Nous admirons leur vol et leurs piqués au-dessus de l’océan, mais nous avons peu conscience de l’étonnante biodiversité de l’avifaune marine, environ 3% des espèces d’oiseaux dans le monde. Côtiers ou pélagiques – de pleine mer – tous ont en commun de se nourrir de poissons, crustacés ou plantes aquatiques et de revenir sur terre nicher. Mais comme leurs cousins des terres, ces oiseaux sont menacés.
Pingouins, aigrettes, échasses, grèbes, cormorans, goélands, sternes, albatros… Le nombre d’oiseaux marins n’est pas connu mais 300 espèces au moins peuvent se targuer de dépendre des mers et océans. Pattes palmées comme les albatros ou les échassiers, becs courts à l’image du macareux moine ou long et fin comme l’aigrette, les oiseaux marins présentent des morphologies très différentes selon leur habitat et, surtout, leur alimentation. Qu’ils chassent en pleine mer ou doivent fouiner dans les sols vaseux, les besoins ne sont pas les mêmes et pourtant, tous dépendent du milieu marin pour survivre.
Sentinelles de l’état des océans
Un pétrel qui s’envole depuis la surface de l’eau
Des océans vidés de leurs poissons
Sur les quelques 300 espèces d’avifaune marine, beaucoup sont menacées par l’activité humaine et notamment la pêche. Des filets dérivants qui prennent au piège les oiseaux à la marée noire qui les empoisonne, nombreux sont les oiseaux qui meurent à cause de l’homme directement ou indirectement.
Car les oiseaux maritimes ont de plus en plus de mal à se nourrir. Pêche intensive et réchauffement climatique déciment les océans tandis que la menace se fait grandissante pour les oiseaux. Dans une étude publiée en 2018 dans le magazine Current Biology, des chercheurs du CNRS, de l’université de Colombie Britannique (Canada) et de l’Université d’Aberdeen (Ecosse) ont cartographié pour la première fois la compétition entre la pêche industrielle et les oiseaux marins à travers le monde entre 1970 et 2010.
Le résultat est effrayant : « la consommation moyenne annuelle de nourriture des oiseaux a diminué de 70 à 57 millions de tonnes entre les périodes 1970-1989 et 1990-2010, tandis que la capture annuelle moyenne des proies des oiseaux par les pêcheries a augmenté de 59 à 65 millions de tonnes au cours des mêmes périodes ».
Sans oublier la menace du plastique. De nombreux oiseaux confondent en effet plastiques et proies naturelles et ingurgitent des objets qui peuvent causer leur mort, comme c’est aussi le cas pour les tortues et les baleines.
L’érosion des côtes et la récolte des œufs
L’autre grande menace des oiseaux marins porte sur leurs sites de reproduction. Car même s’ils passent pour certains toute l’année en mer, leur instinct les ramène sur terre pour nicher. Leurs lieux de prédilection sont les falaises, les cavités rocheuses des côtes ou encore les plages.
Des sites malheureusement menacés par le réchauffement climatique et l’érosion. L’augmentation du niveau des mers et l’exploitation humaine du littoral sont la cause de nombreuses destructions de nids d’oiseaux.
Enfin, pour bon nombre de peuples côtiers, la récolte des œufs d’oiseaux marins est un moyen de subsistance traditionnel. Sauf que ramasser ses œufs a évidemment un impact très important sur le taux de croissance d’une espèce. Encore plus quand cette espèce est déjà l’objet de multiples menaces.
Quelles espèces d’oiseaux marins sont menacées ?
Un albatros hurleur volant au-dessus de l’océan. Parmi les plus de 300
Parmi les plus de 300 espèces d’oiseaux visibles le long des côtes ou en pleine mer, un grand nombre est menacé. Rien que dans la famille des Procellariidae, les pétrels, 16 espèces sont classées en danger critique d’extinction, la dernière catégorie de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) avant l’extinction. Deux ont déjà disparu : le grand et le petit pétrel de Sainte-Hélène, Pterodroma rupinarum et Bulweria bifax.
Parmi celles qui sont encore sur le fil du rasoir, il y a notamment le pétrel des Galápagos, de Magenta ou encore des Fidji. Emblématiques familles d’oiseaux marins, les albatros sont également en mauvaise posture. Des 22 espèces répertoriées sur l’UICN, deux sont proches de l’extinction, sept sont en danger et six sont vulnérables dont Diomedea exulans, l’albatros hurleur, le plus grand oiseau du monde par son envergure avec pas moins de trois mètres en moyenne d’un bout de l’aile à l’autre.
Enfin, il est important de noter que les espèces endémiques, c’est-à-dire qui ne vivent que dans un seul pays, sont particulièrement menacées. Tout particulièrement quand il s’agit d’oiseaux insulaires. C’est le cas par exemple du manchot des Galápagos, Spheniscus mendiculus, ou encore du cormoran des Chatham, Leucocarbo onslowi, qui, comme son nom l’indique, est visible uniquement sur les îles Chatham, en Nouvelle-Zélande. Ces oiseaux sont souvent menacés par la destruction de leur habitat mais aussi par l’introduction d’espèces concurrentes qui n’existent pas sur leur île à l’origine.
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En savoir plus sur les oiseaux marins :
- À lire, article La mer de Ross va abriter le plus grand sanctuaire marin du monde.
- À lire, « Oiseaux marins » de Christophe Barbraud, chez Beau livre.
- À écouter, « Petite méthode pour apprendre à reconnaître nos oiseaux aquatiques et marins » de Jean C. Roché et Jérôme Chevereau.