La vaquita est le cétacé le plus menacé du monde : sa population a chuté de 95% en 20 ans et il ne reste qu'une trentaine de représentants de l'espèce, tous localisés dans le Golfe de Californie, au Mexique. Une opération de la dernière chance est lancée en 2017 pour sauver ce cétacé.
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La vaquita, simple dommage collatéral
Pour comprendre les menaces pesant sur la vaquita, aussi appelé marsouin du Golfe de Californie, il faut se rendre de l'autre côté du Pacifique, en Chine. Là-bas, la vessie natatoire du totoaba, un poisson qui nage lui aussi uniquement dans le Golfe de Californie, est considérée comme un mets de luxe. Cette simple poche remplie de gaz, qui permet au poisson de nager plus ou moins profondément, a vu son prix exploser depuis le milieu des années 2000, à tel point qu'elle a attiré la convoitise des cartels mexicains. Surnommée "la cocaïne de la mer", elle est vendue $1 000 à $5 000 l'unité sur le continent américain, puis dépasse $10 000 une fois acheminée en Chine.
La vaquita est une victime collatérale de ce marché noir. Pour capturer les totoabas, les pêcheurs laissent dériver de grands filets qui capturent toutes les espèces, sans aucune distinction ; tortues, lions de mer ou vaquitas s'y emmêlent et meurent piégés. Les effectifs du marsouin ont ainsi dramatiquement chuté : de 600 individus en 1997, ils sont passés à une trentaine aujourd'hui.
VaquitaCPR : Conservation, Protection, Rétablissement
Face à la menace d'extinction, en 2015, le gouvernement mexicain interdit l'utilisation des filets dérivants sur 13 000 kilomètres carrés, mesure compensée par des subventions aux pêcheurs locaux. Avions, hélicoptères et même un navire patrouilleur de la marine nationale sont chargés de traquer les braconniers dans le Golfe de Californie, mais cela ne suffit pas à enrayer le déclin du marsouin. Fin 2016, les meilleurs experts de la planète se réunissent finalement et élaborent un plan de sauvetage, le VaquitaCPR. Celui-ci n'a qu'un objectif : capturer une dizaine d'adultes dès 2017 et les placer dans un sanctuaire situé dans la région de San Felipe. Là-bas, un programme de reproduction tentera de sauver l'espèce. Le gouvernement a alloué plus de trois millions d'euros à la réalisation de ce projet.
Si le plan semble d'une rare simplicité, sa mise en pratique est en fait très ambitieuse. D'une part, détecter 10 vaquitas sur les 30 restants ne sera pas facile. Le Mexique a même demandé le déploiement de la marine américaine, qui dispose de dauphins spécialisés dans la recherche sous-marine ! D'autre part, les vaquitas pourraient ne pas supporter le stress lié à la capture et en mourir. Les filets utilisés devront être légers et ne pas empêcher le cétacé de remonter à la surface pour respirer. Enfin, à ce jour, aucun spécimen ne s'est reproduit en captivité, un environnement que l'espèce supporte très mal. Certains spécialistes estiment même que les vaquitas capturés pourraient ne pas survivre longtemps hors de leur milieu naturel.
Si cette opération "de la dernière chance" fonctionne, il sera peut-être possible de se rendre au Mexique dans quelques années pour visiter le sanctuaire des vaquitas. Quel meilleur ambassadeur pour la protection de la biodiversité que le cétacé le plus menacé du monde ?