24 février 2016 - Amériques, Pérou, Peuples et fêtes

Au cœur des Andes péruviennes, des dizaines de milliers de quechuas se rassemblent chaque année. Dans un tohu-bohu qui mêle rites andins et foi catholique, cet évènement qui se déroule à 5.300 m d'altitude est l'un des plus éblouissants pèlerinages syncrétiques d'Amérique latine que vous pouvez découvrir lors d'un voyage à pied au Pérou avec Tamera.

 

Quand la foule remplace Lamas et Alpagas

Tous les ans à 4 700 mètres d’altitude, la vallée paisible de Sinakara, verte et silencieuse, se transforme en capharnaüm humain incommensurable. En effet un peu avant le solstice d’hiver, cette vallée de la cordillère des Andes uniquement peuplée de lamas et d’alpagas attire une foule de pèlerins pendant quelques jours.

Au pied des glaciers

La plupart sont des Quechuas, descendants des incas, de la région de Cusco, d’autres sont des Aymaras de la région de Puno. Les pèlerins  arrivent en grand nombre à la petite bourgade de Mahuayani qui se transforme pour l’occasion en parking géant aux ambiances de kermesse. Ensuite ils entreprennent une marche de plusieurs heures pour se rendre au saint des saints : la petite chapelle de Sinakara au pied des glaciers.

Le Christ et les Apus

Bien que ce pèlerinage soit de tradition animiste et autochtone il est aujourd’hui le plus grand rassemblement religieux d’Amérique. C’est en 1780 que le petit Mariano, berger des Andes eu une vision du Christ.  Depuis une petite chapelle fut construite sur le lieu devenu sacré. Aujourd’hui, les pèlerins par dizaines de milliers viennent assister à la messe principale qui célèbre l’événement. Mais ils viennent aussi et surtout pour rendre hommages aux Apus (esprits) de la montagne. Ainsi, la veille du jour principale les Ukukus aussi appelés ours du fait de leurs vêtements qui ressemblent à une fourrure de plantigrade se rendent en groupe vers les différents glaciers de la région. La glace qu’ils descendront sera amenée jusqu'à Cusco et sera exposer lors de la cérémonie du Corpus Christi, la fête dieu qui à lieu deux jours plus tard. Cette glace était utilisée pour arroser  et sacraliser les terres  des paysans.

Victime du réchauffement climatique

Il est dorénavant interdit de prélever de la glace des montagnes, en 20 ans les glaciers ont reculé de manière significative et seuls les Ukukus ont le droit de fouler de leur pas la demeure des Apus non sans avoir au préalable escaladé les passages de glace à l’aide de leurs fouets attachés les uns aux autres.

La foire aux illusions

Sur un promontoire caillouteux au dessus de l‘église, semble s’être érigé un marché ou une foire. Ici tout semble possible : Acheter un camion, une voiture ou un tracteur (miniature), un diplôme, une maison, consulter un notaire et tout cela pour quelques billets de dollars américains mal imités. Ce que l’on veut dans la vraie vie, on le fait symboliquement ici. Pas surprenant alors que l’on me demande de servir de témoin de mariage. Le prêtre, malgré son sens de l’humour décapant, prend sont rôle très au sérieux.

Un évènement au syncrétisme certain

Jours et nuits le son tonitruant des cymbales, des cuivres et des tambours accompagne les danses colorées et diversifiées. Parfois les danseurs se fouettent les mollets vigoureusement à tour de rôle. De nombreux rituels ponctuent les journées intenses. Le dernier soir venu la pleine lune éclaire le mont Ausangate. Des milliers d’Ukukus en robes et passe-montagnes avancent en file indienne. Ils marcheront toute la nuit et, dans quelques heures, au premier rayon de lumière, ils se prosterneront pour rendre hommage à leur dieu historique : Taita Inty, le père soleil.

 

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