Turkanas, inspiration du premier logo de Tamera, Kenya © Aline Périer
Tamera, c’est trente ans d’aventure pour reprendre du souffle et de la hauteur dans un monde qui s’accélère. L’histoire d’une grande passion du voyage pour une partition inédite, innovante et décalée, élégante et engagée, que des milliers de voyageurs et des centaines de partenaires fidèles ont jouée : du Sahara et du voyage d’aventure des années 90, à l’ouverture au monde et aux grandes traversées des années 2000, jusqu’aux grands treks, aux expéditions himalayennes et polaires des années 2010. À l’heure où nous continuons d’écrire avec enthousiasme notre histoire, fidèles à nos origines, nous retraçons en trois chapitres, à destination des plus jeunes qui nous connaissent peu et des plus anciens un brin nostalgiques, l’épopée de Tamera qui se confond par essence avec celle du monde. Dans ce premier article, coup de projecteur sur les années 1994 à 2001, de la fondation par Jacques Chatelet centré sur le Sahara, au voyage d’aventure cousu main, en Asie en particulier.
Sadhus lors d'un festival, Inde © David Ducoin
Ouverture de l’agence le 1er septembre 1994
Voilà cinq années que le mur de Berlin est tombé, en cette fin d’été 1994, Jacques Chatelet, grand saharien fonde Tamera, voyages d’aventure. L’agence ouvre au 26 rue du Bœuf dans le Vieux Lyon. La quarantaine passée, cela fait déjà plus de vingt ans qu’il parcourt le Sahara à pied avec ses amis et parfois, avec des petits groupes clients, d’abord dans le cadre d’une association, Vagabondages, puis d’une agence de trekking qu’il cofonde en 1986, et qu’il quitte à cette occasion.
Timbre commémoratif © Zabanski
Décennie 90, entre promesses et chaos
Un vent de liberté souffle sur ces années 90, la chute de l’Union soviétique et l’ouverture du bloc de l’Est, l’émergence de la Chine dans le commerce international consacrent la suprématie des États-Unis, l’avènement du libéralisme et de la mondialisation.
La géopolitique mondiale demeure morcelée avec de nombreux conflits pour certains particulièrement meurtriers : guerre du Golfe, Tchétchénie, Yougoslavie, Congo, Rwanda où 800 000 personnes sont assassinées en trois mois en 1994.
L’espoir, avec la fin de l’apartheid et l’élection à la présidence de l’Afrique du Sud de Nelson Mandela en 1994. L’inquiétude, avec l’assassinat de Yitzhak Rabin en 1995, l’horreur en mars 1996, quand sept moines du monastère de Tibhirine sont enlevés et exécutés. Nous sommes en pleine décennie noire en Algérie (1992-2002), qui fera entre 60 000 et 150 000 morts et de nombreux disparus. Lady Di meurt à Paris en 1997 et l’équipe de France remporte la coupe du monde en 1998.
Le GIEC émet son premier rapport d'évaluation en 1990 sur le climat, puis un second en 1995, fournissant aux négociateurs d’importants documents permettant l’adoption du protocole de Kyoto en 1997, accord international visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Une décennie, enfin, au cours de laquelle quelques technologies émergent qui vont bouleverser les trente années suivantes. Naissance de la brebis Dolly, premier mammifère résultant d'un clonage, création du World Wide Web, démarrage et popularisation du téléphone mobile, de l’informatique de bureau et personnelle, notamment grâce au développement de la puissance des micro-processeurs d’Intel et aux entreprises de logiciel, dont Microsoft (Word, Excel et Powerpoint) qui connaît son apogée.
Dhaulagiri, Népal © David Ducoin
Le Sahara, berceau de Tamera
Chez Tamera, le grand Sud tunisien démarre fort en ce premier hiver 1994, avec un peu de Mauritanie pour compléter. L’Algérie est bien fermée. Le passage inopiné d’un Sherpa, Nima, à l’agence nous permet de lancer nos treks au Népal l’année suivante. C’est en 1995 que démarre le Sahel avec le Mali, puis le Burkina Faso, avec le fabuleux pays Dogon qui allait devenir une des destinations phares de Tamera : un peuple nomade extraordinaire à l’histoire millénaire, astronomes, avec leur religion et leurs coutumes singulières, reliées au ciel, aux étoiles. La Casamance se développe fortement avec notre réceptif, ministre sénégalais de la condition féminine !
Tassili du Hoggar, Algérie © Jean-Marc Porte
La Libye, avec, dans le grand Sud, des paysages tassiliens, l’art rupestre et son peuple touareg, réouvre en 1995 et Tamera est la première agence française à envoyer des voyageurs. Elle sera probablement la dernière à en repartir 13 années plus tard, en 2008, dans un avion affrété par l’État italien qui quittera en toute hâte le tarmac de l’aéroport de Sebha. Au démarrage, les trekkers atterrissent en Tunisie, passent la frontière et descendent vers l’Akakous en 4x4… Une sacrée expédition ! Rien dans ce pays ne fut jamais bien clair et tout au long de notre présence, certaines saisons furent possibles, d’autres moins… Comme le grand Sud algérien des années 2010.
Grand désert, Sahara © Jean-Paul Demargne
En 1998, le Tchad démarre, avec comme partenaire le ministre de la santé du pays. Nous partons alors avec un Antonov, des marchandises et quelques passagers, directement sur Faya-Largeau pour rejoindre l’Ennedi. Dans l’avion, à côté d’un tracteur, une hôtesse sert des rafraîchissements au lait de chèvre et des nonnes prient que l’avion ne s’écrase pas. Grands souvenirs ! Nous démarrons cette année-là nos premiers groupes dans les Iforas au Mali avec notre partenaire historique du Hoggar en Algérie.
Tassili saharien © Robert Putinier
Une des plus belles aventures de Tamera dans le Sahara de ces années-là est au Niger. Tamera devient intime de ce pays merveilleux, tous les ingrédients de l’aventure saharienne sont présents : les paysages somptueux, le nomadisme, le désert du Djado avec ses 53 °C à 7 heures du matin, les caravanes de sel, l’Aïr, non loin du Tibesti... Tamera participe à la création des Amis de Timia, association emblématique de cette région du monde. Et pour finir, en 2001, un groupe de Tamera découvre un site paléontologique de dinosaures qui permettra à Nicolas Hulot, sur une indélicatesse du guide, de partir y faire une émission.
Les peuples et les fêtes au cœur des voyages d’aventure de Tamera
Jérôme Kotry rejoint l’entreprise en 1997 pour s’occuper de l’Asie, avec sa connaissance intime de la Birmanie, de ses peuples, de leurs cultures, de leurs traditions et de leurs fêtes. Tous les ingrédients sont réunis pour une programmation asiatique au cœur des peuples et de leurs fêtes, qu’il sera amené à développer dans les années qui suivent, en Inde, au Bhoutan, en Indonésie et au Vietnam, tous ces pays qui commencent à décoller.
Olivier Lelièvre chez les Hommes-Fleurs, Indonésie © Olivier Lelièvre
Une programmation cousue main qui allait caractériser la touche des voyages d’aventure de Tamera pour les décennies suivantes.
Danse du feu des Baining, Papouasie-Nouvelle-Guinée © Philippe Gigliotti
Nous publierons dans les semaines à venir, le second chapitre de notre histoire : les années 2000, de 2001 à 2012, de l'ouverture au monde aux grandes traversées. À suivre...