Expédition au Tibesti, ascension de l'Emi Koussi et lacs d'Ounianga

Départ d’Europe. En général, nous passons la journée dans l’avion et atterrissons à N’Djaména, la capitale du Tchad, en soirée, parfois tard dans la nuit. Nous sommes accueillis à l’aéroport par l’équipe locale et sommes conduits à notre hôtel.

Nous partons tôt ce matin vers le nord-ouest du pays vers Mao, en pays kanembou, puis récupérons la piste qui monte plein nord vers les dunes du Djourab. Nous sommes en territoire Anakaza et nous croisons de grands troupeaux de chameaux. Puis nous franchissons des dunes, véritables obstacles de sable, pour atteindre les contreforts du Tibesti. Nous sommes face à une masse volcanique imposante, une citadelle rebelle et insoumise. Bivouac au milieu  des dunes du Djourab le jour 3 puis nous passons le rond-point Charles De Gaule et bifurquons vers la dune d’Ourty. Nous atteignons à la fin du jour 4 les tassilis du Borkou, paysage inoubliable comparable à celui du grand Sud Algérien, où nous bivouaquons.

Nous découvrons à pied cette magnifique région du Borkou, avec ses reliefs érodés et ses citadelles de grès, de Laoua jusqu’à Tigui. Nous allons de citadelle en citadelle, séparées par de vastes plaines sableuses. Nous déambulons dans un décor minéral, témoin d’une géologie tourmentée. Nous visitons la superbe grotte de Tigui Cocoina, aux fresques préservées. Nous marchons et les 4x4 assurent notre logistique.

Ce matin, nous retrouvons nos chameliers et leurs dromadaires pour démarrer notre ascension qui nous mènera jusqu’au bord de la caldeira de l’Emi Koussi. S’ensuit une lente montée dans les champs basaltique, nous faisant passer de 930 à 3 280 mètres d’altitude en trois jours. La progression se fait douce au milieu des champs de basalte et d’ignimbrites, issues de la solidification des nuages de cendres lors de la dernière éruption du volcan, il y a un million d’années environ. La monotonie des lieux laisse de la place à la méditation. Ces univers minéraux absolus constituent la majeure partie du Sahara. Nous bivouaquons dans les cours sinueux des wadi qui se creusent le long des pentes volcaniques. Nous sommes de plus en plus impatients d’arriver en haut, de déboucher, de voir enfin ! Et lorsque nous arrivons, le décor change, l’horizon s’élargit. Ici, l’ancienne chambre magmatique du géant s’est effondrée et a formé une immense caldeira d’environ 12 kilomètres de diamètre. Nous sommes à 3 280 m d’altitude. Nous faisons un superbe bivouac sur la lèvre du volcan. Le froid nocturne nous rappelle notre altitude.

Au milieu de ce paysage lunaire, fait de cendres et de reliefs abrupts, parfois de pâturages vert-clair selon la saison, nous descendons dans l’Erra Kohor, ou « trou au natron », second cratère de l'Emi Koussi à 3 000 mètres, où nous bivouaquons.

Nous passons le col de Tataï et réalisons l’ascension du sommet proprement dit. Nous culminons à 3 415 mètres au dessus du Sahara central. Puis nous rejoignons les chameaux et amorçons la descente. Nous montons notre bivouac à 2 400 mètres d’altitude.

Nous descendons les pentes du volcan à travers les coulées basaltiques et les cendres du volcan jusqu’à Kaza Maza où nous bivouaquons. Nous laissons derrière nous le géant endormi, la descente s’effectue comme la montée sur une pente légère qui serpente entre les coulées de laves.

Nous arrivons à la petite oasis de Yi Yerra. À la base du volcan, nous découvrons un défilé, puis des gueltas, une eau cristalline qui jaillit du tréfond de la terre et se retrouve prisonnière de marmites géantes. Nous pouvons tirer de l’eau pour nous baigner, nous délasser de la piste rocailleuse, un plaisir qui a ce goût si particulier de l’effort récompensé, exceptionnel cadeau de la nature. Puis nous gagnons un bivouac confortable dans le sable. 

Ce matin, nous retrouvons nos 4x4 et partons pour Gouro par une piste un peu chaotique. Nous atteignos cette belle oasis où très peu d’occidentaux passent. Nous bivouaquons dans les tassilis environnants.

Aujourd’hui, une piste plus confortable nous entraine à 120 km à l’est de Gouro vers les lacs d’Ounianga. Nous passons à  Ounianga Kébir, pour les formalités administratives. Puis nous dirigeons vers les deux grands lacs salés mais nous irons bivouaquer vers Ounianga Serir et le lac Bokou, ourlé de dunes blondes, un lac d’eau douce où nous pouvons nous baigner. Nous campons au-dessus du lac avec une vue imprenable sur les dunes qui l’entourent et les reliefs qui entourent la palmeraie.

Nous quittons Ounianga Serir ce matin pour rejoindre Faya Largeau que nous atteignons à la mi journée. Nous partons au nord de l’oasis vers les beaux tassilis d’Archana et d’Ouchi Bani. Nous y découvrons de belles peintures rupestres et le relief de grès se mélange aux dunes. Nous établissons notre bivouac au pied des dunes.

Après une belle balade du côté d’Archana et de ses peintures, nous retournons à Faya manger un morceau en ville puis nous trainons sur le marché libyen. Nous quittons la palmeraie en milieu d’après-midi pour nous nicher au pied des dunes du Djourab. Nous profitons des premières heures du lendemain pour traverser ces dunes alors le sable est encore froid. Nous bivouaquons non loin du puits 110, dans un relief de calcaire blanc.

Dans une expédition « mécanique » comme celle-ci, il est d’usage de prendre une journée de sécurité. Si elle n’était pas utilisée avant le jour 16, alors cette journée serait consacrée à une journée supplémentaire, soit à Ounianga, soit à Faya.

Nous prenons notre véhicule ce matin pour atteindre d’étranges inselbergs qui semblent nous observer. Ils sont plantés dans une large cuvette argileuse, fond du Bahr el-Ghazal, une mer intérieure dont le lac Tchad est le survivant. C’est un peu plus à l’ouest vers Korotoro qu’ont été découverts les restes de l’australopithèque Abel puis Toumay. Mais le sable recouvre inexorablement ces fonds argileux et, depuis quelques années, il a amorcé une véritable descente vers le Sahel. 

Nous poursuivons notre descente vers la capitale, vers les savanes sèches et passons par le territoire des Kreda, principale ethnie de la région de Bahr el-Ghazal, qui s’est sédentarisée notamment à Moussoro. Puis nous arrivons à N’Djaména, où nous prenons une douche bien méritée puis nous partons dîner avant le transfert à l’aéroport.