Les Papous sont réputés pour leurs parures de corps et de tête lors de cérémonies, rassemblements et festivités. Ils utilisent également des masques, parfois très grands, dans les grands bassins fluviaux comme dans le Sépik, la région du Gulf et le pays des Asmat, mais aussi dans les îles de Nouvelle-Bretagne, Nouvelle-Irlande et Tabar. Un moment privilégié pour découvrir cette culture des masques est le Mask Festival de Rabaul, où toutes les communautés de l’île de Nouvelle-Bretagne convergent avec leurs masques.
Le voyage Masques de Nouvelle-Bretagne, Nouvelle-Irlande et du Gulf avec festival de Rabaul en Papouasie-Nouvelle-Guinée permet de découvrir ces masques fascinants lors de différentes cérémonies. Un programme à date de départ unique, en juillet.
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Les masques océaniens
Le masque, faux visage qui cache celui du porteur, est dans son acceptation usuelle une notion trop étroite pour rendre compte des masques de Papouasie, et même océaniens au sens large. Dans de nombreux cas, masques et coiffures apparaissent confondus. Ils sont destinés à occulter la personnalité du porteur au profit de l'esprit ou de l'être qu'il est censé représenter.
La culture des masques est très présente chez les peuples mélanésiens et papous, notamment au Vanuatu, aux îles Salomon et en Nouvelle-Calédonie, mais c’est en Papouasie qu’elle est la plus riche et la plus spectaculaire.
Ces masques rituels sont de véritables œuvres d’art, incarnant une tradition multimillénaire. Chaque masque porte en lui l’histoire d’un clan, d’une culture, d’un peuple. L’artisan, souvent un chef de clan respecté, s’aventure dans la forêt, cherchant du bois de qualité et des perles précieuses pour orner les masques. Son regard s’affine, à la recherche des plumes brillantes et des cheveux nécessaires pour donner vie à ces objets sacrés.
Chaque masque est unique, représentant un ancêtre ou un esprit vénéré par le clan. L’artisan prend soin de respecter chaque étape de la création, respectant ainsi les traditions ancestrales de son peuple.
Danse masquée dans la province du Gulf © Marc Dozier
Les fonctions des masques papous
Ces masques ne sont pas seulement des objets d’art. Ils ont une signification profonde dans les cérémonies, symbolisant l’autorité de la chefferie et les liens qui unissent le clan. Les masques sont utilisés lors des cérémonies de pêche, de guérison et d’initiation, ajoutant une dimension sacrée à ces événements.
Au fil du temps, les traditions cérémonielles liées aux masques ont subi des transformations, influencées par la modernité, tout en conservant l’essence de leur signification première. Les masques continuent de jouer un rôle vital dans les relations au sein des clans, en influençant les dynamiques sociales et culturelles. Leur préservation constitue un enjeu majeur pour les peuples mélanésiens, qui cherchent à maintenir vivantes leurs traditions ancestrales.
Les fonctions des masques sont multiples. La première est de transformer le corps de son porteur, mais il peut aussi servir à personnifier des objets, tels qu'ignames ou monnaies de coquillages par exemple.
Le masque peut aussi servir de protection : les peuples guerriers du fleuve Sépik plaçaient des masques à la proue de leurs pirogues ou sur les pignons de leurs maisons cérémonielles pour déjouer les attaques de l'ennemi. On peut encore admirer aujourd'hui les grandes maisons-masques du village de Tambanum, dont la bouche fait office de porte. C'est également dans la région du Sépik qu'étaient confectionnés d'immenses masques collectifs qui pouvaient abriter une dizaine d'initiés.
Dans toute l'Océanie, les masques sont très souvent sexués, mâle, femelle ou hermaphrodite, mais ils ne sont portés que par les hommes. Si leur fabrication nécessite parfois plus d'une année, leur présentation publique ne dure que quelques minutes. Cette prestation est souvent une épreuve physique intense pour les porteurs, car les masques sont parfois très lourds, aussi la chorégraphie doit-elle être codifiée avec précision. Différents instruments de musique accompagnent généralement la sortie des masques, car tous les sens sont sollicités pour que leur apparition produise l'admiration, l'émotion et le respect des spectateurs. Certains masques, perçus comme l'incarnation des esprits des morts, sont considérés comme très dangereux, et leur apparition provoque la peur des spectateurs.
Autrefois, les masques étaient les garants de l'ordre social et leurs sorties permettaient de le rétablir en période de troubles.
Danse avec des masques dans le Sépik © André Villon
Les différents types de masques papous
Une dizaine de catégories de masques peuvent être définies en fonction de la manière de les porter. Ainsi, on distingue les masques qui sont tenus à l'aide d'une main ou de la bouche, ceux qui sont fixés sur la face, le front, la tête ou sur la nuque à l'aide de liens, ceux qui ne cachent qu'une partie du visage, ou toute la tête comme un heaume rigide ou comme une cagoule souple. Dans certains cas ils comportent deux visages, un à l'avant, l'autre à l'arrière. Certains masques reposent sur les épaules et d'autres, enfin, sont fixés sur une armature sous laquelle se cache le porteur. Ces masques représentent des figures humaines ou animales, des végétaux, ou des éléments de la nature comme une montagne, le soleil ou la lune. De nombreux éléments décoratifs viennent souvent compléter leur mise en œuvre.
La connaissance historique des masques océaniens n'a qu'un peu plus de deux siècles et la christianisation a souvent donné un coup d'arrêt à leur fabrication.
Danseurs masqués tolaï en Nouvelle-Bretagne © Philippe Gigliotti
Où trouve-t-on des masques en Papouasie ?
Les régions où l'on trouve de nombreux types de masques correspondent souvent à des zones où existaient de vastes réseaux d'échanges, comme dans les régions du fleuve Sépik, du golfe de Papouasie, de la péninsule de Gazelle, au nord de la Nouvelle-Bretagne, et au nord du Vanuatu.
À la croisée de plusieurs mondes – Asie, Mélanésie, Polynésie – la Papouasie est composée en grande partie de la vaste île de Nouvelle-Guinée, au nord de l’Australie, qui fut coupée en deux par le jeu de la décolonisation. Sa partie occidentale, longtemps sous domination hollandaise, appartient aujourd’hui à l’Indonésie sous le nom de Papua, l’ancienne Irian Jaya des Indonésiens, tandis que sa partie orientale acquit pacifiquement son indépendance de l’Australie en 1975, pour devenir, avec les nombreuses îles attenantes à l’est, la Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG).
Exploitant au mieux leur milieu naturel, mais pratiquant aussi un complexe système de troc pour se procurer des objets venus d’ailleurs, les Papous ont fait preuve d’une imagination et d’un sens artistique hors du commun. Les masques en font partie, au même titre que les parures, tatouages et scarifications, utilisés par des danseurs pour honorer les ancêtres, pour célébrer des échanges traditionnels ou des initiations.
Masques en Nouvelle-Bretagne © Marc Dozier
Pillée par les premiers explorateurs, puis par les missionnaires et enfin par les collectionneurs, la Papouasie-Nouvelle-Guinée interdit aujourd’hui la sortie du territoire de toute pièce antérieure à 1960.
En Papua indonésienne, ce sont les peuples des basses terres du sud, notamment les Asmat, qui sont les plus connus pour leur production de masques.
De même, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, c'est particulièrement dans les zones de basse terre que l'on trouve des sociétés à masques, les peuples des Highlands ayant consacré leur imagination créatrice aux coiffures de plumes et aux décorations faciales. Les masques de terre glaise des Asaro font exception. C’est ainsi, dans la région du fleuve Sépik, au nord, et dans la région du Gulf, au sud, que la culture des masques s’est fortement développée. Il y a notamment les masques à Igname des Abelam et les masques mwai des Yatmul. Les îles situées entre la Nouvelle-Guinée et les îles Salomon abritent aussi une culture des masques forte, notamment dans les îles de Nouvelle-Bretagne, Nouvelle-Irlande et Tabar. Il y a notamment les masques tatanua des cérémonies malagan, les duk-duk des Tolai, les kavat des Baining, et les masques sulka.
Masques de Papua indonésienne
En Papua indonésienne, ce sont donc les Asmat qui sont les plus connus pour leurs masques. Ils en ont plusieurs types, réalisés soit en fibres végétales, formant une cotte de mailles très serrées colorées en blanc et en ocre, soit en vannerie spiralée de rotin formant des cônes parfois tronqués.
Les cottes de mailles sont dotées d'une cagoule qui recouvre la tête, et de manches pour les bras. Les yeux sont représentés par des lunettes en bois sculpté évoquant des becs d'oiseaux et le nez est traversé par un morceau de bois qui ressemble au bijou nasal porté par les hommes. Des plumes blanches et noires sont fichées au sommet de la tête. Les masques de vannerie sont parfois surmontés de pièces de bois sculpté et peint.
Ces techniques de fabrication sont proches de celles utilisées par les Yatmul ou les Sawo de la vallée du Sépik. Les masques des Asmat évoquent les esprits des ancêtres défunts dont ils portent le nom. Ils sortent à la tombée du jour pour danser toute la nuit et disparaître aux premières lueurs du jour.
Masques des Asmat © Musée d'Agats en Papouasie indonésienne
Masques du Sépik
Les masques sont fabriqués par les hommes, et sortis à l'occasion de grandes cérémonies qui se déroulent autour des maisons des hommes sur la place cérémonielle des villages. Malgré la christianisation au début du XXe siècle, et l'influence de sectes fondamentalistes implantées dans la vallée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des masques sont encore fabriqués. Leurs armatures peuvent être très impressionnantes par leur hauteur, et peuvent atteindre plus de trois mètres. Généralement, les masques sont faits en bois, mais il en existe en vannerie et en d'autres matières. Ils sont généralement conservés au premier étage de la maison des hommes
Divers masques de la région du Sépik © André Villon
Le masque à igname à tête d’oiseau des Abelam est formé de fibres tressées, coloré d’ocre et autres pigments. À l’occasion des fêtes célébrant la récolte, il était fixé sur des ignames de la taille d’un homme, dont elles évoquaient la silhouette.
Les spectaculaires masques awan, aux longues jupes en franges de rotin, étaient des éléments centraux des rituels. Ornés de deux têtes superposées, ils expriment la dualité des êtres, hommes ou animaux qui peuvent changer de forme. Les ancêtres, omniprésents dans la vie quotidienne, se métamorphosent constamment et peuvent prendre les traits du conteur, qui parle en son nom. Le masque biwat représente un visage anguleux présentant invariablement un long nez. Ici tout est rondeur et polychromie. Il existe un masque qui représente un esprit de l'eau. Lors de cérémonies d'initiation, il incarnerait la « mère crocodile », qui symboliquement avale les jeunes novices qu'elle régurgite en homme nouveau.
Danseurs masqués devant une maison des esprits dans le Sépik © André Villon
Masques de Nouvelle-Bretagne
En Nouvelle-Bretagne il y a de nombreux masques chez les Tolai et les Baining de la péninsule de Gazelle, tout au nord-est de l’île, dans la région de Rabaul. C’est d’ailleurs là que chaque année, en juillet, se déroule un grand rassemblement, appelé Mask Festival, où convergent tous les principaux groupes ethniques de toute la Nouvelle-Bretagne, et même du sud de la Nouvelle-Irlande voisine. Nous organisons d’ailleurs un voyage à cette occasion, intitulé Masques de Nouvelle-Bretagne, Nouvelle-Irlande et du Gulf avec festival de Rabaul.
Parmi les masques des Tolai il y a les duk-duk, masques impressionnants couverts de feuilles, qui incarnent des esprits. Il y a aussi les masques alor avec une face en bois, souriante, sur laquelle est fixé un couvre-chef surmonté de motifs complexes et dentelés associant oiseaux, petits personnages ou serpents enlacés.
Préparation des masques pour le festival © Marc Dozier
Quant au peuple baining, il vit en petits groupes éparpillés dans la jungle des montagnes de la péninsule de Gazelle. À l’occasion de décès, fête des récoltes, venue d’un visiteur…, la tribu exécute un rituel où les hommes dansent avec des masques sur un immense brasier. Pour le rituel, les Baining se rendent dans la forêt afin de fabriquer de gigantesques masques appelés kavat. Ils choisissent un mûrier et prélèvent une couche d’écorce qu’ils transforment en tissu et sur lesquels ils peignent d’étranges aspects anthropomorphiques.
Ces masques représentent les esprits de la forêt que les ancêtres ont vu dans des grottes de la jungle. En construisant ces masques, les Baining incarnent les esprits pour faire peur à ceux qui se comportent mal. La danse du feu est, elle, considérée comme un divertissement, un « jeu », que seuls les hommes déjà fortement socialisés peuvent entreprendre, car ils sont jugés assez forts pour résister aux forces supranaturelles du jeu, qui pourraient les désocialiser et les faire revenir à l’état animal.
Danse du feu des Baining © Philippe Gigliotti
La fabrication des masques répond à cette idée de maîtrise de la nature chaotique : les hommes partent de matières premières brutes empruntées à la nature, pour en faire des objets anthropiques, sophistiqués. À la tombée de la nuit, un grand feu est allumé dans le village. Les danseurs, vêtus des masques viennent alors danser autour du feu et sauter dans le brasier pour se montrer plus puissants que la nature, plus forts que les flammes.
Les masques kavat sont composés d’une structure de base en rotin formant plusieurs arceaux ligaturés ensemble par des fibres végétales. Cette armature est complétée par de petites baguettes et un réseau de fibres végétales nouées. Il renforce sa stabilité et permet de placer une couche de feuilles de « rembourrage ». Ce mode de fabrication permet d’obtenir des masques de bonne envergure tout en conservant une grande légèreté. Toutes les opérations de fabrication ont lieu dans un abri en forêt, caché du reste de la communauté, notamment des femmes et des enfants.
Masques tatanua de Nouvelle-Irlande
Ce sont des masques traditionnels fabriqués par les habitants de l’île de Nouvelle-Irlande. Les masques sont sculptés dans du bois tendre et coiffés de fibres de coco, fibres de canne à sucre ou toisons animales. Ils étaient utilisés lors de cérémonies funéraires appelées malagan. Ces masques, qui étaient autrefois brûlés ou abandonnés après les rituels, sont aujourd’hui réutilisés.
Les rites funéraires malagan étaient organisés par la famille du défunt en signe de respect pour lui et pour communiquer avec les divinités. Les danses étaient exécutées en groupe. La fabrication des masques sculptés pouvait prendre plusieurs mois, si bien qu'il pouvait s'écouler un certain temps avant que la personne décédée soit célébrée. Les cérémonies auraient servi à la communauté comme moyen de démontrer ses qualités à ses voisins en même temps que de se rencontrer, de s'accorder et d'accomplir l'aspect culturel du décès d'un de ses membres.
Chef d'un village et son masque malagan, en Nouvelle-Irlande © Marc Dozier
Masques de la région du Gulf, le golfe de Papouasie
Fabriqué à partir d’écorce, de rotin et de fibres naturelles, le grand masque de danse hevehe peut atteindre 4 mètres de haut. Pour les tribus du Gulf, c’est-à-dire du golfe de Papouasie, il représente l’esprit du clan. Ces tribus étaient les organisatrices de grandes performances masquées. Ces masques étaient considérés comme des esprits marins, qui leur rendaient périodiquement sous la forme des masques. Il s’agissait alors pour les hommes de créer et d’entretenir auprès des femmes l’illusion que ces masques n’étaient pas des artefacts, mais bien des créatures non humaines. Et ils déployaient pour cela des trésors de mise en scène et d’ingéniosité.
On pouvait fabriquer jusqu’à une centaine de masques hevehe par cycle, il était donc impossible pour les hommes de travailler sur tous en même temps dans l’espace réduit de la maison et l’opération pouvait durer plusieurs années. Sur la grande boucle en rotin, on tendait horizontalement des baguettes en bois de palmier ainsi qu’une grande baguette qui traversait le masque verticalement. C’est sur ce quadrillage qu’on tendait ensuite l’étoffe d’écorce, à la fois à l’avant et à l’arrière du masque, sur laquelle étaient cousues de fines nervures en fibres végétales qui formaient les contours des motifs destinés à être peints plus tard. On terminait en ajoutant à l’arrière du masque une grande baguette qui dépassait en haut et en bas du masque et sur laquelle on fixait un cône de rotin destiné à accueillir la tête du porteur. On fixait également à l’avant du masque une impressionnante bouche en bois munie de crocs.
L’apparence des masques, combinée à la mise en scène théâtrale qui entourait leur apparition et à une excitation née d’une longue attente, contribuait à enchanter le public qui assistait à leur sortie spectaculaire, ébahi devant ces apparitions extraordinaires qui ne pouvaient être que d’une autre nature.
Danseur masqué dans la province du Gulf © Marc Dozier
Masque des Asaro dans les Highlands
Dans les Highlands, ce sont les parures corporelles et de tête qui sont la règle, mais il y a une exception : les masques de terre glaise des Asaro. Les hommes s'enduisent le corps d'argile blanche et portent un court pagne en feuillage. Ils couvrent leur tête d'un masque-heaume conique ou sphérique sur lequel est modelé un visage décoré de dents de cochon ou de graines. Les trous des yeux leur permettent de voir les spectateurs et de se déplacer facilement. Il est probable que cette tradition ne date que de la première moitié du XXe siècle.
"Hommes-boue" asaro dans les Highlands © Marc Dozier
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