Le mouflon de Marco Polo est une sous-espèce de l’Argali (Ovis ammon), un capriné originaire d’Asie centrale classé « quasi-menacé (NT) » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). Aussi connu sous son nom scientifique – Ovis ammon polii – ce grand mouflon porte le nom du célèbre explorateur vénitien qui parcourût l’Asie à la fin du XIIIème siècle. Aujourd’hui, il est un véritable emblème national au Tadjikistan et notamment dans le Pamir, un massif de haute montagne à l’Est du pays.
Le Marco Polo, un animal majestueux
Troupeau de mouflons de Marco Polo dans le corridor du Wakhan, en Afghanistan.
S’il est érigé au rang d’emblème, c’est notamment en raison de son impressionnante stature. Ce caprin présente en effet un imposant gabarit : plus grand de tous les mouflons, il peut peser jusqu’à 160 kg et mesurer jusqu’à 1,20 mètre au garrot. Mais ce sont surtout les cornes des mâles qui confèrent au mouflon de Marco Polo une image si symbolique.
Un mâle doit patienter environ trois ans avant d’obtenir ses cornes définitives, et le résultat est spectaculaire. Courbées en spirales, les cornes du Marco Polo peuvent atteindre les 1,90 m de long et peser jusqu’à 20 kg. Dans la nature, ces cornes saillantes servent non pas à effrayer les prédateurs mais lors de combats entre mâles pour obtenir les faveurs des femelles.
Le mâle vainqueur vit ensuite en harem avec plusieurs mouflons femelles. Une place qu’il devra défendre pendant toute la saison des amours, à chaque fois qu’un nouveau prétendant tentera de décrocher le titre de mâle dominant. Le reste de l’année, les mouflons vivent dans des troupeaux distincts par sexe, entre mâles et femelles.
Chasse aux trophées et pâturages
Crâne d’un mouflon de Marco Polo.
Malheureusement, la taille incroyable de ce mouflon et de ses cornes n’impressionne pas seulement les autres mâles des environs mais aussi les chasseurs. Le Marco Polo est en effet l’Argali qui possède les plus grandes cornes. De fait, il est l’un des trophées de chasse les plus prisés des hautes montagnes d’Asie centrale, avec l’ibex de Sibérie.
Certains n’hésitent pas à payer plusieurs milliers de dollars pour obtenir le droit de tuer cet animal lors de chasses organisées. Ovis ammon polii est également chassé pour sa viande et sa peau par les communautés locales. Au-delà de la chasse, le mouflon de Marco Polo est menacé par l’extension des zones de pâtures sur son territoire.
Pourtant, il s’établit dans des milieux réputés difficiles d’accès, entre 3 000 et 5 500 m d’altitude en moyenne, dans des paysages montagneux où la végétation se compose essentiellement d’herbes. Mais parce que cet herbivore se nourrit principalement de ces herbes, il entre en compétition avec le bétail et doit souvent laisser sa place en se réfugiant dans des terres encore plus isolées, où l’herbe est de plus mauvaise qualité.
Marco Polo et panthère des neiges, un destin lié
Le mouflon est l’une des proies de la panthère des neiges.
Comme dans tout écosystème, il existe des équilibres entre les espèces. Aussi, la diminution de l’une d’elles a des conséquences sur d’autres. Il en va de même pour le mouflon de Marco Polo. Si sa population baisse, cela se répercute sur d’autres. Et notamment la panthère des neiges.
Ce « fantôme des montagnes » est en effet directement impacté par l’état de conservation du mouflon de Marco Polo. Tout simplement parce qu’il est l’une de ses principales proies. Autrement dit, si le nombre de mouflons diminue, le nombre de proies potentielles pour la panthère des neiges baisse lui aussi. Affamé, le félin pourrait être tenté de s’attaquer à du bétail et subirait les représailles des éleveurs.
Protéger le mouflon de Marco Polo en veillant à la bonne santé de ses populations, c’est donc par la même occasion protéger la panthère des neiges en lui assurant de pouvoir se nourrir, elle et sa progéniture, à sa faim.
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