14 juin 2017 - Canada, Kayak
Canoë kayak au Yukon, Canada

Régulièrement, nous publions quelques courtes histoires ou anecdotes vécues par nos participants ou des voyageurs illustres. Nous rentrons dans l’esprit d’une rencontre ou d’un lieu. Dans ces mémoires du chemin, Jacques Ducoin nous invite dans son aventure en canoë au fil du mythique fleuve Yukon sur les traces des chercheurs d’or. Nous lui ouvrons notre blog avec bonheur, passionnés que nous sommes par l’aventure au fil de l’eau.


Du lac Laberge à Carmacks

Heureusement, nous n’avons pas à attendre la débâcle, comme les chercheurs d’or, pour descendre le fleuve Yukon. Nos deux canoës glissent silencieusement dans le courant, sous l’œil vigilant des aigles à tête blanche. Le barrage construit en 1958 aux rapides Whitehorse a élevé le niveau du fleuve, calmant ainsi le débit fougueux des eaux.

Juste après un large méandre, nous sommes quand même surpris par des rapides qui nous provoquent une forte poussée d’adrénaline. Le lac Laberge garde sa réputation : au moindre souffle de vent, et les vagues se forment et il devient difficile de progresser.

Le crépitement du feu se noie dans la brume qui enveloppe le campement. Matin féérique. Nous chargeons nos sacs dans les canoës et poursuivons le même parcours que des milliers de pionniers, il y a juste 100 ans. L’atmosphère est propice à la méditation. Seul le bruit de nos pagaies dans l’eau est perceptible. Nous évoluons dans le gris total.

Aucune berge n’est visible, nous nous laissons guider par le courant. Un halo brillant essaie désespérément de percer cet épais brouillard. À chaque boucle du fleuve, il se retrouve à bâbord ou à tribord, c’est le seul point de repère visible. Nous atteignons enfin Carmacks.

 

À la rencontre de la faune sauvage du grand nord canadien

Une multitude de traces d’animaux constelle notre campement du soir nous incitant à la plus grande prudence. Nous arrivons à identifier celles d’un grizzli, larges et longues, celles d’un ours brun et de nombreuses traces de loup. Nous remarquons très souvent que le loup marche dans les empreintes laissées par les ours. Ces derniers attrapent des saumons le long des rivières, les loups suivent leurs traces car elles mènent souvent à un reste de repas ! Quant à nous, nous devons nous éloigner des tentes pour préparer notre dîner.

Nous essayons surtout d’avoir des aliments peu odorants. Ce soir pour ne pas déroger à la règle, nous accrochons dans un arbre nos sacs contenant la nourriture et les produits qui dégagent une certaines odeurs, comme le savon ou le dentifrice.

Pendant le repas, Yan aperçoit quelque chose qui nage de l’autre côté du fleuve. Nous observons aux jumelles et distinguons un grizzli. Il sort de l’eau et se déplace rapidement sur la roche d’un pas agile. Sa démarche majestueuse nous impressionne.

Un peu plus tard, un grand bruit dans l’eau nous fait sursauter. C’est une femelle orignal et son petit, qui sortent du fleuve près des canoës.

 

Les Five Fingers

Je sens Michel nerveux ce matin, il est un peu anxieux à l’idée de passer les Five Fingers, la terreur des prospecteurs, et même des capitaines de bateaux à aube qui naviguaient sur le fleuve jusqu’en 1953. Il s’agit de cinq rochers qui se tiennent debout et forment un barrage en travers du fleuve comme les cinq doigts d’une main géante. Ils sont admirablement bien représentés dans la bande dessinée de Lucky Luke « Le Klondike ». Certains blocs ont été dynamités depuis, facilitant la navigation, mais nous ne sommes pas très rassurés à leur approche.

Devant nous, Yan et Catherine, plus expérimentés, dansent sur les vagues en pagayant avec ardeur. Les premiers remous font vibrer la coque de notre léger canot. L’accélération est spectaculaire, impossible de faire demi-tour, impossible d’hésiter, nous sommes bel et bien entraînés dans ce flot puissant. Il nous faut ramer de toutes nos forces et surtout garder le cap, rester au milieu, car de chaque côté un contre-courant provoque des vagues et des tourbillons qui se brisent sur les parois abruptes des rochers.

Les Five Fingers sont passés, un rire explose sur le visage de Michel à l’arrière de l’embarcation. Le voilà heureux d’avoir vaincu ce qu’il appréhendait depuis le départ.

 

Fort Selkirk, White river et enfin Dawson

Au confluent de la rivière Pelly et du fleuve Yukon, de hautes falaises de basalte tombent à pic sur la rive droite. À gauche, la berge surélevée abrite le village de Fort Selkirk, ancien comptoir de la compagnie de la baie d’Hudson, établit par Robert Campbell en 1848. La plupart de prospecteurs faisaient étape dans ce village habité par les Indiens Tutchones et des colons.

Des échanges et du commerce se faisaient avec les Chilkats, un peuple Tlingit qui vivait sur la côte de l’Alaska. C’est un des sites les plus importants du Yukon et un des mieux conservés.

Nous poursuivons notre chemin et arrivons là où la rivière White se déverse dans le Yukon. Le courant devient tout de suite plus agressif, emportant avec lui des pans entiers de berges, engloutissant des épinettes par centaines ainsi que des cabanes construites trop près du bord. Par sa puissance il modifie la forme des îles et le tracé du fleuve. Dans le terrain sablonneux, on distingue nettement une couche de cendre blanche prise en sandwich, provenant d’une éruption volcanique datant de plus de 1 000 ans. Cette cendre se mélange aux sédiments glaciaires de la rivière White et accentue la pâleur de l’eau.

En chemin nous apercevons une cabane échouée et le toit de la maison, encore entier qui repose sur le bord, attendant la prochaine crue pour être brisé et emporté à tout jamais. Nous croisons aussi des monceaux énormes de troncs d’arbres charriés par le courant.

Après quinze jours de vie au cœur de la nature, Dawson surgit sous nos yeux émerveillés.


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