la lower trail qui passe par les villages et évite les hauts cols, mais nous voulions passer par des itinéraires ambitieux et himalayens. Nous avons opté pour la upper trail qui nécessite une logistique lourde, donc un coût plus élevé et un nombre de participants minimum. Pour la première édition, nous avons amélioré ce tracé en passant par le haut Mustang et le col du Teri La pour éviter de nous retrouver sur le tour des Annapurnas et le Thorong Pass, très fréquentés.
Enfin, il y a évidemment le climat. Nous devons affronter la mousson en début de parcours et, en fin de parcours, il faut passer le Sherpani Col à plus de 6 000 mètres, avant que les premières neiges de l’hiver ne le bloquent et nous interdisent le passage.
Le Renjo La à 5340 m dans la région du Khumbu © David Ducoin
Quels sont les enjeux organisationnels ?
Nous les avons découverts au fur et à mesure. Le premier est de pouvoir constituer un groupe qui permette de garantir le départ. Si nous n’avons pas un minimum de quatre personnes, il faut alors compléter avec des participants sur les étapes les plus « engagées », afin de pouvoir rentrer dans nos frais fixes. Mais cela devient aussi un atout, car nous avons 10 étapes de garanties, dont plusieurs qui ne le seraient peut-être jamais s’il n’y avait pas cette grande traversée comme Grande caravane du Dolpo, du lac Rara à Jomosom, Langtang au Rolwaling via le Tilman Pass à 5 300 m, la traversée du Rolwaling via le Tashi Lapsa à 5 760 m ou De l'Everest au Makalu via le Sherpani Col à 6 180 m.
Nous avons vite réalisé qu’une tente par personne était nécessaire, car il nous semblait moins confortable de passer plusieurs mois sous une tente avec une personne que l’on n’a pas choisie. Nous avons donc offert la tente single dès le premier départ. Ensuite, il y a le visa qu’il faut renouveler au bout de 90 jours, notre équipe à Katmandhu s’en charge ainsi que des nombreux permis. Nous avons également prévu une visite à mi-chemin, afin de déposer le matériel d’alpinisme qui sera utile pour certaines étapes de la deuxième partie du parcours. Les participants peuvent en profiter pour renvoyer des affaires à Katmandhu et recevoir des vêtements, compléments de nourriture, cash, etc.
Et enfin, il y a le changement de guide, de porteurs et d’équipe de cuisine en fonction des étapes. Nous équipons nos porteurs pour les étapes engagées. En 2022, nous avons donné 30 doudounes grands froids, 150 paires de chaussures, des vestes, pantalons et lunettes.
Région du Kangchenjunga © David Ducoin
Quels sont les enjeux de sécurité ?
Il y en a trois principaux : l’altitude, le froid et l’orientation. Au sujet de l’altitude, notre programme est assez progressif, avec 15 jours entre Simikot et le lac Rara à moins de 4 000 mètres avant d’arriver sur les hauts cols du Dolpo. La question de l'acclimatation concerne davantage les personnes qui rejoignent la traversée et qui se retrouvent avec une équipe déjà bien acclimatée. Nous devons être vigilants et bien briefer les nouveaux arrivants et participants afin qu’ils adaptent leur rythme.
Nous disposons d'un caisson hyperbare, de deux téléphones satellites et de la Hotline de l’Ifremmont qui permet d'échanger H24 avec un médecin spécialiste de la médecine de montagne. Les participants sont dotés d'une balise GPS qui nous permet de les localiser à la minute près et de recevoir des messages et images que nous partageons sur un suivi live comme ce que nous avons fait pour la Grande traversée du Népal 2022, afin que les proches des participants puissent avoir des nouvelles régulièrement.
Concernant le froid, nous devons être particulièrement vigilants sur la deuxième partie du trajet et notamment l’étape du Sherpani, car nous y arrivons tard dans la saison et nous allons à haute altitude (à plus de 6 000 m). La difficulté repose surtout sur les porteurs, que nous équipons sur la plupart des étapes en lunettes, chaussures, pantalons et vestes pour assurer leur confort.
Au sujet de l’orientation, notre équipe locale est maintenant bien rôdée, mais lors de la première édition, il nous a fallu former nos guides et notre équipe de cuisine à des itinéraires rares et complexes.
Aussi, nous avons étudié et mis en place une assurance « annulation et interruption de séjours », car peu d’assurances fonctionnent au-delà de 90 jours de voyage et de 20 000 euros de budget.
Quelles nouveautés pour les suivantes ?
Nous allons étudier la possibilité d’un départ au printemps et une traversée est-ouest. Cela demande un travail énorme, car nous devons nous assurer de la faisabilité avant de refaire toutes nos étapes dans le sens contraire avec une bonne synchronisation.
Nous allons inclure un stage de préparation comprenant un peu d’alpinisme et un stage de médecine de montagne avec l'Ifremmont. Cela permettra aux participants de se rencontrer avant le départ et de former ceux qui ne le sont pas à des notions d’alpinisme et de médecine de montagne. Sur plus de 4 mois de voyage en Himalaya, il est important que chacun soit capable d'être un minimum autonome pour se soigner et surtout, éviter des problèmes de santé comme par exemple les gelures.
Enfin, nous allons également étudier la possibilité d’inclure les pourboires ou de garantir une répartition financière au plus juste en fonction des étapes et des équipes. C’est un sujet très complexe, car les Népalais sont assez attachés au système de pourboire. À chaque étape, le nombre de participant peut changer, mais aussi le nombre de porteurs. Chacune des étapes demande donc des calculs précis afin de répartir les pourboires au plus juste.
En conclusion, que diriez-vous à de futurs participants ?
Nous avons des participants de tous âges et de tous niveaux, la Grande traversée du Népal est l'une des rares expéditions envisageables avec seulement un niveau sportif et une expérience préalable de l’altitude. Nous avons autant, voire plus, de femmes que d’hommes, de 30 à 67 ans et avec des profils parfois très différents.
Le plus important est la motivation et la préparation mentale. Être prêt à affronter la pluie, la neige, le froid. Être prêt à vivre cette expérience avec d’autres participants et une équipe de Népalais. Si vous êtes sûr(e) de vouloir partir, n’attendez pas pour vous inscrire, car sinon le risque est double : premièrement, si les inscriptions n'arrivent pas suffisamment en avance, nous risquons d'annuler le départ, car nous n’aurons pas assez de temps pour constituer un groupe pour la totalité et/ou les étapes. Deuxièmement, il y a un risque d’augmentation du prix comme pour tous les voyages. Nous garantissons le prix à l’inscription.
Afin de vous immerger d'ores et déjà dans cette expédition, nous vous proposons de survoler la chaîne de l'Himalaya et de découvrir l'itinéraire de La Grande traversée du Népal :
Le détail des étapes
Des paysages verdoyants du Dolpo, aux majestueux sommets des Annapurnas, en passant par les paysages glaciaires de l'Everest ou encore les charmants villages du Kangchenjunga... Ce sont sans aucun doute la diversité des paysages et des rencontres qui rendent ce voyage si atypique. L'itinéraire de la grande traversée en trek du Népal est découpé en 10 étapes, il est toutefois possible de participer à seulement une ou plusieurs de ces étapes :
- Étape 1 – De Simikot au lac Rara : une occasion unique d’explorer l’Ouest népalais, une région préservée et très peu parcourue. Sur cette étape, nous réalisons un trek à l’ancienne à travers les villages chhetri, bramane et takhuri, sous tente, avec une équipe de cuisine.
- Étape 2 – Grande caravane du Dolpo, du lac Rara à Jomosom : une aventure qui nous permet de traverser « le pays caché », ses monastères et ses villages hors du temps. Il s'agit de l'une des étapes qui a le plus marqué les participants.
- Étape 3 – Des Annapurnas au Manaslu : des paysages surprenants et grandioses, dominés par la « déesse » Annapurna, le Dhaulagiri et d’autres sommets majestueux et peuplés d’ethnies.
- Étape 4 – Traversée du Ganesh Himal : un voyage en soit dans une région peu visitée, sous tente et sans le facteur de l'altitude. Les paysages sont diversifiés avec de la montagne et des villages.
- Étape 5 – Langtang au Rolwaling via le Tilman Pass (5 300 m) : un itinéraire mythique et extrêmement peu emprunté. Nous faisons la traversée intégrale du Langtang avec, en point d’orgue, le mythique col ouvert par Bill Tilman.
- Étape 6 – La traversée du Rolwaling via Tashi Lapsa : une région peu parcourue, qui mérite vraiment que l'on s'y rende. Les paysages se partageant entre campagnes et collines avant de franchir un col glaciaire d’importance.
- Étape 7 – L'Everest par les hauts Cols : un itinéraire rare et exigeant au cœur du pays sherpa, de son attachante population, de ses villages et monastères, puis le passage de 3 cols à plus de 5 000 mètres d’altitude.
- Étape 8 – Everest au Makalu via l'Amphu Laptsa (5 800 m) le Sherpani Col (6 180 m) : dans un paysage glaciaire, une expédition mythique, difficile à organiser et qui nous rapproche plus de l’alpinisme que du trekking. Nous devons parfois utiliser des cordes fixes, faire des descentes en rappel.
- Étape 9 – Du Makalu au Kangchenjunga via le Lumbasumba (5 159 m) : sûrement l'étape la plus difficile et la plus engagée du périple. Un itinéraire très sauvage réalisé par très peu de groupes, car nécessitant une bonne connaissance du trekking.
- Étape 10 – Au pied du Kangchenjunga, aux confins du Népal : une randonnée sauvage et unique dans une ambiance de haute montagne. L'occasion de voir un Népal authentique, loin des foules. L'une des étapes « coup de coeur » de notre équipe 2019.
Retour sur l'édition 2019 et le détail de chacune des étapes avec David Ducoin, notre spécialiste de l'Himalaya :
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L'agence Tamera basée dans le vieux Lyon est la seule en France à proposer cette grande traversée. Spécialiste du Népal, Tamera propose une gamme exceptionnellement large de treks au Népal avec plus d'une cinquantaine de programmes. Une offre qui permet de vous aider à progresser au fur et à mesure de vos envies et de vos expériences dans le pays.