L’immersion chez les Mentawaï de l’île de Siberut en Indonésie est une spécialité de Tamera depuis le début des années 2000. Grâce à notre réseau d’experts, et notamment Olivier Lelièvre et ses contacts locaux, nous sommes devenus proches de ces hommes et femmes qui vivent en harmonie avec la nature et les esprits. Ils se parent de tatouages et de fleurs afin de plaire à leur âme, d’où leur magnifique surnom, « hommes fleurs ». Les sikkerei, chamans mentawaï, ont un rôle central dans la vie quotidienne de ce peuple où tout est basé sur l’harmonie. Tous les participants à nos voyages d’immersion en Indonésie reviennent systématiquement enthousiastes et émus de cette rencontre unique au monde. Car ceux que nous allons rencontrer sont des clans traditionnels dont il en existe au total une trentaine dans la forêt de Siberut, dans la partie sud de l’île.
Hommage au chaman Aman Lau Lau
Le sikkerei Aman Lau Lau à gauche © Marinus Van Breugel
Nous commençons par une bien triste nouvelle : le décès fin février 2023 d’une des figures emblématiques parmi les chamans mentawaï, Aman Lau Lau.
Olivier Lelièvre, grand connaisseur des Mentawaï depuis plus de trente ans, qui accompagne une ou deux fois par an nos voyages à la rencontre des chamans mentawaï, nous délivre un hommage touchant :
« Aman Lau Lau était un homme que nous avons souvent rencontré lors de nos périples à Siberut. Il était bien plus qu’un chaman très respecté, qui transmettait ses connaissances de la forêt et du monde des esprits aux plus jeunes, parmi lesquels ses propres fils.
Durant les années de la dictature en Indonésie, seules les religions monothéistes étaient reconnues. La pratique des cultes animistes étaient interdits. Le gouvernement de l’époque voulait absolument faire disparaître les cultures dites alors « primitives », les populations devaient se rassembler toutes dans des villages gouvernementaux, les habits, les tatouages, les rituels étaient prohibés.
Pour Aman Lau Lau, cela était intolérable. Puis, il fit une rencontre. Un chercheur lui fit comprendre qu’il pouvait tenter de parler avec le gouverneur régional résidant loin de son village et de son île. S’il voulait le rencontrer il devait aller à Padang, sur Sumatra, et le rencontrer. Une telle entreprise était risquée. Il pouvait être emprisonné pour dire ce qu’il pensait, mais il décida de se rendre à Padang, vers l’inconnu.
Il alla défendre sa culture et les siens devant le gouverneur qui fut très impressionné par son charisme et sa détermination. Finalement, peut-être par crainte de ce chaman impressionnant, il le laissa rentrer dans sa forêt avec l’autorisation de faire ce qu’il voulait… discrètement. Malgré cette nouvelle liberté, il eut fort à faire avec les autorités locales de Siberut qui ne voulait rien entendre.
Cette aventure fit de lui une personnalité parmi les siens. Il sut se créer un réseau de relations importantes lorsque par la suite il fut invité de nouveau à Padang ou Jakarta. Cela entraina parfois des jalousies. Il était très conscient de sa position et sa uma, maison mentawaï, était la plus grande de la région. Il affichait fièrement tous ses trophées, comme les carapaces de tortues de mer, qui étaient très rares au fond de la jungle. Aman Lau Lau était également très entreprenant. Il chercha à élever des vaches, à cultiver diverses plantes venues d’ailleurs mais ce fut toujours un échec.
Jusqu’à récemment, il a continué à défendre sa culture. Je me souviens qu’il y a deux ans il avait planté deux bâtons sur le chemin qui sépare sa maison du village gouvernemental proche. Il m’avait expliqué que si des « missionnaires » musulmans ou des entrepreneurs (routes, déboisement) voulaient passer par chez lui, il n’aurait pas hésité à leurs décocher quelques flèches.
En août dernier, nous avons eu une dernière longue discussion. Il venait de former un dernier chaman, notre ami Aman Ipai. Il parla de la forêt sans laquelle les Mentawaï ne peuvent survivre. Il parla de l’importance de l’entraide, du rôle important des chamans pour que la vie soit harmonieuse… Ces discussions à bâton rompu me manqueront.
Aman Lau Lau a défendu sa culture toute sa vie. Sans lui, peut-être que Siberut ne serait pas ce qu’elle est encore aujourd’hui. »
Aman Lau Lau n’est plus, mais son esprit demeure par l’intermédiaire de ses fils, et de tous ceux qui sont devenus sikkerei sous son patronage. Et il y a encore beaucoup de sikkerei dans la forêt de Siberut.
Aman Ipai est devenu chaman
Avec l’aide d’une de nos voyageuses, Aman Ipai s’était enfin lancé en 2019 dans la démarche pour devenir chaman.
Il est donc maintenant sikkerei, chaman mentawaï, à part entière. L’intronisation fut longue et se déroula en plusieurs étapes, orchestrées par un tuteur, c’est-à-dire un autre chaman plus aguerri. En l’occurrence ce fut le regretté Aman Lau Lau, qui est aussi le père de Teo Lepon, avec qui Tahnee Juguin, qui va aussi accompagner certains de nos voyages sur Siberut, est en contact régulier.
Lors d’un prochain voyage sur Siberut, vous rencontrerez certainement Aman Ipai. Il sera notamment de la partie pour accompagner avec Joseph et Jerome dans la traversée vers les Sakuddei, un clan vivant de l'autre côté de l'île chez qui nous partons en voyage de reconnaissance, mais aussi vers Attabai.
Aman Ipai
Bande dessinée de Tahnee Juguin et Jean-Denis Pendanx
Tahnee nous conte ainsi l'initiation chamanique d'Aman Goddai autour de la réalisation d'un documentaire « participatif ». Tout au long de celle-ci, nous pouvons observer comment Aman Goddai devient un sikkerei, un chaman mentawaï. Nous découvrons leur mode de vie, autour de cérémonies chamaniques, de la chasse, de la pêche, de la réalisation de tatouages et de la cueillette de plantes. Les Mentawaï tiennent à ce que leur culture, l'Arat Sabulungan, l'animisme mentawaï, ne soit pas galvaudé par les occidentaux. Ils s'évertuent à conserver un mode de vie en communion avec la forêt et à le transmettre à leurs descendants. Cette bande dessinée est ainsi un très bel hommage à la culture mentawaï.
Tahnee accompagnera certains de nos voyages à la rencontre des hommes-fleurs de Siberut, dont le voyage chez les Hommes-fleurs mentawaï de Siberut et peuple korowai de Papouasie.
Notre voyage dans le Figaro Magazine
Nous vous rappelons qu’un article sur les Mentawaï de Siberut est paru dans le Figaro Magazine en décembre 2019, intitulé « Carnet de voyage chez les Mentawaïs, les «hommes-fleurs» de la jungle indonésienne »
Le journaliste Vincent Noyoux et le photographe Stephan Gladieu ont ainsi séjourné avec nous en juin 2019 chez les Mentawaï, accompagnés par Olivier Lelièvre, suite à ce voyage est paru cet article en décembre 2019 dans le Figaro Magazine, avec des photos de toute beauté.
Podcast Secret Planet : deux épisodes immersifs sur les Mentawaï
Anne Pastor, productrice de documentaires radiophoniques et auteur de la plateforme "la voix des femmes autochtones" a séjourné chez les Mentawaï à l'occasion d'un voyage Tamera accompagné par Olivier Lelièvre.
Elle en a ramené de beaux enregistrements, à partir desquels sont nés deux épisodes que nous avons diffusé sur notre podcast : les mentawaïs à la reconquête de leur identité et au coeur des cérémonies chamaniques mentawaï. Une jolie façon de commencer l'immersion chez le peuple mentawaï.
Les menaces qui pèsent sur les Mentawaï
Siberut a connu des années difficiles concernant sa forêt, mais aujourd’hui les choses ont bien changé. Dans les années 2000 à 2010, les entreprises de déboisement se bousculaient pour accéder aux trésors naturels de Siberut, et le nord de l’île a été bien endommagé. Puis, grâce à l’intervention de l’Unesco et de plusieurs organisations locales, les autorisations gouvernementales d’accès à la forêt pour les entreprises de déboisements ont été retirées. Entre-temps, 47 % du territoire de Siberut est devenu un parc national et l'ensemble de l’île a été intégré au réseau international des réserves de la biosphère. Aujourd’hui, seule une entreprise de bois garde l’autorisation de couper du bois mais elle a, depuis peu, arrêté ses activités.
Pour contourner cette interdiction, les entreprises ont trouvé divers prétextes pour revenir : développer des plantations de palmiers à huile, ou encore organiser des plantations de bambous pour faire du biocarburant. Mais personne n’a été dupe et les bureaux du consortium créés par ces entrepreneurs sont désormais fermés. Donc les nouvelles sont plutôt bonnes de ce côté.
La jungle de Siberut © Olivier Lelièvre
Une autre menace a plané longtemps sur les villages du sud de Siberut : le gouvernement avait projeté la construction d’une route reliant la côte aux villages gouvernementaux du centre de l’île. Une partie de la route a été construite il y a quelques années, mais les intempéries et le manque d’entretien l'ont réduite à un chemin boueux impraticable que seuls quelques kamikazes à moto empruntent encore pour aller vendre divers produits aux habitants. Une autre bonne nouvelle !
La menace la plus grande pour l’avenir, c’est en fait que les jeunes délaissent petit à petit ce mode de vie traditionnel. Nous vous rappelons que les Mentawaï de Siberut ne sont pas rattrapés par la civilisation comme de nombreux peuples à travers le monde. Ils ont déjà été obligés dans les années 1970 à s’installer dans des villages gouvernementaux et à choisir une religion monothéiste, mais un millier d’entre eux environ, suivant l’exemple des Teo Rocha, Biligo Teo Kani et Aman Lau Lau, sont retournés en forêt vivre de manière traditionnelle, en communion avec la nature et les esprits. C’est donc une démarche forte, qui perdure de nos jours, et devrait perdurer encore, mais cela dépendra des jeunes Mentawaï, des fils d’Aman Lau Lau, Aman Ibbuk, Teo Agoy et bien d’autres.
Nouveau voyage à Siberut dans la vallée d’Attabai
En dehors de la zone habituelle où nous allons à la rencontre des « hommes fleurs » mentawaï, autour de Buttui, deux autres régions sont particulièrement intéressantes : la vallée d’Attabai et la région habitée par les Sakuddei.
Nous avons mis sur pied un nouveau voyage sur Siberut, axé sur une immersion chez les Mentawaï de la vallée d’Attabai. Celle-ci est située à environ 5 à 6 heures de marche de la région de Buttui, une randonnée qui peut s’avérer très difficile s’il a beaucoup plu. Il est également possible d'y accéder depuis la côte méridionale de l’île, non loin des plages de Masilok, avec une remontée en pirogue de deux rivières sur 4 à 6 heures environ. Il existe aussi un autre accès plus direct depuis Muara Siberut, avec une longue marche.
Ce nouveau programme, intitulé Hommes-fleurs mentawaï de Siberut avec trek vers la vallée d'Attabai, est donc réservé à des personnes capables de marcher en forêt humide et boueuse sur 6 heures ou plus. Nous prévoyons une arrivée sur Attabai par trek depuis Buttui, et de quitter Attabai en descendant les rivières vers la côte sud. À noter que les conditions météo peuvent imposer un aller-retour depuis la région de Masilok.
Mentawaï dans la vallée d'Attabai © Tamera
Voyage de reconnaissance de la région des Sakuddei à la vallée d'Attabai
Les Sakuddei habitent sur le versant opposé de l’île de Siberut. Cette côte ouest est battue par les vents venant de l’Antarctique. Les Sakuddei ont été en contact avec l’explorateur Patrice Franceschi lors de son « odyssée de la boudeuse » en 2005. Il avait notamment rencontré Raiba, le grand chaman des Sakuddei, et en a sorti un film en 2013 intitulé « Raiba et ses frères, chronique du clan des Sakuddei ».
Les Sakuddei sont le clan mentawaï le moins approché, car le plus éloigné, mais aussi car ils ont plutôt tendance à refuser l’accès à leurs uma, maisons traditionnelles.
Jérôme et Joseph accompagneront en avril-mai 2024 la Traversée de l'île de Siberut vers le clan des Sakuddei et retour par la vallée d'Attabai depuis les clans habituels que nous fréquentons pour rejoindre cette région isolée. Aman Ipai sera de la partie, en sa qualité de tout nouveau chaman, et parce qu’il a déjà fait partie des repérages avec Joseph pour l’organisation de cette expédition, qui leur a permis de bien sympathiser.
Le trajet aller se fera à pied à travers la jungle en 2 à 3 jours, le retour en bateau par cabotage le long de la côte ouest vers la région de Masilok, au sud. L’expédition aller ne sera pas une promenade de santé. Même si c’est court, il s'agit d'un trek engagé au cœur de la forêt centrale de l’île, sur des sentes de chasseurs et avec usage de la machette pour se frayer un chemin sur des terrains souvent très boueux, glissants et hostiles.
À partir de Masilok, nous irons ensuite aussi vers la vallée d’Attabai en pirogue et à pied.
Sakkudei © Micheline Lelong
Voyage « rencontres chamaniques » accompagnés par Olivier Lelièvre
Un petit rappel concernant le voyage accompagné par Olivier Lelièvre : Rencontres chamaniques chez les Mentawaï avec Olivier Lelièvre. Après avoir arpenté de nombreuses régions d’Indonésie à la rencontre de ses peuples, Olivier s’est pris d’affection pour le peuple mentawaï dont il est devenu depuis 1989, un grand spécialiste. Il a notamment publié un livre magnifique intitulé Mentawaï, la forêt des esprits.
Olivier Lelièvre et deux sikkerei © Olivier Lelièvre
Chaque année, Olivier accompagne un ou deux voyages à la rencontre des chamans Mentawai de Siberut. En 2023, ce sera les 17 mai et 13 juillet. Ces voyages seront de vraies immersions dans le monde des chamans. Une occasion unique de les laisser nous expliquer ce que signifie et implique d’être un chaman aujourd’hui. Nous partageons certaines de leurs tâches : fabrication de médicaments en forêt pour soigner un éventuel malade et soin pour rappeler son âme.
Nous nous approchons du monde des esprits, par exemple lors d’une cérémonie où les chamans chassent les esprits maléfiques et rétablissent les équilibres entre les hommes, les esprits et les ancêtres à travers les offrandes, les sacrifices et la transe, qui leur permet d'entrer en contact avec le monde des esprits, les garants des équilibres du monde. Cela peut être aussi en allant dans des lieux particuliers où les esprits sont présents. Nous assistons à des chants et prières destinées à harmoniser les énergies très puissantes des chamans lorsqu’ils se rencontrent après un certain temps. Nous voyons aussi comment la conception du monde traditionnel et les sikkerei permettent aussi de maintenir les équilibres dans la nature.
Voyages à Siberut accompagnés par Tahnee Juguin
Tahnee a déjà séjourné de nombreuses fois chez les Mentawaï et va accompagner plusieurs de nos départs. Notre collaboration est toute récente, et avait été perturbée par l‘irruption de la crise du Covid-19. Nous établirons d’ailleurs peut-être des programmes plus spécifiques avec elle. Affaire à suivre.
Non seulement sa présence permettra d’avoir un accompagnement francophone, qu’il nous est difficile d’avoir, mais en plus nous bénéficions des contacts qu’elle a établi avec une communauté de jeunes Mentawaï, dont elle parle désormais la langue.
Plusieurs départs permettront de faire une petite immersion chez les Mentawaï puis de partir ensuite en immersion chez les Korowai, qui habitent les jungles marécageuses du sud de la Papouasie indonésienne.
Collecte de feuilles de palme en Papua indonésienne © Jérôme Kotry
Notre programme de base d'immersion sur Siberut à la rencontre des Mentawaï
Nous vous rappelons que nous pouvons assurer tout au long de l’année des départs dès deux participants sur notre programme principal Immersion chez les hommes-fleurs mentawaï de l'île de Siberut en 15 jours, avec un maximum de six participants pour ne pas être trop intrusifs, accompagnés par notre ami Joseph comme chef d’expédition et guide anglophone.
Le climat de Siberut est plutôt équatorial, la ligne de l’Équateur passant à seulement une centaine de kilomètres plus au nord. Il est donc possible d’y aller toute l’année, sachant qu’il pleut pleuvoir un peu n’importe quand. Mais il pleut cependant davantage entre novembre et mars.
Partir en Indonésie avec Tamera
Basée dans le vieux Lyon, l'agence Tamera est spécialiste des voyages et treks en Indonésie. Nous découvrons un vaste archipel d’environ 17 000 îles, du nord de Sumatra jusqu’au petites îles de la Sonde et nous immergeons au coeur de nombreuses ethnies et clans. Chez les « hommes-fleurs » Mentawaï, les Dayak et les Penan de Bornéo, les Torajas de Sulawesi, ou en Papouasie indonésienne chez les Korowai. Nos experts vous aideront à identifier les programmes qui correspondent le mieux à vos envies, votre expérience et votre condition physique.