La plus ancienne forêt tropicale au monde se trouve en Asie du Sud-Est. À Bornéo, elle régnait autrefois en maître sur cette île que se partagent trois pays : l’Indonésie au Sud, la Malaisie et le Brunei au Nord. Mais au cours des dernières décennies, elle a progressivement cédé la place aux plantations de palmiers à huile et aux friches. Privant ainsi de refuge les animaux qui vivaient là depuis toujours.
Une déforestation galopante
L’exploitation du bois tropical, l’industrie minière et celle du papier, de l’huile de palme, du caoutchouc mais également les coupes illégales ont profondément transformé les paysages de Bornéo.
Un chiffre résume à lui seul l’ampleur des dégâts qui ont été causés à Bornéo : aujourd’hui, seul 50 % du couvert forestier originel de l’île existe encore. À Kalimantan (partie indonésienne de l’île), 56 % de la forêt tropicale a été déboisée entre 1985 et 2001, soit la superficie d’un pays grand comme la Belgique !
Problème, en rasant des pans entiers de ces forêts denses, l’homme a créé des brèches facilitant la pénétration des braconniers sur ces territoires autrefois difficiles d’accès à cause de la végétation. Le piégeage, l’abattage et la capture d’animaux sauvages ont ainsi grimpé en flèche, menaçant davantage l’avenir de ces espèces fragilisées.
L’orang-outan, symbole de la déforestation
Parler des ravages de la déforestation à Bornéo va désormais de pair avec la disparition de l’une des espèces les plus emblématiques de cette île de l’océan Indien : l’orang-outan de Bornéo. Au cours de ces vingt dernières années, plus de la moitié de sa population a disparu. Soit près de 150 000 individus.
Comme ses cousins qui vivent à Sumatra – l’orang-outan de Sumatra (Pongo abelii) et l’orang-outan de Tapanuli (Pongo tapanuliensis), découvert en 2017 – Pongo pygmaeus est « en danger critique » d’extinction, selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
D’après les scientifiques, si la déforestation et la chasse dont il est victime continuent à ce rythme, l’orang-outan de Bornéo aura disparu de son environnement d’ici 35 ans.
Les autres espèces menacées de Bornéo
Si l’orang-outan est l’espèce menacée la plus médiatisée de Bornéo, elle n’est pas la seule à souffrir de la déforestation. Toutes les autres, qui vivent aussi dans ces forêts primaires, sont en danger. Et elles sont nombreuses, car cet écosystème est très riche.
Sans parler des 15 000 espèces de végétaux qui existent à Bornéo, l’île abrite aussi un grand nombre d’espèces animales, dont une centaine d’endémiques.
Du côté des primates, par exemple, un autre grand singe comme l’orang-outan subit de plein fouet la disparition de la forêt primaire : le gibbon. À Bornéo, il en existe deux qui ne vivent nulle part ailleurs dans le monde. Il s’agit du gibbon de Müeller (Hylobates muelleri) et le gibbon à favoris blancs (Hylobates albibarbis). Toutes deux sont classées « en danger » d’extinction par l’UICN. Idem pour le nasique, aussi appelé « singe à trompe » en raison de son nez protubérant et si distinctif.
Autre animal remarquable pour son charisme, l’éléphant d’Asie. A Bornéo, vit en effet la sous-espèce appelée tout simplement « l’éléphant de Bornéo » ou Elephas maximus borneensis de son nom scientifique. On le trouve surtout dans la région du Sabah et au Nord du Kalimantan. Citons également la panthère nébuleuse et le chat à tête plate, deux petits félins peu connus et pourtant menacés.
Retrouvez tous nos voyages à la rencontre de la faune.
Et tous nos voyages à Bornéo.