Bonjour Thierry et merci de m’accorder ton temps pour revenir ensemble sur l’aventure que tu viens de partager avec Gilles Elkaim, à bord de son voilier Arktika, lors de son « Passage du Nord-Ouest » .
Peux tu nous raconter ce fabuleux voyage ?
Ce qu’on entend par le passage du Nord-Ouest, c’est de traverser le continent américain dans toute sa largeur par la mer en passant par le nord, en partant du Groënland, via Thulé, et en traversant vers l’ouest, à travers les glaces et la banquise.
J’avais entendu parler du passage du Nord-Ouest depuis longtemps, mais j’ai toujours pensé que c’était un voyage et un itinéraire réservés aux expéditions et aux explorateurs. Jusqu’au jour où j’ai appris que Gilles Elkaim était en partance, et sur un voilier. Je savais que quelques rares bateaux le faisaient, notamment un bateau russe je crois. Mais je n’avais jamais entendu ni imaginé pouvoir le faire en voilier.
J’ai décidé de faire ce voyage à cause et grâce à la personnalité hors du commun de Gilles. J’avais lu son livre et je connaissais déjà un peu ses exploits incroyables. Je trouvais l’idée originale et sympa. C’était également pour moi l’occasion de refaire du voilier.
Avais-tu déjà exploré ces régions ?
C’est un endroit de la terre qui me fascine. Je connaissais déjà un peu ces destinations de nom, grâce à mes lectures et des documentaires que j’avais vus.
J’avais déjà visité l’Ouest du Groenland, notamment Illulisat, le Canada avec Clyde River au Nunavut et une bonne moitié de la Terre de Baffin. J’avais également exploré le Spitzberg, et expérimenté le voilier dans une traversé vers l’Antarctique au départ d’Ushuaia. Mais ça, c ‘est très différent.
Quelles impressions t’a laissé le voyage ? Tout s’est bien passé ?
Oui tout s’est bien passé. La partie groenlandaise a tenu ses promesses. Nous avons pu effectuer de nombreux arrêts pour chasser et pêcher, et faire des rencontres fortes et enrichissantes avec les personnes au hasard de la route. Nous avons croisé d’autres voiliers, et même des gars qui traversaient l’Arctique à la rame ! Sans négliger la rencontre impromptue et inoubliable avec l’ours. C’était vraiment une aventure forte.
Le seul petit regret est la partie Canadienne qui a été assez rapide à la fin. Nous avions pris du retard depuis Qanaaq et nous avons du rattraper ce retard pour éviter à l’autre passager et moi-même de rater nos vols retour. Nous avons donc effectué peu d’arrêts sur cette partie. Nous n’avons pas eu le temps de nous arrêter pour voir les tombes des marins de Franklin sur l'île de Beechey. Je pense que la deuxième partie est normalement plus intéressante, mais j’étais préparé, ce sont les aléas climatiques d’un tel parcours.
Et comment se passe la vie à bord, pas trop rude ?
Non, non. Avec l’équipage, nous étions 6 personnes sur la partie groenlandaise puis nous étions 9 sur la partie canadienne. Il y a 4 cabines passager sur Arktika donc les places sont rares. Tout s’est très bien passé entre nous, il y avait une bonne ambiance. J’ai beaucoup aimé le côté humain de l’équipage. Les gens qui m’ont accompagné étaient tous des vraies personnalités, et j’ai rencontré des co-voyageurs très intéressants, notamment Bertrand Monsaint et Jacques Ducoin.
Quels sont les moments les plus marquants de ton aventure ?
Je connaissais déjà Gilles Elkaim à travers son livre et j’avais assisté à sa présentation avec Transboréal® à Paris. Alors le simple fait de partager un bout d’aventure avec Gilles me plaisait.
L’une des grosses surprises de ce voyage est la faible quantité de pack que nous avons rencontré sur ces étapes. Nous avons eu en tout et pour tout une seule véritable journée de navigation à travers le pack. L’avantage est que nous n’avons donc pas été ralentis, mais nous avons été tout de même très contents d’avoir pu vivre la journée de navigation dans le pack.
L’autre bonheur comme je l’ai dit au début fut de croiser l’ours. Nous l’avons vu de très près, car il nageait à côté de nous. La triste réalité de cette rencontre est qu’il allait se noyer. Les locaux que nous avons croisés nous ont confirmé que des centaines d’ours se noyaient en cherchant la banquise. Le climat se réchauffe vraiment.
Merci Thierry pour cet aperçu de ce passage Nord-Ouest.
PS : Gilles continue son tour du monde arctique (arctique sibérien) en 2014 pour se positionner dans les îles de Nouvelle Sibérie. De là, il devrait partir pour une première mondiale sur les traces de Nansen dont nous vous reparlerons bientôt. TAMERA continue bien sûr d'accompagner cet explorateur hors norme.
Gilles Elkaïm et Arktika dans le fond