Une constellation de sommets à 6000 mètres. Un tour aussi majeur qu’intimiste entre vallées reculées et la puissance d’une guirlande de cols isolés : Huayhuash, dans le panthéon des cordillères péruviennes, est une destination à haute émotion ajoutée pour le marcheur… un blog signé Jean-Marc Porte.
Nettement individualisée et moins fréquentée que la cordillère Blanche, la chaîne des Huayhuash est située au sud de Huaraz. Étendue sur une trentaine de kilomètres « seulement », cette petite sœur locale de la Blanche, nettement plus isolée et individualisée, est également un haut lieu de l’andinisme. Jirishanca, Rondoy, Siula Grande, Yerupajá : que vous soyez marcheur ou alpiniste, l’émotion des premiers regards sur les 6000 de Huayhuash, depuis les balcons encore lointains du village de Chiquipan, le principal point d’entrée du secteur, est à coup sûr une rencontre mémorable : émergeant des hautes collines, l’écrin des sommets étincelants sur l’horizon fascine par sa « cohérence ». Une échelle a priori plus modeste que bien des secteurs andins, mais dont l’harmonie globale est juste… éclatante.
La proposition Tamera : Grand tour de la cordillère Huayhuash
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Esthétiques majeures…
Lac d'altitude le long de la cordillère Huayhuash au Pérou © Jean-Marc Porte
Le tour classique de Huayhuash ne dément pas cette perspective : la circumambulation complète ne cesse de ventiler sans interruption, jour après jour, un triptyque réunissant passages en vallées au ras des écosystèmes d’altitude (punas et zones humides, où sont établis d’étonnants secteurs d’alpage et d’élevage), de solides prises d’altitude sur des cols majeurs autour de 5000 mètres... Et une succession de fenêtres plein cadre, au ras de sommets ou de groupes de sommets aux esthétiques encore une fois… majeures. Les passages mémorables sur le Paso Alcaycocha ou le Paso San Antonio notamment, sont ponctués de confrontations visuelles directes avec les sommets stars de la cordillère (le Nevado Rondoy, les deux Jirishanca, dont le Jirishanca Grande à 6094 mètres, le Trapecio, le Siula Grande, le Mitaraju…).
Tour et haute route
Trek de la cordillère Huayhuash au Pérou © Jean-Marc Porte
Plusieurs options classiques de circuit coexistent pour aborder Huayhuash :
- Au plus facile, la remontée relativement fréquentée sur la lagune Juhuacocha (2/3 jours en AR) offre une vue sur les versants occidentaux du Rondoy, du Jirishanca et des Yerupajá.
- Le tour classique, déjà soutenu, nécessite lui 8 à 10 jours. Il coexiste avec une version « haute route », plus engagée encore, qui court au plus près des secteurs glaciaires.
Les amoureux de Huayhuash plébiscitent souvent désormais un « mixte » de ces deux circuits, empruntant sur 8 jours le col de Cacanan à 4690 mètres, la lagune Mitucocha, le col d'Alcaycocha, la lagune Carhuacocha, le col de Siula à 4830 mètres, le col de Trapecio à 5010 mètres, le camp Elephant, le col San Antonio à 5020 mètres, les alpages de Huatiac, le col Tapush à 4780 mètres, le col de Yaucha Punta à 4830 mètres, la lagune Juhuacocha, le col de Mancan Punta à 4570 mètres, avant de rallier Pocpa.
Un must andin
Le long de la cordillère Huayhuash au Pérou © Jean-Marc Porte
La réputation de diversité, de « compacité » et d’esthétique de la cordillère Huayhuash n’est plus à faire. De l’avis de nombreux amoureux des Andes, la « petite » cordillère est un must do de la marche en Amérique du Sud. Les périodes de trek y couvrent l’été andin, la saison sèche et favorable qui court dans l’hémisphère sud d’avril à septembre. Bémol : certains secteurs croisent du regard la présence d’invraisemblables mines d’altitude. Cicatrices des pistes d’accès vertigineuses, des installations et des crassiers. À plus de 4000 mètres d’altitude, ces activités sont pourtant au point mort. Depuis 2002, Huayhuash est protégée [zone réservée] sur une superficie de 67 590 hectares : les activités minières qui avaient lieu dans la région sont désormais interdites.
La mort suspendue
Trek de la cordillère Huayhuash au Pérou © Jean-Marc Porte
En 1985, deux alpinistes britanniques, Simon Yates et Joe Simpson, réussissent après plusieurs jours d’ascension la première de la difficile face ouest du Siula Grande à 6344 mètres. La redescente en face nord va tourner à la catastrophe : dans la tempête, Simpson se fracture une jambe. Simon Yates continue d’assurer sa descente. Mais va finir, pour sauver sa peau, par couper la corde qui le relie à son compagnon pendu dans le vide. Scénario irréel : Joe Simpson, seul et grièvement blessé, rampera durant trois jours vers sa survie. Il atteindra miraculeusement le camp de base que Yates, persuadé de la disparition de Simpson, s’apprêtait à quitter. La Mort suspendue, le récit que publiera Simpson, fait aujourd’hui partie des très grandes histoires de survie dans les Andes…
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