Nous prenons la Route historique pour rejoindre le Tigray, ses montagnes, ses plateaux, ses vallées aux majestueux sycomores. C’est dans ces lieux champêtres aux ambiances douces que nous participons, avec les villageois, aux rites, aux processions, aux chants et prières du Timkat – la somptueuse fête éthiopienne de l’Épiphanie. Dans l’intimité d’une population fervente et humble, nous vivons des expériences de rencontres uniques, nous plongeons dans des temps où fusionnent légendes et Histoire.
UN CHRISTIANISME DU IVEME SIÈCLE
Les légendes enveloppent la conversion de l’Éthiopie au christianisme … Il est vraisemblable néanmoins qu’elle s’est faite en 330 avant Jésus-Christ avec la conversion du Roi Ezana par Frumance, premier évêque d’Aksoum et d’origine sysienne – « Le père de la Paix », Abba Salama. Cette entrée officielle qui en fait l’une des plus anciennes églises chrétiennes du monde introduit cet immense pays à ce qui fait toujours de lui une exception curturelle dans le monde africain. Depuis, l’Éthiopie n’a eu de cesse de développer l’originalité et l’autonomie de sa forme chrétienne. Le Royaume du Prêtre Jean est une terres d’aventures et de luttes pour conserver et affermir cette spécificité religieuse.
De rite guèze, c’est une église orientale dont le chef est un patriarche ; elle est indépendante de l’Église copte d’Alexandrie depuis 1959 et elle est de théologie monophysique: le Christ n’a qu’une seule nature et elle est divine car sa nature humaine a été absorbée par sa divinité.
LA SORTIE DES TABOTS
Durant les festivités de Timakat, les tabots sont sortis entourés de processions ferventes … Que sont-ils pour provoquer cette vénération populaire ?
Ils représentent l’Arche d’Alliance et il y en a un dans chaque église éthiopienne. Ces répliques renvoie à au Tabot sacré sensé se trouver à Aksoum. Il est raconté, en effet, qu’un proche de Ménélik, fils de la Reine de Saba et du Roi Salomon l’a dérobée à Jérusamem pour le rapporter en Ethiopie … Dans la réalité, ces tabots représentent le plus souvent le contenu supposé le plus essentiel de l’Arche de l’Alliance – à savoir les Tables de la Loi. Durant Timkat, les prêtes les portent sur la tête, entourés de tissus, pour les amener vers le bord d’une eau qu’ils bénissent et où la magnifique liturgie est célébrée. On peut noter, par ce rite des tabots, l’imprégnation de l’Ancien Testament sur la spiritualité et les pratiques de l’Église éthiopienne.
LES ÉGLISES DU TIGRAY
L’Éthiopie tôt christianisée fut aussi terre hautement convoitée par l’Islam conquérant dès les XIIème et XIIème siècles. La résistance éthiopienne à ces tentatives d’envahissement fut toujours générale et populaire. Il semble qu’une partie des églises du Tigray furent bâties en ces temps troublées pour permettre aux chrétiens d’échapper à l’emprise de l’Islam. Dans des grottes, des caveaux, des lieux improbables, la prière fut maintenue, les peintures se dessinèrent … Les tabots durent dissimulés mis au secret aux coeur des roches ... Nos pas nous conduisent à en visiter certaines aux entrées confidentielles. Dans l'intimité de la pierre, de fascinantes peintures se déploient ... La singularité de la spiritualité orthodoxe des Éthiopiens du Nord imprègne les "murs" de ces temples, les gestes, les traditions des habitants.
Retrouvez notre voyage spécial pour les festivités du Timkat