En octobre dernier, un petit groupe de six amateurs de safari est parti en Ouganda à la rencontre d’une faune unique et des peuples du Rift occidental. Moins connu et moins fréquenté que ces deux voisins d’Afrique de l’Est (Kenya et Tanzanie), l’Ouganda abrite une faune extraordinaire que nous observons dans son habitat naturel. Accompagnés de rangers nous observons notamment les Big Five (lions, léopards, éléphants, buffles, rhinocéros). Tout au sud, au détour d’une randonnée en forêt nous prenons le temps d’une approche intime avec les gorilles des montagnes. Dans cet article de blog, Mégane revient sur ce fabuleux voyage au cœur de plusieurs parcs nationaux, de forêts et de réserves naturelles. Un voyage rare dans une Afrique préservée aux Sources du Nil.
© Photos de Mégane Quéromès
La « perle de l’Afrique » offre une variété étonnante d'écosystèmes et de communautés. En plein cœur du continent africain, l'atmosphère est unique et les paysages défilent sans transition. Le climat est très contrastée : le nord est sec et aride, le sud du pays est humide et verdoyant. Ainsi, dans le parc national de Murchison Falls, nous sommes entourés d’acacias verts, de savane blonde, avec quelques palmiers parsemés de-ci de-là. Le tout en compagnie des Big Five ainsi que de hyènes, girafes, zèbres, antilopes, phacochères qui nous observent... et réciproquement.
Moins visible que son homologue oriental au Kenya, le rift ougandais se traduit dans le paysage par de nombreux volcans, caldeiras et lacs. Notamment dans le parc national de Mgahinga (le plus petit parc national du pays, soit 48 km2) où six volcans des Virunga, étagés de 3 400 à 4 500 mètres d'altitude, font frontière avec le Rwanda au sud. Cette « chaîne » des Virunga date de deux millions d’années. Le mont Blanc quant à lui date de vingt millions d’années. Les Virunga sont donc très jeunes en comparaison ! Les pistes que nous empruntons dans cette zone tirent leur noirceur de la lave issue du magma volcanique. Étonnamment, les coulées de lave se sont arrêtées juste à la hauteur de l’aéroport !
L'Ouganda, ce petit pays, est situé en limite de la grande forêt primaire congolaise à l'ouest et des savanes steppiques du Kenya à l'est, avec quelques touches désertiques du Sahel où les explorateurs jetaient sans doute les noyaux de dattes qu’ils consommaient en marchant. Aujourd'hui, le décor très végétalisé, autorise de nombreuses possibilités de safari à pied et en bateau, car la faune est présente partout en abondance.
Et parmi cette faune, une rencontre attendue avec empressement par tous les participants : les gorilles de montagne. Nous pénétrons dans cette jungle dense de Mgahinga avec pour objectif d’observer les gorilles mais plus précisément de retrouver le groupe de Nyakagezi. C’est un groupe de huit gorilles avec trois mâles à dos argenté, ce qui est très rare au sein d’une seule famille !
Vers neuf heures du matin notre équipe de rangers (armés) lance le rythme, veillant à ne pas être trop rapides et prenant bien soin de s’arrêter de temps en temps pour que nous reprenions notre souffle. Mine de rien, pour ceux qui n’ont pas l’habitude de la montagne, nous partons pour environ 500 mètres de dénivelé sur moins de 8 kilomètres de marche ! Lors des pauses, nous nous asseyons sur de la mousse ou à ras du sol et admirons la verdure foisonnante qui nous entoure. Régulièrement, lorsque nous posons nos sacs pour nous désaltérer, un énorme ver bien rose sort de terre pour se recroqueviller gentiment à nos côtés.
Au bout d’environ deux heures de marche, nous comprenons que les gorilles ne sont plus très loins. Nous entendons nettement les cris des rangers qui s'interpellent, et nous sommes dans la brume, en dessous de la brume... La dernière étape avant de rentrer en contact avec les gorilles n’est pas une ligne « droite » mais elle est semée de nombreux obstacles : bambous grossièrement coupés qui marquent le chemin à emprunter, lianes en travers qui menacent la tête des plus grands d'entre nous, racines cachées sous les feuilles et qui nous font trébucher... Mais nous passons outre, vaillamment, avec le sourire, car une expérience extraordinaire s'annonce, entrer au contact de nos cousins les plus proches.
Et là, à une quinzaine de mètres seulement, sous les arbres qui s'agitent, mon premier contact : une petite boule de poils gambadant sous la forêt de bambous. Le ranger le plus près de ce jeune gorille me fait signe d' approcher. Sans faire de bruit, je m’avance en douceur, mais mes pieds s'entravent une fois de plus dans la végétation au sol. En perdant mon équilibre, je le surprends, mais surtout sa maman que je n’avais pas encore aperçue. Elle se lance dans une charge mais s’arrête net à quelques mètres de moi ! Le ranger la rassure en bougonnant d’une voix grave. Cela me rassure également ! Aussitôt, elle se pose devant nous et nous laisse l’admirer. Nous sommes bouche bée devant sa beauté, ses yeux noir de jais et sa dextérité alors qu'elle s'active à ouvrir des pousses de bambous. Son petit quant à lui s'amuse à grimper le long des tiges de bambou et à les redescendre avec une rapidité sans pareil. Nous prenons le temps d’immortaliser ces moments en prenant quelques clichés puis en utilisant le viseur de l'appareil photo nous pouvons observer d’autres gorilles un peu plus loin dans la forêt.
Les guides nous font signe de les suivre et en quelques pas nous tombons sur une clairière où toute la famille prend le soleil. L’alpha, Marc, posé au milieu de tous, le regard au loin, se laisse épouiller par un des petits. Lorsqu'il se lève, nous admirons son envergure : un mâle dominant, au dos argenté, de 250 kg pour une taille de 1,70 mètre, avec des mains dix fois plus puissantes que celles de l’ancien boxeur Mike Tyson ! Cela dit, Marc ne prête pas trop attention à nous, contrairement à un des jeunes qui arpente un arbre pour prendre un peu de hauteur sur nous. Il est aussi curieux de nous que nous le sommes de lui !
Plus bas dans la forêt, les deux petits de la famille semblent adorer avoir un public à leur écoute. Ils se frappent la poitrine comme les grands. La technique n’est pas encore très au point, mais leurs premiers essais sont prometteurs et surtout très drôles à regarder.
Ces observations silencieuses de nos cousins végétariens et pacifiques ont duré précisément 50 minutes. À l’issue de cette visite, nous reprenons la route en sens inverse nous remémorant chaque geste, chaque regard, chaque bruit… Nous nous sommes régalés et c’est avec un petit chagrin que nous les quittons, sans oublier que même s’ils sont « habitués » à l’Homme, ils restent des animaux sauvages et doivent être respectés en tant que tels.
Notre prochain départ pour cette aventure Découverte des volcans Virunga, gorilles de montagne et grande faune se déroulera du 01 au 14 août 2020.
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