Massif, puissant, fier, sont parmi les qualificatifs pouvant décrire ce mammifère ongulé à l’allure préhistorique. Malheureusement surtout connu pour les vertus supposées de sa corne, cet animal de l’ordre des périssodactyles peut nous surprendre en bien d’autres aspects.Voici donc cinq éléments étonnants que vous ignorez peut-être encore sur cet animal.
Il n’y a pas 1 rhinocéros, mais 5 !
En Afrique australe et de l’Est où vit Le rhinocéros noir (Diceros bicornis), on trouve également le rhinocéros blanc (Cerathoterium simum). Le continent asiatique quant à lui abrite trois espèces supplémentaires de rhinocéros. Le rhinos indien, ou rhinocéros unicorne (Rhinoceros unicornis), le rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus sumatrensis) et enfin, le rhinocéros de Java (Rhinoceros sondaicus).
Ainsi, si le rhinocéros fait partie de vos animaux préférés, à laquelle des cinq espèces faites-vous référence ? En effet, elles sont toutes très différentes bien qu’elles partagent un point commun, celui d’être menacées de disparition. Parmi ces espèces, seuls les rhinocéros indiens et les rhinocéros de Java ont une corne. Les trois autres espèces en ont deux.
Rhinocéros blancs à Nakuru National Park, Kenya © Renaud Fulconis
Le rhinocéros noir, est gris
Si le rhinocéros blanc n’est pas blanc, le rhinocéros noir pour sa part n’est pas noir. Chacune de ces deux espèces africaines est de couleur gris foncé. Nommé noir en simple traduction du mot black en anglais, cette espèce aurait été appelée ainsi en opposition à son cousin le rhinocéros blanc. Mais alors pourquoi blanc si ce dernier est gris également ?
Il s’agit peut-être, et cela reste une hypothèse, d’une confusion dont l’origine se trouverait dans le mot néerlandais widge (large en français), utilisé pour décrire la forme carrée de la bouche de cet animal. De widge à white, il n’y a qu’un pas qui aurait donc été franchi pour cette appellation.
Rhinocéros noir à Ol Pejeta, Kenya © Renaud Fulconis
Un peu comme la girafe, le rhinocéros noir mange dans les arbres
Si le rhinocéros blanc broute comme une vache, d’où la forme carrée de sa bouche, le rhino noir mange dans les arbres. Il se nourrit surtout de petites branches d’acacia même recouvertes d’épines et d’euphorbes. Pour cette raison, la forme de sa bouche est très différente de celle de son cousin blanc. Elle est plutôt triangulaire, en pointe, avec une lèvre supérieure préhensile qu’il utilise comme un doigt pouvant saisir la végétation.
Pour cette raison, on trouve le plus souvent les rhinocéros blancs dans les espaces de savanes ouvertes, alors que les rhinocéros noirs affectionnent plutôt les environnements arborés, couverts. Rien n’empêche pour autant de trouver chacune de ces deux espèces dans l’environnement plutôt préféré par l’autre. Les rhinocéros noirs peuvent aussi habiter le désert, puisqu’on les trouve en petit nombre dans celui de Namibie.
S’il est accompagné d’un petit et doit fuir (le petit reste avec sa mère entre deux et quatre ans), le rhinocéros noir progressera à vive allure devant sa progéniture alors que le rhinocéros blanc fera l’inverse. En effet, dans les environnements ouverts, le rhino blanc doit pouvoir surveiller son petit, alors que le noir doit pouvoir ouvrir la route pour son jeune en le précédant.
Jeune rhinocéros noir à Sheldrick Wildlife Trust, Nairobi, Kenya © Renaud Fulconis
Ils ne voient pas beaucoup mieux qu’une taupe
Comme leurs cousins les rhinocéros blancs, les rhinocéros noirs ont une très mauvaise vue. Ils sont en effet incapable de détecter correctement une masse en mouvement au-delà d’une trentaine de mètres. Ne vous y trompez pas cependant. Approcher un rhinocéros noir sans prendre garde est extrêmement dangereux, surtout s’il s’agit d’une femelle avec son petit.
Ils voient très mal, mais ont un excellent sens de l’odorat et une ouïe très développée. Malgré leur poids maximum qui peut avoisiner les 1 350 kilos, ils se mettent en mouvement, sans signe avant-coureur, à une vitesse exceptionnelle et courent à 55 kilomètre par heure.
Rhinocéros noir dans le Masai Mara, Kenya © Renaud Fulconis
Une espèce très menacée
Au cours du 19e siècle, on trouvait plusieurs centaines de milliers de rhinocéros noirs en Afrique. Chassés en grand nombre, ils n’étaient plus que de 65 000 au début des années 1970. Entre 1970 et 1992, 96 % de la population restante a été décimée pour chuter à 2 400 individus. Grâce aux efforts de conservation, leur effectif aujourd’hui dépasse les 5 600 animaux présents au Kenya, en Tanzanie, Namibie, Afrique du Sud, au Swaziland, au Zimbabwe, en Zambie, au Malawi et au Botswana.
Le braconnage demeure une menace majeure sur cette espèce et ses trois sous-espèces. En effet, bien que les vertus des cornes de rhinocéros n’aient jamais été démontrées, ces animaux sont toujours chassés illégalement pour elles. Composée de kératine, la corne de rhinocéros n’a pas plus d’effets curatifs que nos cheveux ou nos ongles. Elle est pourtant encore utilisée dans la composition de plusieurs dizaines de produits de la médecine traditionnelle chinoise, mais pas comme aphrodisiaque comme on le dit souvent.
Un kilo de corne peut se vendre plus de 50 000 euros au marché noir. Au regard de cette situation préoccupante, les rhinocéros sont classés en « Danger critique d’extinction » sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Cette situation critique l’est plus encore pour les rhinocéros de Java et de Sumatra dont les effectifs sont actuellement de 74 et 80 individus à l’état sauvage.
Des membres de l'équipe rhinocéros de Kenya Wildlife Service (KWS) © Renaud Fulconis
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